Iatrogénie : La CNAM fait la chasse aux interactions

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Publié le 18 janvier 2003
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En 2000, 70 % des officinaux ont délivré au moins une fois une association formellement contre-indiquée, constate la CNAM dans une récente étude.

C‘est une première. Pour mieux appréhender le risque iatrogène lié à des pratiques médicales en France, la CNAM a passé au crible 300 millions d’ordonnances remboursées en 2000 à la recherche de onze associations formellement contre-indiquées (AFCI) sélectionnées « pour leur caractère incontestable et leur caractère évitable ». Le bilan n’est pas flatteur : sur près de 300 millions d’ordonnances, 58 823 (1,9 pour 10 000) comportaient au moins l’une des onze AFCI et concernaient 38 402 patients. 31 % des généralistes ont prescrit au moins une fois l’une de ces AFCI et 70 % des pharmaciens d’officine en ont délivré au moins une fois.

Elles concernent trois types de cas : l’association de médicaments destinés au traitement d’une même pathologie, l’association du traitement d’une pathologie chronique à un traitement anti-infectieux et l’association du traitement d’une pathologie chronique à un traitement symptomatique. En fait, cinq des AFCI sélectionnées par l’enquête représentent plus de 85 % des AFCI identifiées*.

Trois propositions.

La CNAM, qui souhaite que les AFCI fassent « l’objet d’une réflexion commune avec l’ensemble des professionnels de santé », formule trois propositions pour améliorer la situation : la constitution d’un dossier patient par le médecin et le pharmacien pour regrouper les médicaments issus de prescriptions de médecins différents, la généralisation des logiciels d’aide à la prescription et à la dispensation et la remise au patient d’un document écrit de conseils de prise lorsqu’est justifiée la présence, sur une même ordonnance, de médicaments dont l’association est contre-indiquée.

On notera que cette étude est fondée sur les seules données de remboursement et ne prend donc pas en compte les éventuels conseils oraux ou écrits formulés sur l’ordonnance par le prescripteur ou le pharmacien. Elle n’indique pas non plus le nombre d’ordonnances que les pharmaciens ont refusé de délivrer en raison d’AFCI.

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* 1 – L’association d’un antimigraineux de la famille des triptans et d’un dérivé de l’ergot de seigle (25 836 délivrances) : risque d’hypertension et de vasoconstriction artérielles. 2 – L’association de lévodopa ou d’agonistes dopaminergiques, et de neuroleptiques antiémétiques (8 994 délivrances) : inefficacité sur les symptômes nerveux de la maladie. 3 – L’association d’un antibiotique de la famille des macrolides à un dérivé de l’ergot de seigle (7 045 délivrances) : risque de vasoconstriction artérielle avec crises hypertensives. 4 et 5 – L’association du cisapride à un antibiotique de la famille des macrolides (6 507 délivrances) et l’association du cisapride avec un antifongique azolé (2 523 délivrances) : dans les deux cas, risque de tachycardie ventriculaire.