Autotests Covid-19 : « plus efficaces qu’un confinement », pour Martin Blachier, épidémiologiste

Invité de la Matinale d’Europe 1 ce 1^er avril, Martin Blachier, épidémiologiste et médecin en santé publique, a affirmé que le ministre de la Santé, Olivier Véran, bloquait le déploiement des autotests de dépistage du Covid-19 avec prélèvement nasal, pour l’instant en phase de test dans des opérations de dépistage itératif à large échelle menées par l’Etat, et toujours interdits à la vente en pharmacie.

Selon le médecin de santé publique, sans les autotests, il ne sera pas possible de rouvrir le pays mi-mai, comme promis le 31 mars par le président de la République, compte tenu du nombre de personnes vaccinées. Martin Blachier s’est même dit prêt à expliquer à Oliver Véran pourquoi les autotests sont essentiels. Pour Le Moniteur des pharmacies, il développe ses arguments.

Quel est l’intérêt d’un déploiement massif des autotests ?

La stratégie « tester, tracer, isoler », n’a clairement pas marché. Une étude de Santé publique France montre que les personnes positives ont leur résultat entre 3 et 4 jours après le début des symptômes. Elles attendent au moins 24 heures pour voir si elles ont bien des symptômes du Covid, puis se rendent dans un laboratoire ou une pharmacie pour faire un test. Certaines renoncent s’il y a trop de monde ou parce qu’elles trouvent que c’est compliqué. Ce qui retarde la réalisation du test et le rendu du résultat. Or, la contagiosité est la plus élevée 24 heures avant l’apparition des symptômes et jusqu’à 4 à 5 jours après leur apparition. Les autotests présentent l’avantage de pouvoir se tester au moindre doute sur des symptômes ou sur une situation à risque. Il peut aussi être utilisé à la demande de l’entreprise ou avant un voyage. Si le test est positif, vous vous isolez tout de suite. Et les gens s’isolent dès qu’ils savent qu’ils sont positifs. Des études le montrent. Ils ne veulent pas contaminer leurs proches.

Les autotests nécessitent un prélèvement nasal assez profond. Comment s’assurer que les gens feront le bon geste ?

En Angleterre, Boris Johnson a commandé un milliard d’autotests. Pour rouvrir les écoles, les parents doivent faire un autotest à leurs enfants tous les jours. Les entreprises anglaises mettent en place des protocoles pour que les salariés réalisent un autotest deux fois par semaine. En Allemagne, des magasins vont demander aux clients de faire un autotest avant d’entrer dans le magasin. Les parents anglais sont formés par l’école de leurs enfants. Ils apprennent à faire le geste. C’est une habitude à prendre. Nous sommes capables de le faire.

Vous affirmez que la vaccination ne sera pas suffisante pour rouvrir à la mi-mai.

Au 15 mai, vous n’aurez que 20 millions de Français vaccinés. A New-York, 50 % de la population est vaccinée et on assiste à une flambée de l’épidémie alors qu’ils ont réouvert la ville. Avec la vaccination, les gens se relâchent. En fait, il faut vacciner plus de 90 % de la population pour ne pas avoir de reprise de l’épidémie. L’utilisation des autotests est essentielle si l’on veut commencer à rouvrir le pays à la mi-mai. Cette mesure est plus efficace qu’un confinement même si des personnes ayant un résultat positif ne vont pas s’isoler. C’est le prix pour s’en sortir. Un confinement strict n’est plus possible. Les gens ne comprennent pas pourquoi il faut confiner 100 personnes pour une qui est contaminée.