Hélène Cattoire : Un drôle de zèbre

Le parcours d’Hélène Cattoire est à l’image de sa personnalité, toujours en mouvement, les postes se succédant avec, à chaque fois, un challenge à relever… Il est aussi significatif des nombreuses opportunités qu’offre le diplôme de pharmacien, pour peu que l’on ose braver les a priori et sortir des sentiers battus.

Diplômée de la filière industrie, la jeune femme opte pour un troisième cycle dans une école de commerce de prestige. « Je souhaitais faire du marketing, un troisième cycle ouvrait des portes m’avait-on dit. » Et en effet son stage de fin d’études chez Roche se solde immédiatement par une embauche. « Je suis entrée dans ce laboratoire comme déléguée médicale, c’est une très bonne expérience de terrain. Cela permet de prendre la mesure du quotidien des médecins, se souvient-elle. Cela oblige à se désinhiber : c’est une vraie école de communication. » Mais si Hélène met en exergue les atouts, comme le côté formateur de ce premier contact avec le terrain, elle reconnaît aussi la difficulté du métier de visiteur médical : « Le travail est astreignant, difficile à planifier et qui oblige à être sans arrêt sur la route. »

« Le chef de produit est un véritable chef d’orchestre »

Après dix mois et selon l’accord passé avec les laboratoires Roche lors de son embauche, Hélène devient chef de produit en dermatologie. Elle gère alors Roaccutane gel et l’ensemble de la création d’une toute nouvelle gamme de dermocosmétique, Hydracutane. « C’était une aventure passionnante, de la formulation jusqu’à sa commercialisation en passant par la fabrication, je devais gérer toute les étapes. Il nous a fallu deux ans pour lancer la gamme ! Cela demande beaucoup de persévérance et de force de conviction, car il s’agissait aussi obtenir l’adhésion en interne sur un produit complètement nouveau par rapport à l’identité du laboratoire Roche basée sur les produits « éthiques ». » Une expérience qui lui permet déjà d’apprendre à gérer un projet de A à Z. « Le chef de produit est un véritable chef d’orchestre. Il doit organiser et mettre en scène son produit. » Elle prend aussi goût à la communication. « Les rédacteurs des journaux internes du laboratoire venaient souvent me demander des infos, nous avons beaucoup communiqué sur cette gamme », explique-t-elle.

Fin 1992, Hélène quitte les laboratoires Roche pour suivre son mari muté aux Etat-Unis pour trois ans. Prudente, elle garde toutefois contact avec son milieu professionnel et notamment avec les agences de communication avec lesquelles elle a travaillé. « A mon retour, j’ai tout de suite repris contact. » L’agence spécialisée en communication santé Sudler amp;amp; Hennessey lui offre un poste de responsable des projets internationaux. « C’était un challenge pour eux, qui m’embauchaient alors que je n’avais aucune expérience en agence, et pour moi qui avait de nouveau tout à prouver », se remémore-t-elle.

Zebra Santé pour pouvoir exprimer sa personnalité

Sa mission principale consiste à adapter la communication internationale des laboratoires clients de la société aux spécificités du marché français. « Nous avons travaillé par exemple sur Dove pour lequel il existe un programme médical depuis de nombreuses années destiné aux dermatologues et aux pédiatres. Nous adaptions les messages de communication à notre marché à partir des éléments décidés à l’international. » Le côté relationnel joue une fois de plus un rôle important : « Le contact avec les représentants français de la marque était fondamental, il fallait être crédible et créatif tout en conservant l’esprit de la campagne décidée pour l’ensemble des pays. »

Une autre mission se dessine. « Faire partie d’une équipe internationale, cela implique aussi de proposer des idées à la maison mère lorsqu’un projet est lancé. Nous avions souvent des réunions entre membres des différents pays pour travailler sur des appels d’offres en commun », explique-t-elle. Le travail en agence convient parfaitement à cette battante : « On est toujours confronté à des situations nouvelles pour lesquelles il faut inventer des solutions sur mesure, c’est un enrichissement mais aussi une remise en cause perpétuelle. »

Rapidement, Sudler amp;amp; Hennessey lui propose de créer une filiale en France de leur structure « intramedical », une division « relations professionnelles » qui a en charge la formation continue au travers de l’organisation de congrès. Il s’agit notamment d’élaborer le contenu scientifique, de recruter les orateurs et de coordonner leurs interventions. « Parfois des laboratoires nous appelaient en nous disant : « Nous voudrions organiser des cycles de réunions, nous n’avons pas de sujets précis mais il faut que cela plaise aux médecins et aux délégués médicaux »… »

A la tête de cette petite structure relativement autonome au sein de l’agence internationale, Hélène se prend à vouloir voler de ses propres ailes. L’automne 2001 sera celui de toutes les audaces, avec l’appui de ses anciens amis de sup de co elle fonde Zebra Santé. « J’ai choisi d’axer ma société sur la formation des professionnels de santé. Pendant toutes ces années, mon travail a été principalement dirigé vers les médecins, j’avais envie aussi de m’adresser aux pharmaciens », reconnaît-elle. Les plus grands laboratoires lui font tout de suite confiance. Elle élabore un module de formation sur Xenical pour les laboratoires Roche, anime le stand Janssen-Cilag aux Journées francophones de pathologies digestives à Nantes, propose une formation à l’officine sur NiQuitin pour le compte de GSK.

« La formation in situ à l’officine est l’une des activités de la société Zebra. Nous travaillons aussi sur des projets de réunions en soirée, mais actuellement le développement est à la formation du personnel de l’officine. La formation in situ dans le cadre des 35 heures à l’officine est donc bien plus adaptée », précise-t-elle.