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Bon usage des médicaments : ces pistes pour limiter l’impact environnemental
La consommation de médicaments a un impact environnemental. Mais comment jouer sur le premier tableau pour limiter le second ? Lors d’un colloque organisé mardi 30 mai à Paris, l’Association pour le bon usage du médicament (ABUM) invitait les parties prenantes à proposer des mesures concrètes.
Les pharmaciens d’officine montrent peu d’appétence pour la dispensation de médicaments à l’unité, censée limiter leurs volumes de dispensation. Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), lui préfère une rectification des posologies directement sur les prescriptions. « Nous pourrions ainsi faire en sorte que le nombre de boîtes que nous délivrons corresponde aux posologies mentionnées par l’autorisation de mise sur le marché. » Cette mission pourrait être travaillée en amont avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). « Nous devons être incités à la juste prise du nombre de médicaments. En ce sens, nous ne sommes pas arrivés à trouver le modèle économique de la dispensation adaptée », regrette Philippe Besset. Toujours au plan quantitatif, le président de Cyclamed souligne, lui, le recul constant du volume d’achats de médicaments depuis une vingtaine d’années. « Les médecins prescrivent mieux, les pharmaciens délivrent mieux et les patients consomment mieux », justifie Thierry Moreau-Defarges. Il recommande cependant d’adopter une prescription à la semaine ou en multiples de semaine et préconise le retour du délai de péremption des médicaments de 3 à 5 ans.
Principes actifs plus ou moins polluants
Grâce au retour des médicaments non utilisés en pharmacie, peu se retrouvent dans les eaux. Leur pollution vient surtout des résidus de médicaments évacués par les urines. A ce titre, un outil d’analyse de l’impact environnemental des principes actifs, en cours d’élaboration, semble prometteur. Le Hazard Score dresse un classement des molécules selon leur structure chimique et des mesures réalisée in vivo en Suède (janusinfo.se). Les résultats tiennent compte de trois critères : persistance des déchets des molécules dans le milieu aquatique, bioaccumulation dans les organismes animaux et toxicité pour les biotopes aquatiques. Avec certaines réserves : il n’y a pas de prise en compte des rejets dans les sols et l’air ainsi que des excipients, du conditionnement ou encore du transport. Lorsque cet outil sera consolidé, « il pourra permettre aux médecins de favoriser, à efficacité égale et après discussion avec le patient, le médicament qui génère une pollution moindre », pointe Paul Frappé, président du Collège de la médecine générale. Au total, 70 classes thérapeutiques et un millier de molécules ont été analysées. Reste encore à définir la différence minimale cliniquement pertinente. Pour l’outil Hazard Score, le rabéprazole présente un « score polluant » plus élevé que l’ésoméprazole. A noter que certaines formulations galéniques et voies d’administration sont plus favorables que d’autres du point de vue de l’impact environnemental.
Des directives européennes modifiées
« Nous allons regarder avec intérêt le modèle suédois avec l’idée de prescription et de substitution entre traitements en fonction de l’impact environnemental dans le cas des AINS, des antibiotiques et des œstrogènes », identifie Philippe Besset, rappelant que la convention pharmaceutique comprend un volet environnemental. Sur ce sujet de la pollution aquatique, la directive européenne sur la protection des eaux souterraines et celle qui établit des normes de qualité environnementale dans le domaine de l’eau font l’objet d’un projet de refonte avec inclusion de liste d’antiépileptiques, d’antibiotiques, d’AINS et d’hormones considérés à risque.
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