Dispensation à l’unité : l’Académie de pharmacie remontée

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Dispensation à l’unité : l’Académie de pharmacie remontée

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Publié le 16 février 2022
Par Matthieu Vandendriessche
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L’Académie nationale de pharmacie remet le couvert sur la dispensation de médicaments à l’unité (DAU), alors qu’un décret sur ses modalités de mise en œuvre vient de paraître au Journal officiel le mercredi 2 février 2022. Dans un communiqué diffusé ce lundi 14 février, elle souligne les incohérences de cette mesure votée en 2020 dans le cadre de la loi anti-gaspillage et pour une économie circulaire (AGEC).

Selon l’institution, les recommandations de son rapport d’avril dernier ont été ignorées. « Le processus décrit dans le décret complique l’organisation du travail à l’officine sans sécuriser l’acte pharmaceutique ni permettre de lutter contre le gaspillage », affirme-t-elle. Dans son rapport, l’académie mettait en exergue la charge supplémentaire de travail en officine et la nouvelle organisation que la DAU requiert. Cela doit se traduire par une maîtrise du reconditionnement – et donc de la stabilité du principe actif – et de la traçabilité des médicaments délivrés à l’unité. « La sérialisation assurant la sécurité du médicament depuis sa fabrication jusqu’à sa délivrance ne servira de système d’alerte qu’à la première ouverture d’une boîte. En cas de reliquat d’unités et de délivrance ultérieure, les avantages de la sérialisation ne seront plus opérationnels », souligne en outre l’académie de pharmacie. L’institution s’interrogeait également sur l’implication en termes de responsabilité civile qui incombe au pharmacien. Elle souhaite qu’une évaluation soit menée pour mesurer l’impact de cette nouvelle mesure. Celle-ci a peu de chance de se déployer dans les officines pour le moment, faute de rémunération et dans l’attente d’un arrêté sur les molécules concernées. Puis, la profession n’est globalement pas favorable à la DAU. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) la rejette depuis qu’elle est envisagée. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) s’en est accommodée, estimant qu’elle devait être facultative et rémunérée. Pour sa part, Carine Wolf-Thal la présidente de l’Ordre des pharmaciens se disait « dubitative » sur cette mesure lors du vote de la loi AGEC et opposée à la pratique du déconditionnement.

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