Les pharmaciens aujourd’hui

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Publié le 29 août 2020
Par Magali Clausener
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Plus de jeunes, plus de femmes… et moins de pharmacies. L’Ordre a présenté, le 9 juillet, la démographie pharmaceutique au 1er janvier 2020. Les tendances observées en 2018 sont identiques en 2019. Mais les évolutions sont différentes selon les sections. Panorama des A et D.

Au 1er janvier 2020, 74 227 pharmaciens étaient inscrits à l’Ordre, dont 2 356 de primo-inscrits, soit une hausse de près de 2 % par rapport à 2018. Sur 10 ans, les effectifs ont augmenté de 1,2 %. Cependant, en 2019, peu de changements. L’âge moyen des pharmaciens, qui s’élève à 46,7 ans, reste stable depuis 2016. Le nombre de pharmaciens de moins de 35 ans est toujours en hausse et représente désormais le quart de la population des pharmaciens inscrits à l’Ordre, alors que les plus de 66 ans constituent moins de 4 % de la population. Enfin, la profession est majoritairement féminine, avec 67 % de femmes.

Pour autant, la situation diffère selon les sections et c’est notamment vrai pour les sections A, celle des pharmaciens titulaires, et D, celle des pharmaciens adjoints.

Des titulaires vieillissants…

La section A compte 25 847 pharmaciens, soit 34,8 % des inscrits. En termes de poids, c’est la deuxième section ordinale la plus importante, derrière la section D. La répartition entre femmes et hommes y est relativement équilibrée : 55 % des titulaires sont des femmes (contre 67 % au sein de l’Ordre, toutes sections confondues). Avec un âge moyen qui s’établit à 50,2 ans, les titulaires sont globalement plus vieux que dans l’ensemble des autres sections. 23 % des titulaires ont 60 ans ou plus, alors qu’en 2009 ils n’étaient que 12 %, et plus d’un titulaire d’officine sur deux a plus de 50 ans. Toutefois, les femmes sont moins âgées que leurs confrères : seulement 17 % d’entre elles ont 60 ans ou plus, contre 21 % d’hommes. Le vieillissement des titulaires est également marqué par la localisation. La proportion de titulaires âgés de 55 ans ou plus est accrue en Ile-de-France (43 %), en Auvergne- Rhône-Alpes et dans le Centre-Val de Loire (42 %), contre une moyenne de 40 % en métropole.

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… et moins nombreux

L’autre fait marquant est le nombre de pharmaciens en section A qui continue de diminuer : – 1,4 % par rapport à 2018 (- 1,3 % entre 2017 et 2018). Sur 955 primo-inscrits, 22 pharmaciens n’avaient jamais été inscrits à l’Ordre et 933 viennent d’autres sections, en quasi-totalité de la D (895). Il s’agit de l’installation de jeunes pharmaciens : 47 % des passages vers la section A sont effectués par des pharmaciens de moins de 35 ans. « Les femmes s’installent un petit moins que les hommes, mais je ne pense pas qu’elles aient plus de difficultés pour le faire », estime Jérôme Parésys-Barbier, président de la section D.

La baisse des effectifs est en fait corrélée à la réduction du nombre d’officines. Au 1er janvier 2020, on dénombre 20 736 pharmacies en métropole, ce qui représente une réduction de 1,1 % entre 2018 et 2019. En effet, 219 officines ont fermé l’année dernière, contre 226 en 2018. Les restitutions de licences représentent 45 % des fermetures (contre 40 % en 2018) et les liquidations judiciaires 8 % (versus 6 % en 2018). Seulement 17 % de fermetures sont dues à des regroupements et 28 % à des cessions de clientèle. Au total, 52,5 % des fermetures d’officines sont contraintes, contre 45,5 % en 2018. Et 47 % du total des fermetures (y compris les cessions) concernent des pharmacies dont le chiffre d’affaires (CA) est compris entre 0,5 et 1 million d’euros, tandis que 27 % portent sur celles avec un CA inférieur à 500 000 €. « Les fermetures représentent une partie de la restructuration du réseau officinal. Nous payons les pots cassés des autorisations dérogatoires. Ce qu’il faut retenir, ce sont les regroupements », commente Pierre Béguerie, président de la section A.

Pour autant, le maillage territorial reste « harmonieux », avec 32 officines pour 100 000 habitants. La situation, cependant, diffère selon les départements. Cette année, l’Ordre a mis en regard la densité pharmaceutique et la densité médicale. 62 % des départements ayant moins de 29,74 officines pour 100 000 habitants font également partie des 25 % des départements ayant la plus faible densité de médecins généralistes. On observe néanmoins que plus d’un tiers des pharmacies sont installées dans des communes de moins de 5 000 habitants.

Des adjoints jeunes

A l’inverse de la section A, la D se distingue par une forte féminisation et un âge moyen relativement bas. En effet, sur 28 207 pharmaciens inscrits dans cette section, 81 % sont des femmes. « Cette féminisation est logique, car nous avons formé plus d’étudiantes qui se retrouvent aujourd’hui sur le marché de l’emploi », relève Jérôme Parésys-Barbier. Quant à l’âge moyen, il s’établit à 44,1 ans. Seulement 25 % des effectifs ont 56 ans et plus, alors qu’un tiers a moins de 35 ans. « Nous avons aussi des passages de la section A vers la section D. Il s’agit de titulaires qui vendent leur pharmacie mais veulent continuer à travailler en tant qu’adjoints ou remplaçants », commente Jérôme Parésys-Barbier. En termes de poids, la section D est la plus importante puisque les adjoints représentent 37,6 % de la totalité des inscrits. En outre, c’est aussi celle qui enregistre le plus grand nombre d’inscriptions avec 64,2 % des primo-inscrits et une hausse de 1,5 % de ses effectifs par rapport à 2018. Si la section D ne regroupe pas uniquement les pharmaciens adjoints d’officine, leur part s’élève à 96 % des effectifs (+ 1,6 % entre 2018 et 2019). De fait, malgré la réduction du nombre d’officines, le nombre moyen d’adjoints par pharmacie reste à 1,3 en 2019. « C’est le reflet de la restructuration de l’offre qui s’adapte aux nouveaux modes d’exercice, note Pierre Béguerie. Les pharmaciens ont besoin de plus de personnes qualifiées pour assurer les nouvelles missions et donc d’adjoints. »

Un temps partiel encore important

Si les grandes tendances observées en 2018 se poursuivent, un élément nouveau marque l’année 2019 : la progression de la proportion de contrats à temps plein chez les adjoints d’officine. Elle atteint désormais 62 %, soit une hausse de 2 points par rapport à 2018. Il est cependant difficile d’expliquer ce phénomène. De plus, le temps partiel concerne un peu plus de 4 femmes sur 10 pour l’ensemble des adjoints.

Cette part est quasiment identique pour les femmes exerçant en officine, mais beaucoup plus élevée pour les autres exercices non officinaux. L’Ordre constate aussi qu’un peu moins de la moitié des pharmaciens adjoints d’officine (48,5 %) travaillent depuis moins de 10 ans dans la même pharmacie (46,8 % des femmes et 54,2 % des hommes). A contrario, près de 13 % des adjoints exercent dans la même officine depuis plus de 30 ans.

À RETENIR

Au 1er janvier 2020, les tendances déjà observées ces dernières années se maintiennent.

– Le maillage territorial reste harmonieux, favorisant ainsi l’accès à des soins de proximité.

– Le renouvellement de la profession est assuré, les pharmaciens sont de plus en plus jeunes.

– La profession est particulièrement féminine.

– Le nombre de fermetures d’officines reste élevé, et plus de la moitié sont contraintes.

L’année 2019 est marquée par une hausse du nombre d’adjoints, et une hausse des contrats à temps plein.

Focus sur la section C

La section C regroupe les pharmaciens de la distribution en gros. En 2019, ils sont 1 264 inscrits (- 3,1 % par rapport à 2018), exercent dans 530 établissements et 228 entreprises. Les femmes représentent un peu plus de la moitié des effectifs (56 %). L’âge moyen est de 45,8 ans. Les grossistes-répartiteurs ont joué un grand rôle lors de la crise sanitaire, notamment pour les livraisons des masques des stocks d’Etat. La profession souffre pourtant d’un déficit d’image et de visibilité. « Nous manquons de candidats. Les établissements de distribution connaissent une pénurie de pharmaciens », constate Laure Brenas, présidente de la section C. Les métiers de la distribution en gros sont pourtant diversifiés : logistique pharmaceutique, qualité, distribution de gaz médicaux ou de plantes médicinales, responsable d’exploitation d’un site, etc.