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Un tramway nommé cata
Les travaux d’urbanisme (rénovations, modifications de voirie…) sont la hantise des commerçants. Ces désagréments s’amplifient avec les tramways qui essaiment un peu partout en France et la fermeture des centres-villes aux voitures. Beaucoup d’officines perdent du CA. Il est pourtant possible parfois de le sauver voire de le consolider. Certains confrères l’ont fait. Expériences.
A Clermont-Ferrand, le chantier du tramway a démarré au printemps 2004 pour se rapprocher progressivement – au mois de septembre suivant – du centre-ville. La place Gilbert-Gaillard elle-même avait au préalable fait l’objet d’une restructuration en grand. Christine Tuyeras se rappelle : « Nous avions acheté l’officine deux ans auparavant et nous avons appris le lancement des travaux par la presse. » Pas d’étude d’impact ni de consultation préalable. « Pendant les six premiers mois, ça a été. C’est lorsque les lignes de bus, qui jusque-là circulaient juste devant l’officine, ont été déviées à 500 mètres que cela s’est vraiment détérioré. »
Résultat, une baisse d’activité de 25 %, en fréquentation comme en chiffre d’affaires… sauf dans un domaine très particulier : les soins aux personnes s’étant blessées en traversant le chantier ! « D’une certaine façon, nous avons eu de la chance car notre préparatrice est partie à la retraite pendant la première année des travaux. Nous ne l’avons pas remplacée en ayant recours à des étudiants. » Christine Tuyeras s’est aussi beaucoup investie, avec l’aide de son comptable et de la CCI, dans une demande d’indemnisation. Avec succès. « Nous avons également fait un effort en proposant régulièrement à nos clients de les livrer à domicile. » Depuis l’achèvement des travaux en juillet, le flux de passage revient : la titulaire évalue la progression d’activité à 7 % au moins.
L’exemple de Christine Tuyeras est transposable dans la plupart de ces situations de bouleversement urbain où le commerçant n’a souvent d’autre choix que de faire le gros dos. Marie-Hélène Kalinowsky, titulaire de la Pharmacie du Point central à Nancy, se souvient : « Lors de la mise en place du tramway, nous avons subi des nuisances pendant près de deux ans et notre activité à baissé de l’ordre de 15 %. » Sans indemnisation. « En fait, j’ai reçu une somme qui m’a ensuite été réclamée. »
« Le trottoir devant l’officine a été ouvert à trois reprises, ajoute Françoise Marie, titulaire de la Pharmacie de la Cathédrale, à quelques centaines de mètres. J’ai une clientèle majoritairement de proximité qui est restée fidèle, mais le fait que le terminus des bus interurbains ait été déplacé m’a fait perdre une partie de la clientèle de passage. »
Florence Ceppepelli se trouvait, elle, au confluent des travaux du tramway et de ceux de réhabilitation de la célèbre place Stanislas : « Les gens ne venaient plus dans le centre-ville, rendu difficile d’accès. Ils ont pris d’autres habitudes de consommation… » Mais Florence Ceppepelli admet que ce désagrément a ensuite été largement compensé par un afflux massif de nouveaux touristes.
Des plannings rarement respectés.
Reste donc à tenir coûte que coûte pendant la période des travaux. Cela étant, la galère peut durer des années. Surtout si, comme à Strasbourg, la construction du tramway traîne en longueur. La nécessaire destruction du pont Winston-Churchill a été retardée par des problèmes de procédure, si bien que les travaux de destruction ont été suspendus d’août 2004 à février 2006. Au rond-point de l’Esplanade, Pierre Deck explique devant son officine que « le quartier a été transformé en cul-de-sac avec la suppression du pont. Nous avons réalisé 8 000 actes de moins en un an ». Bien sûr, l’officinal ne met pas tout sur le dos des travaux : « La nouvelle politique de santé depuis mars 2006 n’arrange rien. Mais je suis confiant. Je pense que lorsque les travaux seront finis, avec l’extension du tramway, la situation se rétablira. »
Installée place d’Erlon au centre de Reims, en pleine rénovation, Lauriane Vuiart ne voit pas elle non plus le bout des travaux : « La situation perdurera puisque les travaux de la future ligne de tram, dont la mise en service est prévue à l’horizon 2010, commenceront d’ici à un an. » De l’autre côté de la place, son confrère Emmanuel Bride a connu une chute de chiffre d’affaires de l’ordre de 15 % au premier semestre. « Finalement, c’est peut-être ce manque de visibilité qui est le plus angoissant. »
Le centre commercial Corgnac, à Limoges, a vu lui aussi exploser les délais des travaux de rénovation : trois ans et demi de travaux au lieu de deux. Entre échappements de moteurs, staccatos d’un Bobcat fracassant le béton, gerbes d’étincelles et pénurie de parking, le chaland a littéralement fui la galerie : « Pendant six mois, raconte Marie-Claude Baudrin, nous nous sommes trouvés seuls dans cette partie du centre, et, pendant six semaines nous avons été isolés par le chantier, sans chauffage et sans eau. On ne pouvait rien faire pour moi. Il a fallu que j’aie recours au tribunal pour mettre en demeure le maître d’oeuvre de nous délocaliser. Nous avons subi deux déménagements en huit mois. »
Son officine a perdu 10 %, puis 20 %, enfin jusqu’à 50 % de son chiffre d’affaires. Des décisions se sont imposées : mise au chômage partiel pour les sept salariés, puis deux licenciements. Sollicité, le tribunal affecte un local transitoire. A la réouverture sur le site originel, la titulaire, pleine d’espoir, porte l’effectif à treize personnes. Mais il n’y a guère que dix boutiques ouvertes et, le redémarrage traînant en longueur, elle doit réduire le personnel à huit salariés. « Aujourd’hui, je récupère tout juste, au bout d’un an et demi après la réouverture du centre, mon chiffre d’avant les travaux… » Triste bilan qui devrait se régler en justice avec les maîtres d’oeuvre.
Se renseigner sur le suivi du chantier.
Avant d’avoir à en arriver à ce type de contentieux, Carole Chauvin et Brigitte Bonnier, cotitulaires d’une des quatre officines du quartier du Mas Drevon à Montpellier, ont pris le parti de suivre de très près les différentes phases de travaux plutôt que de subir passivement. Ce quartier, construit dans les années 60 pour accueillir les rapatriés d’Algérie, est aujourd’hui totalement transfiguré. « Il a fallu veiller en permanence à assurer un accès à l’officine. A notre demande, un balisage a été mis en place précisant que les commerces restaient ouverts pendant les travaux, raconte Carole Chauvin. Il ne faut surtout pas attendre que les choses se passent sans nous mais, au contraire, être en permanence à la recherche d’informations précises sur le chantier en cours ou à venir, leurs caractéristiques, leur calendrier, etc. » Propriétaires des murs, les deux associées ont participé activement aux réunions et démarches de leur syndic et des associations du quartier. « Pour obtenir des précisions sur la durée de telle ou telle phase de chantier, nous n’avons jamais hésité à téléphoner à l’interlocuteur que nous avions demandé d’obtenir à la compagnie des transports de l’agglomération. » Ni à établir le contact, très vite, avec les différents chefs d’équipes d’ouvriers qui se sont succédé aux abords de l’officine pendant plus d’un an. « Nous avons essayé d’entretenir les meilleures relations possibles avec tous les intervenants pour que tout se passe pour le mieux », résume Carole Chauvin.
Trois des quatre officines du quartier déposeront prochainement un dossier d’indemnisation auprès de la communauté d’agglomération de Montpellier. Un recours qui ne profite hélas qu’aux officines situées directement sur le tracé des travaux (voir page 29).
Préenseigne : respectez les règles
– L’installation d’une « préenseigne »* est souvent une précaution vitale lors de travaux de grande ampleur. Rappelons néanmoins qu’elle est soumise, sur le même plan que la publicité, à des conditions très strictes, régies par le Code de l’environnement.
– Il vous faudra l’autorisation du maire et, le cas échéant, du propriétaire de l’immeuble où vous souhaitez l’apposer (éventuellement avec contrat de louage de l’emplacement). Par ailleurs, des règles sont à respecter quant à l’emplacement de la préenseigne (interdiction sur des bâtiments classés, à des endroits susceptibles de distraire les automobilistes, etc.).
– Renseignez-vous donc bien auprès de votre municipalité ! Un procès-verbal constatant la violation de ces règles peut être établi par des fonctionnaires territoriaux, policiers municipaux, officiers de police judiciaire ou gardes champêtres. Au plan administratif, est punie de 750 Euro(s)d’amende toute personne ayant apposé une préenseigne sans déclaration préalable ou non conforme à cette déclaration. Le maire ou le préfet prendra un arrêté de suppression ou de mise en conformité dans les 15 jours. Le non-respect de cette décision entraînant une astreinte de 75 Euro(s) par jour et par préenseigne maintenue.
Apposer ou maintenir une publicité/préenseigne après mise en demeure est de plus passible de 3 750 Euro(s) d’amende au plan pénal.
* Toute inscription, forme ou image indiquant la proximité d’un immeuble où s’exerce une activité déterminée.
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