Reprendre une officine en liquidation judiciaire

Réservé aux abonnés
Publié le 1 novembre 2014
Par Stéphanie Bérard
Mettre en favori

A 29 ans, François-Loïc Pichard a repris la Pharmacie de la Gare, à Angers, à la barre du tribunal de commerce. Le titulaire a dû revoir le positionnement et la politique de stock pour lui permettre de sortir la tête de l’eau.

François-Loïc Pichard n’avait pas prévu de reprendre une officine à 29 ans, a fortiori à la barre du tribunal de commerce. « Je travaillais, à Paris, comme conseiller marketing dans l’industrie pharmaceutique quand j’ai appris que la Pharmacie de la Gare, à Angers, était en liquidation judiciaire. Je connaissais bien la ville pour y avoir fait mes études. J’avais envie de province. » Le jeune pharmacien était surtout titillé par « l’envie d’être au contact d’une clientèle, dans une officine constituée de patients réguliers, mais aussi de personnes de passage. »

En juin dernier, François-Loïc Pichard, seul candidat à la reprise, acquiert donc la Pharmacie de la Gare devant le tribunal de commerce – le prix d’acquisition est confidentiel – après avoir présenté un projet de reprise « fondé sur l’humain, pour reprendre l’ensemble du personnel, et sur le maintien d’un service de proximité ». S’il sauve l’officine et ses trois salariés d’une fermeture définitive, le néotitulaire doit mettre en place un vrai plan de bataille pour la redresser.

A commencer par une analyse des difficultés qui ont conduit à la liquidation : « A l’origine, l’officine a été transférée dans un quartier en rénovation, à proximité de la gare. Avec cette opération, l’ancien titulaire a dû gérer une surface beaucoup plus importante de 300 mètres carrés. » A l’époque, il propose un concept d’officine épuré et design au positionnement haut de gamme et constitué d’un vaste espace en parapharmacie, avec de nombreuses gammes référencées et un stock très important, tandis que le médicament est peu mis en avant. « Ce positionnement n’était pas adapté à une clientèle de passage, pressée de trouver ce qu’elle cherche. »

L’agencement revu de fond en comble

Le titulaire commence donc par revoir l’agencement, avec une disposition plus classique. « J’ai remplacé les plots individuels par des comptoirs doubles, en ligne, afin de faciliter l’entraide au moment de la délivrance et d’améliorer la gestion du flux de clientèle. » A l’extérieur, il souhaite véhiculer l’image d’une officine chaleureuse et laisse les vitrines (15 mètres de long) entièrement nues – assorties néanmoins d’un écran – afin de laisser apercevoir le nouvel agencement et l’offre de produits.

Surtout, pour optimiser la gestion du stock, il réduit la surface de vente, qui passe de 200 à 140 mètres carrés, et ne reprend pas le local pour la réserve. « Le loyer est donc inférieur et je travaille avec un stock plus limité, à flux tendu. » Le pharmacien modifie le référencement en sélectionnant des gammes courtes – et une seule marque par gamme – à forte notoriété pour que les patients retrouvent leurs produits habituels rapidement. « J’ai aussi travaillé sur de petits conditionnements et des flacons de reconditionnement adaptés au voyage. » Dans le même esprit d’économies de coût, il adhère à un groupement local, Le Gall Santé Services, afin de profiter d’une politique d’achats groupés, mais aussi de la gestion de tâches administratives (comme le tiers payant), qui est mutualisée. Conscient que la période de transition après la liquidation judiciaire était vécue avec inquiétude par le personnel, François-Loïc Pichard a partagé son projet avec eux dès le départ.

Publicité

Au bout de quatre mois, ce premier travail semble porter ses fruits. « Depuis la reprise, la fréquentation a augmenté de 30 %. Ma première victoire est le maintien des emplois. Mais rien n’est gagné. »