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Recruter un pharmacien étranger
Dans une zone touristique, frontalière ou à forte identité communautaire, le recrutement d’un pharmacien étranger peut se révéler intéressant. Retour d’expériences.
Avec 1 247 inscrits à l’Ordre, le nombre de pharmaciens étrangers exerçant en France n’a que très peu progressé en 2013, pour atteindre 1,7 % des inscrits. « Nous ne sommes pas du tout dans la même situation que la médecine où l’on recrute beaucoup de généralistes à l’étranger afin de lutter contre la désertification médicale, souligne Alain Delgutte, président du conseil central de la section A à l’Ordre. Notre numerus clausus permettant toujours de répondre aux besoins des officines, il n’y a pas d’incitations particulières pour faire venir des pharmaciens de l’étranger. » Armand Gremeaux, directeur de Pharm-Emploi, un cabinet de recrutement spécialisé en officine, a constaté cependant qu’« il y a chez certains pharmaciens étrangers la volonté de venir travailler en France. J’en reçois une quinzaine par an à mon cabinet et réponds au téléphone à beaucoup de demandes de renseignements ». Lorsqu’il identifie chez ces pharmaciens étrangers une bonne candidature, il n’hésite pas à la proposer à ses clients, « en sachant que pour faciliter leur intégration, je leur fais suivre un processus particulier qui comprend deux mois et demi de formation en alternance afin de les familiariser aux spécificités de la carte Vitale et des logiciels informatiques officinaux. En contrepartie, la pharmacie s’engage à embaucher ce candidat en CDD de six mois au minimum après la période d’alternance ». C’est ce processus qu’a décidé de suivre Tariq Benhalima, titulaire de la Pharmacie Centrale de la Chapelle (Paris Pharma), située dans un quartier très cosmopolite de la capitale.
Evaluer la motivation du candidat
« Je recherchais un pharmacien adjoint pour prendre la responsabilité de l’espace parapharmacie. Pharm-Emploi m’a présenté quatre ou cinq CV, dont celui de Najada, une Albanaise de 29 ans qui avait fait ses études en Italie. Son profil m’a tout de suite plu car il correspondait à ce que je recherchais. Elle avait géré une parapharmacie pendant quatre ans à Trieste et elle indiquait sur son CV qu’elle avait appris le français en six mois, ce qui pour moi constitue un signe de motivation extrême. Elle affirmait aussi parler anglais, italien et albanais… » L’entretien de recrutement ne fait que confirmer la première impression. « Son discours était très construit. Elle m’a expliqué qu’elle voulait venir vivre en France avec son mari dans l’optique d’une éventuelle installation. J’ai aussi très vite senti qu’il s’agissait d’une personne humaine, chaleureuse, enthousiaste, et qu’elle avait toutes les qualités pour s’intégrer dans une équipe qui compte déjà deux adjoints d’origine cambodgienne et algérienne, deux préparateurs d’origine portugaise et kabyle, et moi-même qui suis marocain. »
Cotitulaire de la pharmacie Val-de-Fontenay (Côté Pharma) implantée dans le centre commercial Auchan à Fontenay-sous-Bois, Christophe Drocourt a, lui, décidé de donner sa chance à Carelle, une pharmacienne belge dans le cadre d’un remplacement d’une autre adjointe pendant six mois. « C’était quelqu’un que l’on connaissait déjà car elle s’était présentée plusieurs fois à la pharmacie pour savoir s’il y avait des opportunités de poste. Alors, lorsque Pharm-Emploi nous a transmis son CV parmi les autres candidatures, nous nous sommes dit que c’était le moment lui faire passer un entretien. » Un entretien que Christophe Drocourt a abordé comme n’importe quel autre. « J’ai simplement insisté sur les choses qui pouvaient être différentes dans les pharmacies belges. Je me suis par exemple rendu compte que le système belge est beaucoup plus rigide sur les médicaments remboursables et que les prix étaient imposés sur les médicaments non remboursables. »
Valider les références
Pour Jean-Luc Sicnasi, directeur général de 3S Santé, un cabinet de recrutement et d’intérim spécialisé dans l’officine, l’entretien avec un pharmacien étranger doit être le même qu’avec un français, à quelques exceptions près. « Il faut d’abord s’assurer qu’il est bien inscrit à l’Ordre et que son diplôme est validé par la France [voir encadré]. Il faut également vérifier qu’il possède une pièce d’identité et éventuellement une carte de séjour ainsi qu’une autorisation de travail. Enfin, je valide toujours les références du candidat afin de m’assurer que ses précédentes collaborations se sont bien déroulées. »
Pour la délivrance de médicaments au comptoir, Tariq Benhalima a investi dans la formation de sa nouvelle assistante. « Si l’on veut garantir une délivrance dans les meilleures conditions, il faut reprendre les choses à la base, et ce n’est pas toujours facile à accepter lorsque l’on est docteur en pharmacie. Il a donc fallu que Najada accepte d’avoir un assistant ou moi-même présent à ses côtés à toutes les étapes. » Christophe Drocourt a lui aussi été obligé de mettre à niveau les compétences de sa pharmacienne belge. « Carelle n’a pas suivi la même formation que nous, elle ne connaissait pas les us et coutumes de notre sécurité sociale et de nos mutuelles. Nous lui avons donc demandé dans un premier temps de passer par une phase d’observation avant de pouvoir délivrer des ordonnances. »
A l’heure du bilan, les deux titulaires ne regrettent pas cet investissement. « Carelle s’est très bien intégrée à l’équipe et se montre très agréable avec les clients, confie Christophe Drocourt. Sur le plan des connaissances scientifiques, je n’ai rien à dire, car même si elle n’a pas encore les mêmes responsabilités que mes autres adjoints qui sont là depuis longtemps. » Pour Tariq Benhalima, le bilan est également positif. « Avec Najada, je ne me suis pas trompé. Il y a chez elle une motivation extrême qui lui a permis de se fondre très vite dans notre mode de fonctionnement qui exige beaucoup de chaleur humaine, de sensibilité, de rapidité… Nous allons d’ailleurs tout faire pour la conserver dans l’équipe à la fin de son contrat, même si elle attend un bébé… », conclut-il.
RéglementationLes conditions d’exercice en France
L’exercice de la profession de pharmacien en France est subordonné à l’inscription au tableau de l’Ordre, à une bonne connaissance de la langue française ainsi qu’à des conditions de nationalité et de diplôme.
Peuvent exercer dans l’Hexagone :
– les ressortissants européens s’ils justifient de la nationalité d’un pays de l’Union européenne ou de l’Espace économique européen ;
– les ressortissants de la principauté de Monaco lorsqu’ils sont titulaires du diplôme ;
– les étrangers non communautaires dès lors qu’ils sont titulaires du diplôme d’Etat français de pharmacien ou de docteur en pharmacie (dans la limite des quotas définis par le ministère de la Santé) ;
– les diplômés québécois et suisses qui font l’objet d’accords spécifiques.
En ce qui concerne les diplômes délivrés au sein de l’UE/CEE qui figurent sur la liste de l’arrêté du 13 février 2007 modifié, la reconnaissance est directe. Le demandeur doit adresser àla section de l’Ordre dont il relève une copie de son diplôme en l’accompagnant d’une traduction réalisée par un traducteur agréé.
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