Que pensez-vous du baclofène pour traiter la dépendance alcoolique ?

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Publié le 13 décembre 2008
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Aujourd’hui, le baclofène ne possède pas d’AMM pour traiter l’alcoolisme. C’est un myorelaxant à action centrale indiqué notamment dans les contractures spastiques de la sclérose en plaques. Son utilisation dans le traitement de l’alcoolodépendance fait débat depuis que le Dr Olivier Ameisen, cardiologue, a raconté dans son livre Le Dernier verre comment il a guéri son alcoolisme en s’autoprescrivant du baclofène jusqu’à 180 mg par jour, soit au-delà de la dose usuelle. Depuis, des patients le réclament en consultation ! Ce médicament intéresse tout le monde car il est présenté dans ce livre comme un produit n’occasionnant aucun effort de sevrage et permettant de boire un peu ! Mais il ne s’agit que d’un effet médiatique qui, de surcroît, sape tout notre travail d’approche globale. Le baclofène peut certes agir sur l’appétence, mais aucune étude menée sur l’homme n’a à ce jour prouvé son efficacité sur la dépendance alcoolique ni son absence de toxicité. Quoi qu’il en soit, le baclofène ne supprimera pas la nécessaire prise en charge des patients dépendants de l’alcool. Leur mal-être, responsable de l’addiction, justifie une aide psychothérapique et psychosociale complexe et coûteuse par des professionnels qualifiés. Nous avons donc demandé à nos équipes de ne pas le prescrire. Des études vont être lancées, mais le baclofène n’intéresse pas grand monde dans l’industrie pharmaceutique.

* Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, 20 rue Saint-Fiacre, 75002 Paris, tél. : 01 42 33 51 04, e-mail : contact@anpaa.asso.fr, site web : http://www.anpaa.asso.fr.

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