L’officine est un « bon risque »

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Publié le 19 avril 2008
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Huit banquiers sur dix conseilleraient encore à un jeune pharmacien de s’installer, et presque autant gardent un intérêt tout particulier pour les officines. Mais des tensions sur le marché sont à attendre.

Malgré la tourmente actuelle, 79 % des partenaires financiers des pharmaciens conseilleraient à un jeune de s’installer et 75 % déclarent garder un intérêt tout particulier pour les officines. « Cela reste un bon risque, le taux de défaillance des officines est extrêmement faible », indique Patrick Bordas, responsable national du réseau santé KPMG Entreprises. Cette note optimiste est tirée de l’enquête « Perspectives 2008 » réalisée en février et mars dernier auprès d’un panel représentatif de pharmaciens et d’acteurs de leur environnement professionnel (voir Le Moniteur n° 2725).

Pour 67 % des banques interrogées, les garanties demandées aux acquéreurs sont les mêmes qu’il y a cinq ans et ne sont donc pas plus contraignantes. Mais les banques sont un peu échaudées par l’évolution déraisonnable des prix au regard de la rentabilité des officines. 58 % se déclarent favorables au partage du risque par un pool bancaire. La cherté des fonds et la baisse de la rentabilité les conduisent à proposer des durées de financement plus longues (souvent à 15 ans) afin d’alléger les charges de remboursement et de solvabiliser l’acquéreur.

Même si les avis sont partagés sur le bien-fondé d’un allongement de la durée des crédits, même si les politiques diffèrent entre établissements, le consensus est général : les jeunes installés vont mettre plus de temps que leurs aînés à rembourser leur fonds de commerce. Une tendance qui s’accentue d’année en année. Selon 76 % des pharmaciens interrogés, la durée des crédits va augmenter, contre 53 % en 2007. Mais les banquiers ne sont plus aussi convaincus de cela. Ils ne sont plus que 52 % à penser que les durées vont augmenter, contre 59 % en 2007.

« La divergence nette des positions devrait avoir un impact négatif sur les prix », craint Patrick Bordas. En effet, tout ce qui contribue à alléger les charges de remboursement se traduit par une hausse mécanique des prix. Les cabinets de transactions ont intégré cette dimension : selon 47 % d’entre eux, la durée devrait diminuer. En 2007, ils étaient deux fois moins nombreux à le penser (23 %).

La pression sur le niveau des apports s’accentue

Malgré la crise des subprimes qui a conduit à une défiance au niveau mondial et sa propagation en France, les conditions de crédit restent favorables, même si cette crise de liquidités tire les taux à la hausse. En la matière, la vision des banquiers est sans doute la plus probable : pour 52 %, les taux vont monter, ce qui obérera encore un peu plus la capacité d’achat des emprunteurs. En 2007, il s’agissait d’une certitude pour 95 % des banquiers interrogés, alors que les pharmaciens et les cabinets de transactions étaient moins nombreux à partager cette vision (respectivement 58 % et 71 %). Cette année, c’est l’inverse, ce qui signifie que les pharmaciens et les intermédiaires ont intégré avec retard cette montée des taux. Aux dernières nouvelles, la tendance est toutefois à une légère baisse des taux.

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Pour deux tiers des banquiers, les apports nécessaires à une reprise d’officine vont augmenter, contre seulement 45 % en 2007. Huit pharmaciens sur dix pensent que l’achat nécessite aujourd’hui une mise de fonds personnels plus importante. Le financement des acquisitions s’annonce donc plus difficile en 2008, c’est aussi l’avis d’une grande majorité (88 % versus 65 % en 2007) de cabinets de transactions.