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La guerre contre la grippe A(H1N1) sera totale
La chaîne du médicament affine son dispositif de lutte contre la grippe A(H1N1). Un décret sur les préparations magistrales a été signé et permettra le déconditionnement du Tamiflu. Un doublement voire un triplement des gardes et la sécurisation du personnel par les services de l’Etat sont également envisagés. Cela suffira-t-il ?
D’ici trois semaines, le millier de centres de vaccination germant un peu partout sur le territoire français pourrait ouvrir ses portes et commencer à fonctionner. Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux, qui est aussi le président de la cellule interministérielle de crise sur la grippe A(H1N1), a assuré « que le premier million de doses devrait être livré autour du 15 octobre, même si les laboratoires nous ont fait danser depuis juin avec un coup j’y arrive, un coup je n’y arriverai pas ». Pendant ce temps, les syndicats professionnels, l’Ordre national des pharmaciens, les grossistes-répartiteurs et les autorités de santé, main dans la main avec Les Entreprises du médicament (Leem), peaufinent la prise en charge des patients en ville. Poursuivant un même objectif : assurer la continuité de l’approvisionnement en médicaments de la population. Le dispositif a été présenté collectivement ce mercredi 7 octobre.
Le Tamiflu pourra être déconditionné en ville
La présidente de l’Ordre, Isabelle Adenot, a annoncé que le ministère de la Santé avait signé un décret qui permettra aux officinaux de reconstituer eux-mêmes la forme pédiatrique du Tamiflu, entre autres médicaments. Ce décret, qui doit paraître « dans les prochaines semaines », précise le ministère de la Santé, autorisera en ville et « à titre exceptionnel, pour répondre à un besoin spécifique dès que la situation le justifie », la réalisation de « préparations magistrales à partir d’une spécialité pharmaceutique, dans le respect des conditions prévues par les bonnes pratiques de préparation ». Autrement dit : le déconditionnement du Tamiflu serait légalisé durant la période de pandémie grippale, situation exceptionnelle s’il en est. Le ministère ne peut en revanche indiquer si les patients adultes pourront aussi bénéficier de ce déconditionnement « exceptionnel ».
L’Etat a prévu de sécuriser le personnel en cas d’affluence
« Il faut que les pharmacies puissent rester ouvertes et avec toutes leurs équipes », a déclaré Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Pour ce faire, Claude Japhet suggère d’analyser qui peut avoir à affronter des fermetures d’écoles ou de crèches, des problèmes de transport, etc., afin « qu’il puisse y avoir une équipe la plus complète possible ». Aux yeux du président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), il ne fait pas de doute qu’il y aura de toute façon « suractivité et, donc, réadaptation complète du temps de travail et du temps d’ouverture ». Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), renchérit : « L’organisation doit être à la fois interne à l’officine, interofficines et concerner le système de gardes. » A ce titre, les trois syndicats professionnels ont prévenu que, « si nécessaire », la permanence des soins sera renforcée : dimanches, nuits, jours fériés, le service de garde pourra être doublé voire triplé. « Cela a été vu avec la préfecture et l’Assurance maladie », a précisé Gilles Bonnefond. « Les structures départementales préparent un système d’astreintes », a ajouté Philippe Gaertner.
Il n’est pas pour autant question que les pharmaciens soient davantage prioritaires à la vaccination. Un point qui fait bondir Claude Japhet : « Les pharmaciens sont en 8e position sur la liste des personnes prioritaires à la vaccination, c’est un peu dommage. On s’est émus de ce positionnement actuellement inacceptable, mais on prend acte et on fera la queue, comme tout le monde ! Mais ne vous étonnez pas si des problèmes surviennent… » Pour pallier un autre type de problèmes, Gilles Bonnefond a indiqué que « les services de l’Etat ont prévu d’encadrer l’accueil des patients dans les officines et de sécuriser le personnel en cas de forte affluence » !
Ne pas perdre de vue les « autres maladies »
En attendant, plus de 45 millions de masques chirurgicaux ont été distribués aux officines depuis le 23 juillet, selon les derniers chiffres rapportés cette semaine par la Chambre syndicale de la répartition.
Du côté de la grippe saisonnière, la campagne de vaccination semble démarrer très fort. Si personne n’est encore en mesure de fournir des chiffres, Gilles Bonnefond s’est félicité de ce « réflexe vaccinal » qui permettra à la campagne de vaccination contre la grippe A(H1N1) de mieux se dérouler. Et ce, quoi qu’en dit le mouvement anti-grippe A qui s’est constitué ces dernières semaines. Mouvement qui ne semble pas inquiéter outre mesure la chaîne du médicament. « Cela n’est pas une surprise » pour le Leem, qui rappelle que ce type d’opposition à la vaccination est devenu systématique. « Il faut savoir raison garder », estime pour sa part Isabelle Adenot, qui rappelle à son tour que, « par définition, un médicament a forcément des effets indésirables et peut avoir des contre-indications ». Soit, mais les professionnels de santé eux-mêmes ne semblent pas pour autant convaincus du bien-fondé de la vaccination…
Par ailleurs, Catherine Lemorton, pharmacienne et députée PS de Haute-Garonne, a évoqué lors d’une audition de Brice Hortefeux, le 6 octobre à l’Assemblée nationale, la trop faible mobilisation des professionnels de santé : « En Haute-Garonne, département qui comprend un million d’habitants, à ce jour, seuls 18 médecins en activité sont volontaires pour effectuer des vacations dans les centres de vaccination et 13 médecins retraités. » D’autant que le ministre de l’Intérieur a l’intention de « faire des efforts sur les plages horaires du soir et du week-end des centres de vaccination pour que les patients puissent y accéder facilement. 196 équipes mobiles ont par ailleurs été prévues pour aider celles et ceux qui ne peuvent se déplacer, dont les détenus ».
Se préparer à la grippe A(H1N1), c’est bien. Ne pas en oublier d’assurer la continuité des traitements des autres maladies, c’est mieux. Le Leem a rappelé l’existence d’une liste des médicaments « indispensables »* établie l’an dernier par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, médicaments dont l’approvisionnement doit être maintenu en cas de pandémie. Et les fabricants s’y engagent.
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