L’usage détourné du protoxyde d’azote

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Publié le 16 janvier 2021
Par Stéphanie Satger
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Connu sous le nom de gaz hilarant, le protoxyde d’azote, communément appelé « proto », est détourné chez les jeunes de son usage médical et domestique à des fins récréatives.

Qu’est-ce que c’est ?

• C’est un gaz utilisé dans le milieu médical (inscrit à la liste 1 des substances vénéneuses) pour ses propriétés anesthésiques et analgésiques.

• En usage domestique, il sert comme gaz de pressurisation d’aérosol alimentaire, notamment dans les cartouches pour siphon à chantilly, ce qui le rend plus facilement accessible.

• Son usage détourné, connu depuis la fin des années 1990 lors d’événements festifs (rave, free-party, etc.), consiste à inhaler le gaz par le biais d’un ballon, après avoir « cracké » la cartouche pour l’ouvrir. Dès 2010, la consommation a été plus marquée dans les événements festifs (festivals de musique, soirées étudiantes, etc.). Depuis 2017, il est retrouvé dans l’espace public urbain à proximité de lieux fréquentés par un public plus jeune (lycéens).

Quels sont les effets recherchés ?

• Euphorie, rire incontrôlable, distorsion visuelle et auditive, état de flottement, désinhibition et modification de la voix.

• Le gaz libéré a une odeur et une saveur sucrées. Lorsqu’il est inhalé, ses effets euphorisants apparaissent immédiatement et disparaissent rapidement en 2 à 3 minutes. Leur intensité varie en fonction des individus et du contexte de consommation (seul ou en groupe, associé à l’alcool ou à d’autres excitants).

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Quels sont les effets indésirables possibles ?

• Lors de sa libération, le gaz devient extrêmement froid et peut provoquer des brûlures du nez, des lèvres et des cordes vocales. La prise peut entraîner un manque d’oxygène (risque d’asphyxie), une perte de connaissance (risque de chute) ou une perte des réflexes de la toux et de la déglutition (risque de fausse route, notamment en cas de vomissements), potentiellement mortels.

• A des doses modérées, on retrouve des troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhées, crampes abdominales), des céphalées, une somnolence, des vertiges et des acouphènes. Ces effets perdurent une quinzaine de minutes et peuvent parfois durer quelques heures.

• A fortes doses, des troubles psychiatriques (confusion, désorientation, dépression, hallucination, etc.) et respiratoires (pneumothorax ou emphysème sous-cutané en cas d’aspiration directe par le siphon à chantilly) sont possibles.

• A long terme, le protoxyde d’azote peut induire une carence en vitamine B12, une anémie et des atteintes neurologiques irréversibles (inflammation de la moelle épinière, paralysie des membres inférieurs).

• Les données de vigilance confirment la tendance à l’augmentation des cas d’intoxication chez un public jeune avec plus d’une quarantaine de cas sévères rapportés en 2019.

Où en est la législation ?

Un projet de loi, visant à interdire la vente de cartouches à chantilly aux mineurs (y compris sur Internet), a été adopté au Sénat en décembre 2019. L’Assemblée nationale doit en poursuivre l’examen.

Sources : Y. Auffret. « Utilisation festive du protoxyde d’azote : des risques majeurs ! », La Revue du praticien, mai 2019 ; dossier « Usages dangereux du protoxyde d’azote », senat.fr (espace presse) ; anses.fr ; ofdt.fr ; drogues.gouv.fr ; solidarites-sante.gouv.fr.

VOS CONSEILS PRÉVENTIFS

– Sans dramatiser, sensibiliser sur les risques liés à sa consommation.

– Si besoin, orienter vers drogues-info-service.fr (0800 23 13 13).

– Utiliser des supports de communication et de prévention disponibles sur drogues.gouv.fr.