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Les nouvelles missions passent à la vitesse supérieure
L’Assurance maladie et les syndicats persistent et signent. Les entretiens pharmaceutiques ont été renforcés par l’avenant 11 à la convention pharmaceutique. Ils pourraient enfin devenir un levier de croissance. Solutions pour se préparer dès maintenant à la relance de cette nouvelle mission.
Initiée en 2012, la réforme de la rémunération des pharmaciens se poursuit avec l’avenant 11 à la convention pharmaceutique, conclu le 20 juillet 2017 pour 5 ans. Outre les honoraires à l’ordonnance, le pharmacien touchera aussi une « prime » pour accompagner les patients âgés et chroniques. Cette mission, introduite en 2013 pour les patients sous traitements anticoagulants oraux et en 2016 pour les asthmatiques, n’a pas vraiment décollé car mal adaptée, mal connue des patients et des médecins et rémunérée trop tardivement par l’Assurance maladie. Pour corriger le tir, l’avenant prévoit un entretien de bilan plus allégé la première année. Idem pour les deux entretiens à effectuer les années suivantes. Le pharmacien pourra choisir deux thématiques adaptées aux patients (voir Repères p. 15). « Il n’est pas obligé de prendre deux thématiques différentes la deuxième année », affirme Brigitte Bouzige, vice-présidente de l’USPO et titulaire aux Salles-du-Gardon (Gard). Côté rémunération, les entretiens pour les anticoagulants oraux et asthme seront revalorisés à hauteur de 50 euros (contre 40 euros auparavant) la première année, et 30 euros les années suivantes. Mais la grande nouveauté de cet avenant est sans doute le bilan de médication. Il s’adresse aux personnes âgées de 65 ans et plus en ALD et aux personnes âgées de 75 ans polymédiquées (à partir de cinq molécules). Il s’agit notamment pour le pharmacien de relever, lors d’un entretien, les effets indésirables et les éventuelles interactions des traitements. Si les modalités pratiques de cette mission restent encore à définir dans un nouvel avenant prévu avant la fin de l’année 2017, l’Assurance maladie prévoit de rémunérer le pharmacien 60 euros pour l’entretien initial, puis 30 euros en cas de mise en place d’un nouveau traitement et 20 euros seulement en l’absence de nouveau traitement. Une enveloppe d’un peu plus de 21 millions d’euros – dont 18 millions pour le bilan de médication – a été provisionnée en 2018 pour rémunérer les pharmaciens qui joueront le jeu.
Une stratégie globale
Pour Brigitte Bouzige, c’est une évidence. « Le pharmacien n’a plus le choix. S’il ne se tourne pas vers l’accompagnement des patients qui est le cœur de son métier, il lui sera difficile de maintenir son activité », prédit-elle. « En réalisant 10 bilans de médication par mois sur 11 mois, le pharmacien reçoit une ROSP de 6 000 euros par an. Ce n’est pas négligeable dans un contexte économique de baisses continuelles des prix des médicaments », affirme-t-elle. Mais l’arrivée de ces nouvelles missions ne s’improvise pas pour développer le chiffre d’affaires. Même si les titulaires sont libres de proposer les entretiens comme ils le souhaitent, ils devront repenser l’organisation de leur officine. Et les pistes de changement peuvent être variables selon la taille de l’officine, de l’équipe ou encore l’implantation géographique. Néanmoins, quelques principes de base sont à reconsidérer avant de se lancer.
Dégager du temps
La première démarche consiste à identifier finement les profils de ses patients. « Ce travail permettra de bien les cibler pour ensuite proposer des services adaptés à leurs besoins », explique Sophie Gillardeau, pharmacienne et consultante en stratégie organisationnelle. « Si la pharmacie a par exemple une surreprésentation de patients diabétiques, le titulaire pourra modifier en partie son agencement pour faire savoir que sa pharmacie offre désormais des services adaptés à ces patients », ajoute-elle. « Cela consiste par exemple à rassembler dans un corner toute la gamme de produits en lien avec la thématique comme les lecteurs de glycémies, les compléments diététiques ou encore les livres de recette. Les patients y sont sensibles car le pharmacien montre qu’il est leur interlocuteur privilégié. » Parallèlement, le pharmacien pourra repenser l’organisation de son équipe pour se dégager du temps. La coordination de l’équipe se résume en trois questions : qui fait quoi ? Quand et comment ? Une fiche de poste et un planning hebdomadaire peuvent être définis en collaboration avec l’équipe. Si cette organisation s’avère compliquée pour les équipes de 3 personnes (un titulaire, un adjoint et un préparateur) qui représentent 60 % des officines, le titulaire pourra par exemple externaliser une activité qui lui tient pourtant à cœur : la fonction achats, en la confiant à un groupement par exemple. « Le pharmacien doit avoir en tête que ce qui est le plus important est d’aller chercher les nouveaux honoraires et non plus de vendre Nurofen à 1 euro », assène Sophie Gillardeau. Concernant l’intégration des entretiens pharmaceutiques dans le quotidien, le pharmacien doit les anticiper en préparant en amont les dossiers et ne pas hésiter à fixer des rendez-vous aux patients, en tenant compte notamment du taux de fréquentation de l’officine. « Le soir, on devra repartir avec les dossiers pour préparer les rendez-vous », reconnaît Brigitte Bouzige. Puisqu’aucune durée d’entretien n’est légalement mentionnée, « il ne faut pas hésiter à scinder les entretiens. A la campagne, le patient peut attendre ou revenir sans râler. Mais une durée maximale de quinze minutes pour un entretien est raisonnable », estime Albin Dumas, président de l’Association de pharmacie rurale (APR) et titulaire de la pharmacie de Lalevade d’Ardèche (Ardèche). Par ailleurs, pour éviter de dériver dans l’entretien, mieux vaut fixer un point de départ de discussion puis un cadre avant chaque rendez-vous. « Pour un patient sous AVK, le pharmacien peut demander comment il s’est organisé pour prendre son Préviscan. Cet objectif précis de l’entretien permet d’éviter toute digression », conseille Sophie Gillardeau. Quoiqu’il en soit, « le pharmacien ne doit plus rester dans le schéma traditionnel. Pour aller vite et bien, il est nécessaire de se former et remettre ses connaissances à jour », conclut Brigitte Bouzige.
L’avenant conventionnel incite à la coordination avec les prescripteurs dans le cadre de l’accord interprofessionnel qui sera négocié à la rentrée. Selon Brigitte Bouzige, vice-présidente de l’USPO, une lettre type de transmission des résultats des entretiens en cours d’élaboration sera mise à la disposition des pharmaciens. Brigitte Bouzige appelle les pharmaciens à s’informatiser et à utiliser les messageries sécurisées de santé pour échanger avec les prescripteurs en attendant l’arrivée du DMP (dossier médical partagé), promise pour 2018.
• L’avenant conventionnel 11 simplifie et revalorise les entretiens pharmaceutiques existants (AVK, AOD et asthme).
• Une nouvelle mission a été confiée aux pharmaciens : le bilan de médication pour les personnes âgées de 65 ans et plus en ALD et aux personnes âgées de 75 ans polymédiquées.
• Pour préparer l’arrivée de ces nouvelles missions, le pharmacien devra réfléchir à une stratégie globale autour de son exercice.
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REPÈRES
Par Alexandra Blanc – Infographie : Franck L’Hermitte
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