L’éventail dans le patrimoine pharmaceutique

La parution récente d’un petit ouvrage superbement illustré sur les éventails donne un grand coup d’air frais à l’histoire de la pharmacie. A l’origine accessoire du culte, notamment chez les Egyptiens et les Perses, l’éventail symbolise très vite la puissance des grands avant de se mettre au service des femmes et de leur coquetterie. Il devient également un témoin de la vie mondaine et sociale dès le milieu du XVIIe siècle avant de se convertir, sous le règne de Louis-Philippe, en objet publicitaire.

Les premières publicités pharmaceutiques apparaissent en 1880 sur les éventails qui donnent les programmes de spectacles. Des laboratoires pharmaceutiques mais aussi des pharmaciens audacieux utiliseront alors ce support « animé » pour vanter leurs produits ou fidéliser leurs clients. Les trois auteurs, le Pr Jean Flahaut, ancien doyen de la faculté de Paris-V et actuel président de l’Académie nationale de pharmacie, Marie-Jeanne Rousselet, antiquaire à Versailles, et Marc Tordeux, ingénieur chimiste et membre du fameux Cercle de l’éventail, nous donnent dans cet ouvrage un savoureux aperçu de cette « production » pharmaceutique si originale. L’iode diastasé, la pharmacie portative (ancêtre de notre trousse à pharmacie), l’Antipyrine Reynal (aïeule de l’aspirine), la Carbolatine Reynal, les pilules de Blancard, le dentifrice Pasteur, l’Aspirine des Usines du Rhône sont quelques-uns des produits pharmaceutiques ou produits d’hygiène dont on a pu retrouver la trace sur ces éventails. Ce support de publicité a également servi aux pharmaciens pour faire connaître leur propre officine. Ainsi la pharmacie Châtelain, sise place des Halles à Niort, a-t-elle offert plusieurs éventails – souvent de véritables oeuvres d’art – à ses clients.

L’éventail publicitaire sera utilisé pour la pharmacie jusqu’à la moitié du XXe siècle.

« Eventails en pharmacie », 48 pages, aux éditions Pharmathèmes, 21 euros (ou 137,75 F).