Installation express

Six mois seulement après la fin de son stage en officine, Jérôme Escojido se retrouve aux commandes d’une SELAS exploitant une officine à Pérols, près de Montpellier dans l’Hérault. Il en est le premier étonné, même si, entrepreneur dans l’âme, son intention n’était pas de faire de vieux os en tant qu’adjoint. A croire que la soutenance dans la foulée de sa thèse sur « l’installation du jeune pharmacien » l’a aguerri ou décomplexé.

Ce sont ses deux maîtres de stage qui ont permis à Jérôme de brûler les étapes qui mènent à la titularisation. « Nous avons constitué une SELAS au capital de 52 500 euros, à parité, pour racheter en janvier 2007 la pharmacie tenue par la doyenne des titulaires. Pour apporter ma quote-part, j’ai dû emprunter 35 000 euros à la banque et le complément est le fruit de six mois d’assistanat », explique-t-il.

La société, pour sa part, s’est endettée à hauteur de 1,1 MÛ pour racheter à prix d’or – mais d’usage sous le soleil héraultais (110 %) – cette pharmacie de centre-ville située à 3 kilomètres de celle de ses associés implantée en périphérie, dans un supermarché Auchan. Avec une participation dans le capital supérieure à 25 %, Jérôme Escojido estime avoir le statut de patron : « Le franchissement de ce seuil permet aussi d’avoir une rémunération plus importante une fois que les bénéfices commencent à rentrer. D’ailleurs, le pacte d’associé prévoit qu’une augmentation franche du chiffre d’affaires déclenche une prime de gérance en fin d’année. »

La première année d’installation a été un peu laborieuse (stagnation du CA) du fait d’interminables travaux qu’il réalisa lui-même après le travail avec l’aide d’un ancien compagnon de fac bricoleur. Défiant la tendance générale de 2008, il est récompensé de son labeur et noue enfin avec la croissance. « Si tout se passe bien, j’espère monter à 51 % dans le capital fin 2009. » Ce projet est en balance avec une prise de participations croisées dans la pharmacie de ses associés. Ainsi, chacun pourrait profiter du potentiel de croissance de chaque officine.

Le dynamisme fait partie de l’apport

En remboursant sur ses propres deniers 400 euros par mois pendant 7 ans à la BNP, Jérôme Escojido est en passe de réussir son pari sans trop se serrer la ceinture. « Je perçois le même salaire que lorsque j’étais adjoint (2 300 Û net par mois). Certes, il n’est pas en phase avec un statut de gérant, mais un jeune titulaire qui démarre doit se dire que son dynamisme lui permettra de récupérer rapidement la mise. »

La qualité de la rencontre avec ceux qui allaient devenir ses deux associées a été déterminante mais, d’une manière générale, Jérôme trouve que les jeunes qui doivent assurer la relève sont trop timorés. « C’est au moment où l’on n’a pas encore d’attaches (un conjoint, des enfants…) qu’il faut se lancer car on a tout à gagner et rien à perdre, estime-t-il. Il ne faut pas se bloquer dès lors que les évolutions de CA sont bien appréhendées dans le prévisionnel d’exploitation. Mais, surtout, il faut se vendre auprès des bailleurs de fonds que sont nos aînés et ne pas attendre qu’ils viennent nous chercher. »

Les conseils de Jérôme

-Entrer au capital d’une SEL au minimum à 25 %.

-Ne pas se montrer gourmand sur la rémunération de départ.

-Prévoir une prime de gérance en fonction d’objectifs de développement.

-Démarcher les titulaires qui permettront d’apporter une assise financière déterminante face à la banque.

-S’installer tant que l’on est célibataire.