L’équipe sans frontières

– Leur histoire

René Maarek est installé depuis neuf ans à Montreuil (93) dans une officine de centre-ville ouverte 24 heures sur 24, petite par la taille (12 m2 de surface de vente) mais importante par le CA (3,5 MEuro(s)). La pharmacie Maarek compte 20 collaborateurs, dont six adjoints et quatre préparateurs.

– Pourquoi ça marche ?

– Le point de vue du titulaire. « Je recrute mes collaborateurs sur leurs qualités humaines, leur souplesse et leur capacité d’adaptation. Et je suis sincère avec eux sur la difficulté des conditions de travail liée aux horaires et à l’environnement social. »

Est-ce le côté multiethnique de l’équipe (Algérie, Maroc, Tunisie, Comores, Sénégal, France) ? En tout cas il règne dans l’officine une ambiance conviviale, presque fraternelle. Il est donc logique de retrouver, avec la confiance, la tolérance comme un des secrets avancés par René Maarek pour expliquer un tel esprit d’équipe. Il respecte notamment les coutumes religieuses de chacun : des collaborateurs musulmans font par exemple leur prière dans l’arrière-boutique. « Mon équipe s’est également soudée par rapport à l’adversité extérieure. J’essaye aussi d’avoir avec chacun des relations personnalisées et non autoritaires. » René Maarek dit aussi avoir fait le pari du nombre : embaucher plus de collaborateurs qu’il ne lui en faudrait (et mieux payés que la moyenne) pour diluer la pression et le stress, donner à chacun un certain confort dans l’exercice quotidien.

« Certains partent pour tenter d’autres expériences, puis demandent à réintégrer l’équipe quelques mois plus tard ! » Ce qui n’empêche pas le titulaire de proposer à tous ceux qui voudront créer une SEL de participer à leur projet.

– Le point de vue des collaborateurs. Leur principale motivation ? Le respect et l’amitié pour leur patron. Laurent Chabanier, adjoint depuis un an et demi, témoigne : « J’aime son côté bonhomme et sympathique, ouvert et facile d’accès. J’ai passé outre l’environnement et j’ai eu raison. Il existe une véritable osmose au sein de l’équipe malgré des différences culturelles très marquées. René Maarek n’est pas directif. Il fait totalement confiance à son personnel et lui délègue tout, ce qui est valorisant en soi. Il manage sans en avoir l’air, suggère les choses, joue sur la délicatesse des facteurs psychologiques. Lorsqu’il n’est pas satisfait il le dit, les situations sont toujours franches, claires et il n’y a jamais de rancune. »

Un enthousiasme partagé par Jamila Iddoud, préparatrice depuis quatorze ans dans l’officine : « Je suis restée lorsque René Maarek a repris l’officine parce que j’ai tout de suite vu qu’il était compréhensif, arrangeant et très humain. On peut lui parler avec sincérité : tout problème a toujours une solution… Il est franc et il tient toujours parole. L’équipe est une grande famille. Pour moi l’officine est comme une seconde maison. Ici on travaille, l’affaire marche, mais c’est cool ! »

L’AVIS DU CONSULTANT

– Les valeurs fortes

On est « authentique » (« ouvert et facile d’accès », « franc »…), humain (« compréhensif, arrangeant ») – valeurs indispensables en pharmacie – et dans la confiance, ce qui permet aux collaborateurs de s’épanouir.

– L’excès de style

Tout déléguer n’est pas raisonnable. Un chef d’entreprise ne peut pas tout déléguer. Par ailleurs, la confiance doit avoir ses limites. Un manager a nécessairement besoin de cadrer, déléguer n’est pas laisser faire. Enfin, attention au risque de manipulation et d’insincérité (masque) chez les managers qui se présentent comme capables de tout accepter, de tout comprendre, de faire confiance à tout le monde ! On peut alors se poser la question de l’authenticité…