Vaccination antiméningococcique : morales au beau fixe

Un « Dossier d’actualité » diffusé par la DGS nous apprend qu’avec 15 cas d’infection invasive à méningocoque C recensés tant en Pyrénées-Atlantiques qu’en Hautes-Pyrénées, l’Administration arrivait à des taux d’incidence de 2,5 et 3,1 pour 100 000 habitants respectivement, à ceci près que la population du 2e département est 3 fois moindre que celle du 1er. Morale n° 1 : en France, on peut faire de la santé publique sans connaître la règle de 3.

Nonobstant qu’« aucun essai prospectif d’efficacité » n’ait été réalisé, la Commission de Transparence a validé une savante modélisation qui aboutit à une estimation du bénéfice variant du simple au sextuple, mais qui justifie néanmoins que le service médical rendu soit jugé comme immuablement « important » (avec le prix qui en découle.) Morale n° 2 : en France, on peut faire de la santé publique (et de l’économie de santé) sans être un obsessionnel de la précision.

Les chiffres qui traînent un peu partout permettent de reconstituer que sous l’hypothèse d’une efficacité raisonnable (qui reste à prouver), il faudrait une incidence d’effet indésirable grave inférieure à 1/100 000 pour que le bénéfice de cette vaccination soit supérieur au risque : mais voici encore peu, dans un contexte similaire, on nous expliquait que des complications même 100 fois plus fréquentes étaient « à la limite » des méthodes usuelles de la détection épidémiologique. Morale n° 3 : en France, on peut faire de la santé publique et se moquer du monde…