L’entretien pharmaceutique commence à faire ses preuves

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Publié le 21 février 2009
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On s’en doutait. Une étude initiée par le conseil central A de l’ordre des pharmaciens le prouve. Mener un entretien pharmaceutique de 30 minutes avec un patient asthmatique permet d’améliorer son état pendant au moins un an.

Que faites-vous en cas de crise ? », « Souffrez-vous d’asthme d’effort ? », « Connaissez-vous l’objectif de votre traitement ? », « Qu’attendez-vous de votre traitement ? »… Voici des exemples du questionnaire que 80 officinaux du Nord-Pas-de-Calais, de Champagne-Ardenne et de Basse-Normandie ont soumis à 270 patients de 18 à 45 ans dans le cadre d’une expérience d’entretien pharmaceutique menée sur l’asthme de décembre 2006 à septembre 2008. Objectif : savoir si l’asthme du patient était bien contrôlé et quels étaient ses connaissances et son vécu de la maladie.

Lors de l’entretien (sur rendez-vous), les délivrances d’antiasthmatiques étaient répertoriées sur un an. Puis le maniement des dispositifs inhalateurs était réexpliqué et une mesure de débit expiratoire de pointe pratiquée. A l’issue de l’entretien, le patient recevait un bilan des points à améliorer. Quatre, huit et douze mois plus tard, le pharmacien lui faisait passer un test d’évaluation du contrôle de l’asthme.

Un protocole facile à mettre en oeuvre

Tous les tests démontraient une amélioration du contrôle de l’asthme, même un an après l’entretien. Dans le groupe témoin, n’ayant pas eu d’entretien initial, l’asthme était amélioré à 4 mois (le simple fait d’être inclus dans l’étude amenait le pharmacien à parler de l’asthme…), mais à 8 et 12 mois tout était déjà oublié.

« Ce protocole est facile à mettre en oeuvre et vient de démontrer qu’il était efficace même sur le long terme », se réjouit Geneviève Chamba, de Pharmakeion, qui a réalisé l’étude pour l’ordre des pharmaciens.

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Pour les besoins de l’étude, les pharmaciens étaient formés pendant une journée sur l’asthme et surtout sur la façon d’aborder les patients. « Tous ont noté une répercussion rapide et directe de leur intervention sur le contrôle de l’asthme des patients et ont ressenti une réelle satisfaction à accomplir un acte valorisant », ajoute François Vigot, président du conseil régional de Basse-Normandie, en charge de l’étude au Conseil national de l’ordre des pharmaciens.

Un entretien qui fait aussi du bien aux pharmaciens

Les pharmaciens ayant réalisé l’entretien pharmaceutique sont unanimes. Oui, le bilan d’un traitement chronique lors d’un entretien spécifique est tout à fait du ressort du pharmacien. Cela dit, une formation à ce suivi est conseillée par un quart d’entre eux et… jugée indispensable par les autres (75 %) pour le réaliser dans de bonnes conditions ! Et puis, les retombées de l’entretien sont vraiment bénéfiques pour tout le monde. Six à douze mois après la fin de l’étude, 95 % des pharmaciens continuent en effet à vérifier l’efficacité de la prise en charge du patient et la consommation des traitements de la crise d’asthme. Quand on sait que 90 % de ces mêmes officinaux ne le pratiquaient pas du tout avant de participer à l’étude, tout le reste se passe de commentaires. L.L.