Faut-il avoir le profil ?

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Publié le 13 juin 2003
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Faut-il répondre à une annonce même si on ne correspond pas exactement aux critères recherchés par l’employeur ? Trois spécialistes du recrutement expliquent les cas bien précis où le profil n’est pas un critère exclusif.

Répondre à une petite annonce n’est jamais inutile même si on n’a pas exactement le profil. Il ne faut pas s’arrêter au titre mais bien lire l’annonce, cerner le profil du poste et sentir si ce que l’on a pu faire auparavant peut compenser. D’un autre côté, il ne faut pas répondre tous azimuts car on risque de dévaloriser sa candidature », résume Xavier Mansard, du cabinet A. Aston.

En d’autres termes, il s’agit avant tout d’une question de bon sens par rapport à sa personnalité, à son parcours. Vouloir répondre pour un poste en marketing si vous avez un profil ciblé « production » relève tout simplement de la gageure. Si l’annonce est très précise, en termes d’expérience, de technicité, il est difficile de passer outre ces critères si vous ne les avez pas. En revanche, si vous êtes proche de la cible, foncez ! La société ou le consultant jugera si vous êtes intéressant ou pas.

Double compétence : le bon ticket.

Prenons tout d’abord la formation. L’annonce mentionne une formation complémentaire bien précise : un DESS en galénique, un troisième cycle marketing, etc. Vous n’avez pas cette formation mais vous avez effectué un stage ou avez été embauché pour un poste à contrat à durée déterminée (CDD). Avez-vous des chances d’être retenu ? « L’absence de formation complémentaire peut être compensée par l’expérience acquise au cours du stage ou du CDD. La personnalité du candidat est un aspect qui est en outre pris en compte », indique Xavier Mansard.

Pour Véronique Mougin, du cabinet 3S Santé : « La double compétence est le ticket d’entrée pour obtenir un entretien. Si le candidat n’a pas de spécialisation, il ne sera pas retenu, sauf s’il a de l’expérience dans le domaine. Il pourra alors y avoir balance entre un candidat avec spécialisation et un candidat avec expérience. Toutefois, le DESS permet d’avoir les bases, de balayer tous les aspects d’un domaine (la législation pharmaceutique en production par exemple), ce qui n’est pas le cas du stage. De toutes les manières, on retiendra toujours le candidat qui possède à la fois la spécialisation et l’expérience. »

Les « débutants expérimentés ».

Par rapport à la durée d’expérience exigée, vous pouvez dans certains cas, et si vous êtes dans la cible, répondre même si vous n’avez pas ces années de pratique. Par exemple, si vous lisez dans l’annonce « un an d’expérience » mais n’avez effectué que six mois de stage, vous pouvez postuler. De même si on recherche des « débutants expérimentés », c’est-à-dire des jeunes diplômés qui ont multiplié les stages et qui se professionnalisent de façon précoce. Si, par exemple, le candidat a fait un stage au niveau de l’encadrement du personnel, il sera plus rapidement opérationnel et peut donc prétendre à une bonne expérience de terrain.

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Autre cas : si vous avez à votre actif deux à trois ans d’expérience, vous pouvez tout à fait répondre aux annonces mentionnant « cinq ans d’expérience ».

Les postes « pointus ».

Un certain nombre d’annonces mettent en avant des critères pointus pour définir précisément la technicité ou le niveau d’expertise du poste. Un exemple : on recherche un chef de produit avec une expérience en neurologie. Si vous avez un excellent CV mais une expérience dans un autre domaine comme l’oncologie, vous ne serez pas sélectionné. « Lorsqu’on indique dans l’annonce des compétences précises en marketing, il faut savoir que l’on recherche une expérience du marché, des produits, des aspects concurrentiels, etc. La connaissance parfaite du domaine est essentielle, plus que le profil général », précise Véronique Mougin.

Si toutefois votre profil se rapproche intimement de la cible (une expérimentation sur tel animal au lieu de tel autre par exemple), cela vaut la peine de répondre. « Il y a environ 20 % de postes à haute technicité non pourvus faute de candidat. Il ne faut donc pas hésiter à tenter sa chance même s’il existe des éléments en décalage par rapport au profil de l’annonce, constate Olivier Marquis, du cabinet Antenor. Par rapport aux critères techniques, on a au départ un cahier des charges très restrictif que l’on élargit au fur et à mesure. On a une certaine souplesse dans notre marche de manoeuvre. »

Attention aux langues !

Autre paramètre à prendre en compte : l’anglais courant est demandé pour le poste mais vous ne le parlez pas couramment. Si vous vous « débrouillez » correctement avec cette langue, répondez à l’annonce si vous pouvez compenser ce manque par une qualification, une expérience qui correspondent au profil souhaité. « Lorsqu’il est précisé « parfaite maîtrise de l’anglais indispensable », une candidature émanant d’une personne ne maîtrisant pas totalement la langue pourra être retenue mais le candidat n’ira pas plus loin qu’un premier entretien. Il existe cependant des exceptions : un chercheur de cinq ans d’expérience dans un domaine bien particulier, correspondant au profil mais sans maîtriser complètement l’anglais, peut tenter sa chance », commente Xavier Mansard.

« En recherche et développement, affaires réglementaires, production, on recherche plutôt des profils généraux avec des compétences techniques. En marketing, l’important est de réunir ouverture d’esprit, faculté d’analyser un sujet et adaptabilité. Dans le management ou la vente, c’est la motivation et le dynamisme du candidat qui feront la différence. Un profil général associé à des compétences de négociation vaudront des points au candidat qui s’oriente vers la vente. La capacité à transmettre ses idées, à emporter l’adhésion des autres seront des atouts pour un poste dans le management », conclut Véronique Mougin.

En mettant en avant vos qualités, vous pourrez compenser votre manque d’expérience ou le décalage entre la réalité et le profil recherché. A vous de jouer…

Comment répondre ?

– Evitez le CV type, ciblez-le par rapport à l’annonce : mettre en avant telle expérience, tel stage, choisir telle accroche (« un pharmacien responsable qualité », etc.).

– Dans sa lettre de motivation, ne pas dire « Je corresponds exactement au profil » mais plutôt « Je ne corresponds pas tout à fait mais j’ai tel ou tel atout », et apporter les arguments concrets comme un niveau d’anglais excellent, une expérience à l’étranger…