Grand-Est : une terre de contrastes

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Publié le 19 septembre 2020
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La force d’attraction de la taille (présence importante de grandes officines) et d’un numerus clausus historique, garant d’un réseau peu exposé à la surdensité, joue en faveur des prix élevés en Alsace-Moselle. En dehors de ce marché très fermé et assez figé, la disparité des prix est à l’image de la diversité de cette région Grand-Est. Pour des officines de CA recherché (2 M€ et plus), le nord de la Marne et le sud des Ardennes rivalisent en prix avec l’Alsace (pouvant culminer à 100 % du CA HT). Ces valeurs élevées jouxtent des départements voisins où les prix des officines sont largement un ton en-dessous. Par exemple, la Haute-Marne, où 50 à 70 % du CA HT sont les prix courants du marché. « Dans les Vosges, un département marqué par une forte ruralité et un faible pouvoir d’achat, une pharmacie de 2 M€ ne se vend guère au-delà de 70 % du CA HT », livre Colette Benzaquen, de L’Auxiliaire Pharmaceutique. Et les perspectives de développement semblent glisser sur le marché comme l’eau sur les plumes d’un palmipède. « A Epinal, dans un quartier à fortes populations ethniques où se construit un hôpital, une pharmacie de 1,2 M€ longtemps à la vente a fini par se céder 400 000 € », témoigne-t-elle.

En Meurthe-et-Moselle, la décote sur les prix est le seul moyen de rendre attractives les officines petites ou moyennes, sinon 70 % du CA HT, c’est le tarif pour les pharmacies de plus de 2 M€. Dans ce contexte, les regroupements sont une planche de salut qui commence à entrer dans les esprits. Dans l’Aube, « à Troyes, sur 25 pharmacies, 12 ont fermé lors des quatre dernières années sous la pression concurrentielle de quelques pharmacies mastodontes », souligne-t-elle. Cette transactionnaire réalise désormais quatre à cinq regroupements par an dans le Grand-Est, contre un auparavant.

Enfin, dans le Haut-Rhin, des villes comme Colmar et Mulhouse connaissent un passage à vide, la première à cause de la désaffection des touristes chinois due à la crise sanitaire, la seconde pour des raisons structurelles. En effet, la montée des tensions et l’insécurité grèvent les prix de l’immobilier et des officines mulhousiennes situées dans les zones à risque.

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