Per, ex-pharmacien d’Etat

Per Donath, titulaire de la Sonnen-Apotheke à Landsberg (Saxe-Anhalt), avait une quarantaine d’années quand tomba le Mur. Responsable à l’époque de la Hauptapotheke (la Pharmacie principale) de la ville, il a eu l’opportunité de racheter son officine à la Treuhand, l’organisme chargé de la liquidation des biens de la RDA. Comme nombre de ses collègues, il a pris sa décision quand fut décidée la privatisation des quelque 1 600 pharmacies est-allemandes par décret le 17 août 1990. « Ce n’est pas tant le rachat de l’agencement et des stocks – ils ne valaient pas grand-chose – qui m’a posé problème que la rénovation de l’officine et sa mise à niveau technologique. Et puis je n’avais aucune connaissance en fiscalité », se souvient Per Donath, qui a mis cinq ans pour s’adapter aux règles du marché.

Le répartiteur unique de la Hauptapotheke a été lui aussi privatisé et l’offre s’est peu à peu élargie à 2 puis à 3 grossistes. Même progression pour la concurrence. De 12, le nombre d’officines du canton de Landsberg est passé à 17. « Une clause m’obligeait à conserver les salariés pendant 5 ans. Ils étaient 12 avant la chute du Mur, ils sont aujourd’hui 10. »

Per Donath détient à présent deux officines

Per Donath, qui n’avait aucune compétence commerciale, s’est vite rendu compte que les lois du marché régulaient l’activité de son officine. Il a donc décidé de déménager dans un lieu plus fréquenté et s’est installé au rez-de-chaussée d’un bâtiment abritant plusieurs cabinets médicaux. Il ne garde aucune nostalgie de ses années d’exercice en RDA : « Cela devenait de plus en plus difficile car l’approvisionnement se dégradait. Il était très compliqué d’obtenir certains médicaments parce que nous n’avions pas de brevet et qu’ils nous parvenaient au compte-gouttes de l’Ouest. »

Vingt ans après, Per Donath est un pharmacien heureux qui a parfaitement assimilé les règles du marché : il détient une seconde officine. Comme le lui autorise la réglementation allemande.