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La transidentité a enfin des recommandations pour sa prise en charge médicale
Accompagnant l’évolution sociétale de la perception de la transidentité, la Haute Autorité de santé (HAS) publie ce 18 juillet les premières recommandations sur la prise en charge médicale de l’adulte transgenre. L’objectif est d’assurer la qualité du parcours de soins et réduire les inégalités territoriales. Première étape nécessaire avant une évolution plus profonde.
« L’accès aux soins pour les personnes trans n’est pas un confort mais un enjeu majeur pour leur vie » affirme Claire Compagnon membre du Collège et présidente de la commission recommandations, parcours, pertinence et indicateurs (CRPPI) de la HAS, au cours de la conférence de presse qui a eu lieu ce 18 juillet pour la sortie des recommandations sur la prise en charge médicale des personnes transgenres. Rappelant également que la transidentité n’est pas une maladie et encore moins une maladie psychiatrique.
Des personnes trans en errance et en souffrance
Ces premières recommandations françaises répondent à un besoin prégnant de prise en charge médicale de la population transgenre.
En effet, il est constaté une très grande hétérogénéité des soins proposés aux personnes présentant une incongruence de genre, source d’inégalité et de discrimination. Les refus ou délais importants de prise en charge exposent à un risque de renoncement aux traitements, à une très grande pratique d’automédication (mésusage ou partage des traitements hormonaux, importation de traitements, utilisation de produits de fabrication non pharmaceutique) accompagnés une vulnérabilité et un surrisque de développer des troubles anxieux et de dépression.
« Les professionnels, et en particulier ceux de santé, manquent d’outils et de repère pour accueillir et prendre en charge ces personnes » expose Claire Compagnon.
« Écouter, respecter et éclairer la décision »
Depuis 2010, les soins de transition sont pris en charge par l’Assurance maladie au titre de l’ALD 31 (hors liste). Le nombre de personnes suivies en ALD pour « troubles d’identité sexuelle » s’élève à un peu plus de 22 000 en 2023, et ce chiffre tend à augmenter ces dernières années, précise la HAS.
Pour améliorer la prise en charge de ces personnes, l’autorité sanitaire a produit 152 recommandations, concernant entre autres :
– la conduite à tenir devant une demande de transition : « Il faut écouter, respecter et éclairer la décision et cela débute dès l’accueil de la personne sans stigmatisation avec un environnement bienveillant » souligne Claire Compagnon ;
– la prise en charge globale et pluriprofessionnelle. Si le médecin généraliste coordonne les soins et oriente, la prise en charge fait appel à de nombreux professionnels : endocrinologue, gynécologue, urologue, orthophoniste, dermatologue, chirurgien plasticien, travailleurs sociaux, etc. ;
– la préservation des gamètes, les modalités et la possibilité d’y recourir ;
– le soutien psychologique. Si un avis psychiatrique n’est pas systématiquement recommandé, selon les besoins de la personne tout au long de son parcours, une évaluation psychologique peut être proposée, sans retarder le délai de prise en charge.
Une information claire sur les traitements hormonaux
Les recommandations de la HAS précisent également les conditions et modalités de prescription des hormones d’affirmation de genre. Elles insistent sur la nécessité de délivrer une information claire, loyale et adaptée sur ces traitements, les risques éventuels et la surveillance qu’elles imposent.
Une fiche destinée aux médecins généralistes synthétise les principales informations sur la prescription des hormones féminisantes et masculinisantes et le suivi de ces traitements. Informations également importantes pour l’équipe officinale qui est amenée à délivrer ces produits en dehors du cadre de l’autorisation de mise sur le marché (AMM).
Le groupe de travail de la HAS a d’ailleurs souhaité attirer l’attention des pouvoirs publics et de l’Assurance maladie sur la nécessaire adaptation de la réglementation de la prescription, de la dispensation, et de la prise en charge des médicaments impliqués dans la transition de genre.
Une première étape chez l’adulte avant de s’intéresser aux mineurs
Saisie en 2021 par Olivier Véran, alors ministre chargé de la santé, la HAS devait se prononcer sur la prise en charge de la transidentité chez les majeurs et mineurs.
Le Collège de la HAS avait validé une note de cadrage pour les 16 ans et plus, prévoyant de réfléchir ensuite sur le plus jeunes. Mais la Haute Autorité a finalement choisi de produire des premières recommandations chez l’adulte « qui bénéficient de plus de consensus dans les pratiques alors qu’il manque encore des données chez les mineures » précise la présidente de la CRPPI. Pour autant, le travail chez les plus jeunes sera lancé début 2026.
Et ensuite ?
« Ces recommandations sont actuellement soumises à endossement du groupe du travail. Il peut encore y avoir quelques modifications rédactionnelles » explique Lionel Collet. Bien que la rédaction de ce document ait été réalisée dans un climat de fortes tensions extérieures (intimidations et menaces faites sur les membres du groupe de travail), le président de l’autorité se veut confiant sur l’approbation des recommandations attendue à la rentrée.
La HAS laisse désormais le soin aux pouvoirs publics de travailler sur la structuration d’une offre de soins et d’une organisation territoriale spécifiques pour répondre aux besoins d’accompagnement et de prise en charge médicale et chirurgicale, sur le renforcement de la formation initiale et continue des professionnels ainsi que le développement de la recherche sur la prise en charge médicale des personnes trans.
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