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Les usages détournés de la kétamine
A la fois stupéfiant réservé à l’usage hospitalier et drogue utilisée dans un cadre récréatif, la kétamine fait l’objet d’une surveillance accrue en raison de son usage croissant en France et de l’augmentation d’intoxications graves.
Qu’est-ce-que la kétamine ?
Le chlorhydrate de kétamine est un anesthésique général non barbiturique, d’action rapide, administrable par voie intraveineuse ou intramusculaire. Antagoniste non sélectif et non compétitif des récepteurs de la N-méthyl-D-aspartate (NMDA), il est à l’origine d’une anesthésie particulière, dite dissociative, et d’une analgésie profonde et prolongée. Depuis le 24 avril 2017, la kétamine est inscrite sur la liste des substances classées comme stupéfiants.
Quelles sont ses indications ?
La kétamine bénéficie d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) en médecine humaine en tant qu’anesthésique. Elle peut aussi être utilisée, hors AMM mais selon des protocoles encadrés par des recommandations, dans le traitement des douleurs postopératoires et des douleurs rebelles en situation palliative avancée chez l’adulte en association avec un opioïde.
La kétamine est aussi utilisée en médecine vétérinaire.
Pourquoi fait-elle l’objet d’un usage détourné ?
En France, l’usage détourné de la kétamine est devenu visible à la fin des années 1990. Appelée « kéta », « ké », « spécial K » ou encore « drogue à poney », la kétamine est utilisée à des fins récréatives pour les effets stimulants et euphorisants qu’elle provoque à faible dose. Dans une moindre mesure, elle est prise à des doses plus élevées pour ses effets dissociatifs (visions déformées des personnes et des objets, sentiment que le temps s’arrête, perte de la sensation physique de son corps).
Cette substance est également consommée lorsque l’on s’adonne au « chemsex », une pratique consistant à prendre un cocktail de produits psychotropes pour intensifier l’acte sexuel.
Quels sont les risques d’une utilisation prolongée ?
En août 2023, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a renouvelé ses recommandations quant aux règles de bon usage de la kétamine en précisant les dangers auxquels les utilisateurs pouvaient être confrontés en cas d’utilisation prolongée et/ou répétée, qu’il s’agisse d’un usage médical ou non. Ainsi, en plus du risque de dépendance et d’accoutumance, la kétamine peut être responsable d’atteintes, souvent graves, du foie et des voies biliaires (hépatite, cholestase ou cholangite) ou des voies urinaires (cystite interstitielle non infectieuse) avec un retentissement possible sur le rein (insuffisance rénale aiguë, hydronéphrose, etc.).
Kétamine et dépression
Outre ses propriétés anesthésiques, la kétamine a fait l’objet de nombreuses études pour ses effets sur la dépression. Ainsi, la spécialité Spravato à base d’eskétamine, énantiomère S de la kétamine racémique, a obtenu en 2020 une AMM pour le traitement, en association à un inhibiteur de la recapture de la sérotonine, des épisodes dépressifs caractérisés résistants n’ayant pas répondu à au moins deux antidépresseurs différents. De par son mode d’action innovant (indépendant des neurotransmetteurs monoaminergiques) et ses effets indésirables potentiels, l’eskétamine fait depuis l’objet d’une surveillance supplémentaire. A ce jour, Spravato est réservé à l’usage hospitalier et sa prescription est restreinte aux spécialistes en psychiatrie.
- Sources : ANSM ; Observatoire français des drogues et des tendances addictives ; Société française d’anesthésie et de réanimation ; Drogues info service ; base de données publique des médicaments ; Haute Autorité de santé.
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