Analyse d’ordonnance : début de traitement par Wegovy

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Analyse d’ordonnance : début de traitement par Wegovy

Publié le 6 juillet 2025
Par Nathalie Belin
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Michel S. se présente à l’officine avec une ordonnance pour commencer un traitement par Wegovy. Ce patient de 65 ans, hypertendu, souffre d’un surpoids que son médecin généraliste souhaite traiter avec cet agoniste du GLP-1. Analyse de l’ordonnance et conseils pour accompagner ce nouveau traitement.

Traité pour une hypertension depuis deux ans, Michel S., 65 ans, souffre également d’un surpoids qui tend à s’aggraver. Le médecin généraliste a instauré un traitement par Wegovy (agoniste du GLP-1).

Prescription

Dr N., médecin généraliste spécialisé en nutrition

Michel S.,
né le 15 octobre 1959
1,75 m, 87 kg
IMC = 28,4 kg/m²

Le 2 juin 2025

Sémaglutide (Wegovy) sol. inj. en stylo prérempli : 0,25 mg une fois par semaine pendant 4 semaines, puis 0,5 mg par semaine pendant 4 semaines, puis 1 mg pendant 4 semaines en injection sous-cutanée.

RDV dans 3 mois

Cholécalciférol 80 000 UI/2 ml (Zyma D) solution buvable : 1 ampoule par mois durant 6 mois.

Alcool à 70 ° + coton : pour désinfection de la peau.

Ce que je dois savoir

Législation

Depuis peu, tous les médecins peuvent initier un traitement par analogues du GLP-1 (glucose-like peptide-1) dans le traitement de l’obésité (Wegovy, Saxenda, Mounjaro), alors que cette prescription était auparavant réservée aux spécialistes en endocrinologie-diabétologie-nutrition et aux généralistes compétents en nutrition – comme le Dr N. Cette évolution facilite l’accès aux soins, notamment dans les déserts médicaux.

Ces médicaments restent toutefois une option de seconde intention, après échec des mesures hygiénodiététiques. Ils ne sont pas remboursés pour cette indication et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) rappelle qu’ils ne doivent pas être utilisés à des fins esthétiques.

Contexte

Rappels. Chronique et complexe, l’obésité est multifactorielle, liée à des facteurs environnementaux (alimentation déséquilibrée et hypercalorique, troubles du comportement alimentaire, etc.), génétiques, psychosociaux, parfois à des médicaments, des troubles endocriniens, etc. Après une phase de constitution caractérisée par un déséquilibre entre les dépenses et les apports énergétiques de l’organisme, il est habituellement constaté une phase d’aggravation de la prise de poids, avec parfois des fluctuations (effet « yo-yo ») au cours de laquelle le fonctionnement du tissu adipeux s’altère conduisant à une fibrose et à une inflammation systémique de bas grade qui concourent à l’entretien de l’obésité et au développement de complications cardiométaboliques (diabète de type 2, hypertension artérielle, insuffisance cardiaque, etc.). Outre ces complications, l’obésité expose aussi à des pathologies respiratoires (asthme, apnées obstructives du sommeil, etc.), hépatiques, digestives, ostéoarticulaires, psychologiques, etc.

Définition et diagnostic. Le surpoids est caractérisé par un indice de masse corporelle (IMC) compris entre 25 et 29 kg/m2 – cas de Michel S. Chez l’adulte, l’obésité se définit par un IMC supérieur ou égal à 30 kg/m2. Le tour de taille, corrélé à l’excès de graisse abdominale, est en pratique également pris en compte car il favorise les complications cardiométaboliques. Outre ces deux éléments, la prise en charge tient compte des pathologies associées, du retentissement fonctionnel, psychologique ou encore du retentissement sur la qualité de vie1.

À noter. Le surpoids et l’obésité peuvent être associés à des déficits micronutritionnels, telles que les vitamines du groupe B, liés à une alimentation déséquilibrée et également à un déficit en vitamine D, celle-ci serait davantage stockée au niveau adipeux et donc moins disponible au niveau sanguin2.

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Quelle prise en charge ?

Elle est adaptée à chaque patient pour conduire au poids souhaitable en accord avec ce dernier, son âge, ses comorbidités1, etc.

Un traitement médicamenteux par agoniste du GLP-1 n’est envisagé qu’après échec de la prise en charge nutritionnelle et parallèlement au maintien d’une activité physique adaptée aux capacités du patient. Il est indiqué, d’une part, chez des patients obèses et, d’autre part, chez des patients en surpoids ayant au moins un facteur de comorbidité (dysglycémie, hypertension artérielle, dyslipidémie, syndrome d’apnées obstructives du sommeil, etc.).

Médicaments

Wegovy. Le sémaglutide est un agoniste des récepteurs du GLP-1 (glucose-like peptide-1), une hormone intestinale (faisant partie des incrétines) impliquée dans la régulation de l’appétit et de la glycémie. La stimulation des récepteurs du GLP-1 diminue les prises alimentaires et ralentit la vidange gastrique par une action centrale ; elle augmente la sécrétion d’insuline de façon glucose-dépendante et réduit celle du glucagon en agissant au niveau du pancréas. Le sémaglutide a également un effet bénéfique sur les lipides plasmatiques, il diminue la tension artérielle systolique et réduit l’inflammation.

Info +

L’augmentation progressive de posologie de Wegovy sera poursuivie encore 4 semaines (1,7 mg/semaine de la semaine 13 à 16, avant d’atteindre la dose d’entretien la 17e semaine soit 2,4 mg/semaine).

Cholécalciférol. La vitamine D3 est synthétisée par l’organisme au niveau cutané sous l’effet des ultraviolets (UV). Un apport permet de corriger ou de prévenir un déficit de cette vitamine liposoluble qui stimule l’absorption intestinale du calcium et son incorporation dans le tissu osseux.

Repérer les difficultés

S’agissant d’une instauration de traitement, il convient de vérifier que Michel S. a bien reçu les informations nécessaires à l’administration du traitement et à la gestion des effets indésirables les plus fréquents.

Ce que je dis au patient

J’ouvre le dialogue

« Je vois que vous démarrez ce nouveau traitement. Que vous a dit le médecin exactement et quand devez-vous le revoir ? », pour faire le point sur les informations données et le suivi.

« A-t-il expliqué comment effectuer les injections ? » et « Vous a-t-il parlé de certains effets indésirables, notamment gastro-intestinaux ? », permettent de revenir sur les recommandations données et, le cas échéant, d’apporter des précisions.

J’explique le traitement

Mécanisme d’action

Wegovy. Ce médicament mime les actions d’une hormone sécrétée au niveau intestinal : il a des effets rassasiants, réduit les prises alimentaires et a des effets bénéfiques sur la glycémie et les lipides sanguins notamment.

Cholécalciférol. Identique à la vitamine D synthétisée par l’organisme, ce médicament pallie ou prévient un déficit en cette vitamine, essentielle à la minéralisation osseuse et à de nombreuses autres fonctions de l’organisme (défense immunitaire, masse musculaire, etc.).

Effets indésirables

Wegovy. Les plus fréquents sont des troubles gastro-intestinaux (nausées, diarrhées, constipation, vomissements), une fatigue et des maux de tête apparaissant durant la période d’augmentation des doses. Moins fréquemment, des vertiges, voire une hypotension orthostatique sont signalés. Le risque d’hypoglycémie concerne les patients diabétiques traités par sulfamide hypoglycémiant ou insuline dont il peut être nécessaire de réduire les doses. Le patient doit connaître et alerter son médecin devant des signes faisant évoquer une pancréatite aiguë (effets indésirables peu fréquents) : douleurs abdominales intenses, nausées, vomissements, fièvre.

Cholécalciférol. De fréquence indéterminée, il s’agit de réactions cutanées, voire d’angiœdèmes.

Utilisation

Wegovy. Chaque stylo, fourni avec 4 aiguilles jetables, est à usage multiple et délivre 4 doses de traitement à raison d’une dose par semaine. Il se conserve au réfrigérateur puis, après une première utilisation, 6 semaines au réfrigérateur ou à une température inférieure à 30 °C. Les injections se font dans le ventre, la cuisse ou le haut du bras (par une tierce personne) en maintenant le stylo perpendiculairement à la peau et après désinfection de celle-ci avec un tampon alcoolisé.

Cholécalciférol. À prendre pur ou mélangé à un aliment liquide ou semi-liquide.

J’accompagne

La prescription de Wegovy

L’augmentation progressive des doses limite les troubles gastro-intestinaux, néanmoins certains peuvent survenir. En cas de nausées, de diarrhées, voire de vomissements passagers, boire régulièrement pour éviter tout risque de déshydratation, voire d’altération de la fonction rénale. En cas de vertiges ou d’hypotension orthostatique, s’asseoir ou s’allonger jusqu’à ce que le malaise disparaisse. Il n’y a pas de risque d’hypoglycémie chez des patients non diabétiques.

L’hygiène de vie

Une alimentation équilibrée de type méditerranéenne (riche en fruits, légumes, légumineuses, céréales complètes, huile d’olive et poissons gras) peut être conseillée du fait de ses bénéfices cardiovasculaires1. Prendre son temps et manger en « pleine conscience » (c’est-à-dire porter toute son attention à son repas) contribuent à mieux ressentir la satiété.

L’activité physique aide au contrôle du poids au long cours : elle inclut, outre des exercices physiques adaptés aux capacités du patient, les activités quotidiennes (type tâches ménagères, jardinage, marche, etc.) qui permettent de rompre les temps de sédentarité1.

Vente associée

La fatigue liée à la restriction des apports énergétiques est fréquente : recommander une cure de magnésium (Magné B6, Uvimag B6, etc.) ou du magnésium associé à des vitamines du groupe B (D-Stress, Ergymag, Formag, etc.).

1. « Guide du parcours de soins : surpoids et obésité de l’adulte », Haute Autorité de santé (HAS), mis à jour en février 2024.
2. « Avis relatif à la couverture des besoins de la population générale en vitamine D et en fer », Haut Conseil de la santé publique (HCSP), juin 2022.

Le patient me demande

« Faut-il faire les injections au moment des repas ? »

L’injection peut être réalisée indifféremment par rapport aux repas et quel que soit le moment de la journée. Il convient de fixer un jour de la semaine et de s’y tenir. Si une dose est oubliée, elle peut être rattrapée dans les 5 jours suivant l’oubli. Au-delà, il ne faut pas la rattraper mais continuer les injections au jour prévu. Le jour de l’administration hebdomadaire peut toutefois être changé à condition que le délai entre deux doses soit d’au moins 3 jours.