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Noir c’est noir !
S’il existe un secteur d’activité qui n’est pas touché par le chômage dans le Nord, c’est bien l’officine. Comme souvent un peu partout en France, le département manque de pharmaciens diplômés. Et la situation empire au fur et à mesure que l’on s’éloigne de Lille.
Bordé par la frontière belge sur 350 km, le Nord est terre de contrastes : 12,4 % de taux de chômage après 14,6 % fin 1999, avec un mini en Flandre-Lys (8,4 %) et un maxi en Sambre-Avesnois (15,5 %). Si le secteur textile est en grande difficulté, celui de l’automobile est florissant, et le Nord est le premier pôle européen de la VPC. Capitale européenne de la culture 2004, Lille, avec son agglomération, totalise un million d’habitants et concentre nombre d’activités, dont la faculté de pharmacie.
Le Nord compte 974 officines, plus 5 mutualistes et 14 de sociétés de secours minières, pour un effectif salarié en 2002 de 5 146 personnes (source Assedic). Au 1er janvier 2003, on dénombrait 1 081 pharmaciens en section A et 954 inscrits en section D (dont 811 femmes).
Selon les données de l’ANPE pour l’année 2003, l’équilibre entre demandes et offres d’emploi est quasiment atteint : 109 demandes (dont 48 de moins de 35 ans) et 104 offres pour le métier de pharmacien, et 286 demandes (dont 169 de moins de 30 ans) et 269 offres pour celui de préparateur.
Pour autant, ces données ne reflètent pas la réalité : « Il faut compter avec le marché caché », explique-t-on à l’ANPE. En clair, le marché de l’emploi en officine est loin d’être équilibré, tant il y a pénurie de personnel. Les annonces publiées par les répartiteurs en témoignent : 22 offres pour 3 demandes en mars 2004 par Ouest Répartition, 80 offres et 8 demandes sur le site Internet de l’OCP pour le Nord, 35 offres et 25 demandes dans CERP Matin pour le Nord-Picardie…
Tous les acteurs de la pharmacie en conviennent, le Nord manque d’assistants. Pierre Bertolino, pharmacien inspecteur régional de santé, estime ce manque à une centaine. Le problème est d’autant plus criant qu’une dizaine de pharmaciens n’ont-ils pas été condamnés en chambre de discipline l’an dernier pour des « absences injustifiées » ?
« Tout le monde est mécontent », reconnaît Jean Arnoult, président du conseil régional de l’Ordre. Et ce d’autant plus que l’on s’éloigne de la métropole nordiste : « C’est la guerre entre nous pour trouver », explique un pharmacien maubeugeois. Michel Gauthier, de Solre-le-Château – « au bout du monde », dit-il – reconnaît qu’il a eu une chance exceptionnelle de trouver deux étudiantes du secteur. Il en embauchera une et l’autre ira chez un confrère, à 15 kilomètres de là. Pour expliquer son départ précoce à la retraite à 58 ans, le Berguois Michel Squedin avance trois raisons : « Une création à côté de chez moi, les 35 heures et les difficultés de l’emploi. »
Lille également touchée.
Ces difficultés d’embauche s’étendraient depuis peu à la métropole lilloise, même si Guy Lepelley, titulaire à Tourcoing, dit ne pas rencontrer de problème particulier : « Je pense qu’il faut rétribuer correctement son personnel », explique-t-il. « ça dépend du secteur géographique et de sa réputation », précise le Lillois Yves Siroux, installé près d’une station de métro.
N’empêche, les salaires témoignent de la pénurie. « Les indices de base sont de 450 à 500 pour les non-thésés, 500 à 550 pour les nouveaux thésés, 600 pour un assistant », indique Michel Gauthier, qui y ajoute pour sa part une indemnité de fin de contrat, un treizième mois et un plan d’épargne entreprise (PEE) avec abondement jusqu’à 1 100 euros par an. Et l’on serait même monté récemment jusqu’à 800 dans le Sambre-Avesnois !
Les plus heureux seraient dès lors les étudiants. Maxime, en cinquième année à Lille, en est par exemple, depuis le début de ses études, à 1088 heures travaillées en pharmacie. Besoin d’argent de poche parfois, nécessité de financer ses études plus souvent, les étudiants profitent des offres affichées à la corpo moyennant une cotisation de 8 euros.
Le boom de l’intérim.
L’intérim a aussi sa part de ce marché de l’emploi de remplacement, de l’ordre de 15 % dans le Nord. Pharm’Appel est présente à Lille depuis le 1er janvier 2003. Quick Médical Service est là depuis plus longtemps : « Il y a bien pénurie, explique sa responsable Charlotte Preys. Dans le Nord, l’an dernier, 60 % de nos nouveaux intérimaires sont des pharmaciens et 50 % habitent Lille. 17 % sont même d’anciens titulaires intéressés par un mode de vie moins stressant et diversifié (hôpital, clinique, industrie, oxygénothérapie…). Mais nous n’avons pas assez de personnes en fichier. »
Et ce n’est pas l’augmentation du numerus clausus – quinze ans durant cantonné à 151 admissions -, à 157 en 2002 et 169 cette année qui comblera les manques. « Lille a commencé à 182, indique Daniel Vion, doyen de la faculté de Lille, et la faculté pourrait tourner entre 175 et 180, sans coût supplémentaire. »
Pour Alain Gaudefroy, président du syndicat des pharmaciens du Nord : « Si l’on veut voir davantage de pharmaciens – mais aussi de préparateurs – se diriger vers l’officine, il faudra que la profession propose aux jeunes un profil de carrière, une attractivité comme le PEE ou les chèques vacances, et toiletter aussi la grille des salaires… »
Même constat de manque pour les préparateurs. Si en 2001 le nombre de diplômés de l’académie de Lille a été de 272, il est descendu en 2002 à 247 et à 223 en 2003. Insuffisant, disent les pharmaciens, dont certains contestent la qualité de la formation, notamment depuis l’instauration du BP en deux ans.
Si Denis Hochart, directeur de l’Association régionale des cours professionnels de la pharmacie, se félicite du niveau d’emploi et de la bonne fidélisation dans l’entreprise formatrice des apprentis, Etienne Coquet, responsable formation CFA Pharmacie au lycée Edmond-Labbé de Douai, souhaite un plus grand engagement des pharmaciens comme maîtres d’apprentissage (« la plupart ne prennent des apprentis que pour les garder, mais il y a ceux pour qui c’est une charge trop importante ») et, pourquoi pas, une revalorisation salariale.
quelques chiffres
– Une centaine de postes d’adjoints ne serait pas pourvue dans le Nord.
– Les coefficients proposés sont de 450 à 500 pour les non-thésés, 500 à 550 pour les thésés, et 600 pour les confirmés (et jusqu’à 800 en Sambre-Avesnois).
– En 2003, l’ANPE proposait 269 offres de préparateurs.
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