Vivien Veyrat ou la passion d’enseigner

A peine diplômé de la faculté de Chatenay-Malabry (Hauts-de-Seine) en 2002, Vivien Veyrat lance des séances de commentaires d’ordonnances pour les étudiants, de façon informelle et bénévole entre midi et deux. Très vite, la salle est pleine. Trois ans plus tard, un poste de professeur associé* se libère, et Vivien, déjà bien connu à la faculté, obtient ce mi-temps pour traiter de la médication officinale et du conseil autour d’une ordonnance. L’année suivante, il dépose un projet d’innovation pédagogique pour acheter des boîtiers de vote. Ils permettront aux étudiants de répondre en direct à des quiz, et d’établir un podium. A cette époque, Vivien Veyrat a déjà fait ses premiers pas de pigiste pour Le Moniteur des pharmacies : « Mon maître de stage, Jean-Luc Audhoui, était alors membre du Comité scientifique du Moniteur. Il devait relire les cahiers “Formation” avant leur parution et je les relisais avec lui. Dans la foulée, je l’ai accompagné à la rédaction pour assister à l’une de ces fameuses réunions du comité scientifique. » Le premier cahier de ce jeune auteur sera suivi de bien d’autres, puis d’une place attitrée au sein de l’équipe.

L’année 2010 signe le début d’une belle coopération avec la faculté de médecine du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). Interventions croisées d’un médecin généraliste venu enseigner à la faculté de pharmacie, et de Vivien Veyrat à la faculté de médecine sur le dossier pharmaceutique, l’élaboration d’une prescription… Dans la foulée, notre pharmacien toujours à l’affût d’une nouvelle idée organise des stages qui permettent aux étudiants volontaires de 6^e année (filière officine) de passer quelques jours dans un cabinet médical, tandis que les internes en médecine viennent découvrir le travail dans une pharmacie.

En 2014, Vivien Veyrat imagine le speed-dating, ouvert aux 5^e et 6^e années, sous forme de séquences de deux minutes, aux quatre coins d’une salle, sans préparation, à l’instar du comptoir. Les « patients » sont des pharmaciens ou des médecins, et les sujets sont vastes : commentaire d’ordonnance, question sur une pathologie ou sur un sujet d’actualité, parfois brûlant. La vraie vie.

Pour la rentrée 2018, Vivien Veyrat prépare une innovation, avec la mise en place de la pédagogie inversée. L’étudiant dispose du cours chez lui, par exemple grâce à des séquences vidéos, et ne se déplace à la faculté que pour les exercices d’application, les cas de comptoirs ou les questions. Une révolution déjà en marche dans plusieurs universités. « Le but est toujours le même : motiver les étudiants à venir en cours, qu’ils deviennent actifs, qu’ils puissent résoudre des problèmes tout seuls », souligne-t-il. De leur côté, les étudiants s’estiment chanceux d’avoir eu ce brillant enseignant pendant leurs études et saluent le prix décerné à leur ancien professeur : « J’ai eu la joie d’être un de ses élèves. Je ne peux dire qu’une chose, c’est amplement mérité. Bonne continuation ! », écrit sur le forum du Moniteur des pharmacies un ancien étudiant devenu titulaire.

* Professeur associé : pharmacien titulaire ou adjoint enseignant à mi-temps à la faculté.