Tant qu’il y aura des pharmaciens

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Publié le 11 novembre 2006
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Longtemps considéré comme une étape formatrice avant de rejoindre l’industrie pharmaceutique, travailler à l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé se conçoit aujourd’hui sur le long terme. Avec, à la clé, la perspective d’une évolution de carrière et d’une ouverture sur le plan européen.

Placée sous la tutelle du ministère de la Santé, l’Afssaps a pour objectif d’assurer la qualité et le bon usage des produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, produits biologiques…). Cette vaste mission demande une évaluation scientifique et médicoéconomique, le contrôle de la publicité, l’inspection des établissements pharmaceutiques, mais aussi l’information des professionnels de santé et du grand public.

Autant d’activités qui font appel aux compétences des pharmaciens. Représentant 25 % des effectifs de l’Agence, soit près de 220 personnes, ils occupent des postes auprès de quatre directions (sur les cinq que compte l’Agence), dont l’évaluation des médicaments et des produits biologiques, l’évaluation des dispositifs médicaux et celle de la publicité, des produits cosmétiques et biocides. Ce sont eux qui assurent également l’inspection des établissements pharmaceutiques, leur diplôme étant spécialement requis.

Des juniors aux postes d’évaluateurs.

Stéphane Despinis, 38 ans, fait partie des vingt inspecteurs attachés à l’unité des inspections des médicaments chimiques. Cet ancien interne des hôpitaux de Strasbourg est passé par l’industrie et le contrôle qualité avant d’intégrer l’Ecole nationale de santé publique. A l’issue du concours, il a choisi un poste à l’Afssaps et ne le regrette pas. « J’ai été attiré par la transversalité de la fonction. Nous avons des contacts avec l’évaluation et avec de nombreux experts. La diversité des entreprises que nous inspectons nous amène également à travailler à l’international. C’est une ouverture très enrichissante ! De plus, mon rôle de police administrative ne s’arrête pas à l’industrie, cette année je m’occupe également des bonnes pratiques hospitalières. »

Si Stéphane – comme tous les inspecteurs de santé publique – est fonctionnaire, 80 % des agents sont sous statut contractuel mais bénéficient néanmoins de la sécurité de l’emploi. Leur point commun ? La notion de service publique, loin de la rentabilité et du marketing.

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Côté profils recherchés, la direction des ressources humaines apprécie particulièrement la double compétence, notamment en droit de la santé, en toxicologie ou en statistiques. Néanmoins, l’Afssaps est amenée à recruter des pharmaciens juniors au poste d’évaluateur et offre alors une opportunité de carrière prometteuse. Ainsi, Nathalie Deleau a été embauchée il y a sept ans comme évaluatrice dans l’unité de pharmacovigilance. « Il s’agit d’effectuer le suivi des effets indésirables sur différentes gammes de médicaments », explique-t-elle. Une mission qui passe, entre autres, par la prise en compte des informations émanant des centres de pharmacovigilance, par l’analyse des rapports périodiques rédigés par l’industrie, par la veille scientifique, par l’élaboration de rapports d’évaluation relayant toujours un avis et des recommandations… « Nous travaillons avec une vaste base de données regroupant les effets indésirables rapportés en France. Le but étant de trouver des solutions pour améliorer les informations dans les résumés des caractéristiques des produits et la sécurité d’emploi », ajoute Nathalie Deleau. Au fil des années, Nathalie a su faire ses preuves. En effet, lorsque le service s’est scindé en deux l’année dernière, elle a été nommée, à 36 ans, chef d’unité pharmacovigilance 2.

36 à 41 000 Euro(s) par an pour débuter.

A l’Afssaps, le salaire n’augmente pas en fonction du titre mais avec l’ancienneté, selon une grille fixée par décret. A l’embauche, il dépend cependant du profil et du niveau d’expérience de chacun. « Un pharmacien disposant d’une expérience professionnelle allant de 0 à 3 ans se trouve dans une fourchette de 36 à 41 000 euros brut par an », indique-t-on à la DRH.

L’évolution professionnelle peut être très rapide, comme le confirme le parcours d’Isabelle Ramon. Après une expérience en industrie (assistante en recherche clinique) et l’obtention d’un DESS en affaires réglementaires, elle entre à l’Afssaps en avril 2002 dans le service des affaires européennes. « Il s’agissait d’effectuer un suivi technico-réglementaire sur les directives européennes concernant les essais cliniques, confie-t-elle. Personnellement, j’ai toujours été attirée par la dimension européenne de l’Agence. » Elle s’oriente ensuite vers une activité juridique, avant de rejoindre la Mission internationale et des relations européennes, créée en novembre 2004. « J’ai été recrutée pour m’occuper des conventions de coopération internationales et pour assurer les relations interagences. » Elle se retrouve un an plus tard, à 31 ans, responsable de la coopération européenne. En d’autres termes, elle assure les opérations de jumelage qui ont été mises en place avec la République tchèque et la Serbie. « L’objectif est de former nos homologues sur place et de les aider à atteindre l’acquis communautaire. Il faut s’adapter à leurs besoins. »

Bienvenue aux stagiaires.

Elaboration d’un programme de travail, gestion des missions sur le terrain, préparation des experts… Le quotidien d’Isabelle n’a rien de commun avec celui de ses débuts à l’Afssaps, derrière un ordinateur. « La création de nouvelles activités comme celle du jumelage est une réelle occasion pour changer de poste. » A l’avenir, les nouvelles problématiques telles que les études post-AMM, les micro-organismes et les toxines auront certainement besoin de l’expertise des pharmaciens… En attendant, les portes de l’Agence restent ouvertes aux stagiaires, principalement au cours de la cinquième année. Depuis le début 2006, sept futurs pharmaciens ont pu découvrir la direction des médicaments et des produits biologiques, sur des missions de microbiologie ou d’essais cliniques.

L’Afssaps en chiffres

– 929 agents permanents, dont 25 % de pharmaciens.

– Neuf commissions et douze groupes d’experts.

– Locaux basés à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Lyon et à Montpellier.

– Les étudiants en pharmacie représentent 19 % des stagiaires.

– Le budget de fonctionnement s’élève à 89,40 millions d’euros.

– Cinq directions scientifiques.

– Un service des affaires juridiques et européennes.

– Deux directions transversales : administration et finances, ressources humaines.