Vite un Conseil !

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Publié le 19 avril 2003
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Que vous soyez en phase ou non sur certains sujets ne nous intéressent pas. Ce qui est important, c’est que le Conseil national de la formation continue se mette en place et qu’on avance. » C’est l’appel solennel que Gérard Vaël, président de l’UNOF, a lancé à Jean Parrot et Claude Japhet lors du débat organisé par Le Moniteur sur la formation continue obligatoire. Il faut dire qu’un an après la loi du 4 mars 2002, nous sommes, en apparence, au point mort. Le déblocage pourrait venir du Pré-Conseil, constitué à l’initiative de Claude Japhet, qui est sur le point de remettre au ministre un projet de cahier des charges pour la pharmacie d’officine.

Objectif : montrer au ministre que la branche officinale est capable d’organiser sa propre formation. Et Jean Parrot de lui répondre que la loi doit s’appliquer à l’ensemble des métiers de la pharmacie. Mais la plus grosse pomme de discorde reste la question de la régionalisation des structures. « Comment voulez-vous vérifier ce que 50 000 professionnels, titulaires et adjoints, ont acquis comme connaissances ? C’est rigoureusement impossible. Il faudra bien que cet échelon régional soit construit un jour », assure Jean Parrot. Un point de vue partagé par Patrick Wierre, pharmacien dans le Nord : « Il est indispensable que de telles structures existent car les besoins sont différents. Et puis, il ne faut pas oublier que la formation doit aussi être partagée avec les médecins et ce n’est pas au niveau national que cela doit se décider. » « Mais c’est justement ce qui a fait capoter au niveau des médecins. Ils ont voulu commencer par la régionalisation avant de se préoccuper de savoir comment allait fonctionner l’ensemble, affirme Claude Japhet. C’est le même problème pour le financement. Ne mettons pas la charrue avant les boeufs. Il faut d’abord savoir comment on organise la formation continue, même si nous savons que nous n’aurons pas les moyens, ni le droit de tout financer. » Pour Jean Parrot, passer de 10 % à 20 % de pharmaciens qui se forment actuellement à 100 % ne pourra se faire sans une contribution de tous les acteurs économiques du médicament, « y compris l’industrie pharmaceutique ».

Patrick Wierre est conscient qu’il n’y aura pas de prise en charge totale : « Ce n’est pas du tiers payant ! Il va falloir payer, mais en échange nous voulons des formations locales et de qualité. » « La plus grande difficulté pour le pharmacien, c’est d’adapter ses connaissances à chaque patient. En conséquence, si on se contente de donner simplement des recettes, des protocoles… on se plante. Il faudra donc absolument continuer à donner au pharmacien des formations scientifiques de haut niveau qui lui permettront également de discuter avec les autres professionnels de santé, complète Sylvette Huichard, représentant à la table la conférence des doyens. Il faut bien sûr répondre à cette exigence mais d’abord il importe d’avoir une réflexion construite sur la délivrance active de l’ordonnance et sur le conseil thérapeutique efficient. Une fois ces fondamentaux acquis, on peut ensuite travailler sur les thérapeutiques, et là le champ est très large. »

Mais une priorité de formation se profile déjà à l’horizon : les sorties massives de médicaments de la réserve hospitalière dans moins d’un an. « Si nous ne sommes pas capables de prouver au gouvernement que nous pouvons suivre ces produits à leur sortie, la profession aura raté une chance incroyable », prévient Claude Japhet. Et selon lui cela passe par la mise en place rapide du Conseil national de la formation. « Chacun doit y prêter son concours car c’est la meilleure façon de donner plus de visibilité à la profession, tant au niveau des pouvoirs publics, des caisses que des patients », a assuré Jean Parrot, tout en rappelant que l’Ordre devra ensuite plus particulièrement se charger de l’évaluation des compétences. « Ce sera un autre temps, un autre système, un autre outil », a-t-il conclu.

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Des stages qui changent tout

L’ANEPF a choisi cette année d’aborder la nouvelle organisation des stages professionnels proposée par la Commission nationale pédagogique des études de pharmacie. Un premier stage d’un mois, dit « de découverte », est proposé à l’issue du concours afin de familiariser les étudiants aux autres métiers de la santé. Il est facultatif. C’est le stage d’initiation professionnelle, avant l’entrée en troisième année, qui mettra réellement les futurs potards dans le bain. Il ne dure que six semaines (au lieu de huit pour l’ancien stage de première année). Les stages de cinquième année hospitalo-universitaire et de fin d’études à l’officine demeurent.

La véritable « révolution » concerne le stage officinal d’application réparti en quatre semaines non continues au cours des troisième et quatrième années. Ces courts séjours d’immersion professionnelle s’assimilent en fait à des travaux dirigés réalisés sur le terrain. Chaque semaine est en effet axée autour d’un thème prédéfini comme le système nerveux central, l’appareil bronchopulmonaire ou le diabète.

Si cette réforme n’attend plus que l’aval du ministère pour sa mise en application, Chantal Finance, doyenne de la faculté de Nancy, a décidé de mettre en place à titre expérimental ces nouveaux stages dès la rentrée 2002. Pour cela, elle a demandé aux maîtres de stage leur implication. « Ils doivent connaître les grandes lignes des enseignements dispensés à la faculté et sélectionner par avance les ordonnances de leurs patients. Le bon fonctionnement des stages demande une réelle préparation », estime-t-elle. Et d’organiser une journée de formation, fort bien accueillie puisque 170 pharmaciens ont répondu présents. Au programme : commentaires d’ordonnance et études de cas cliniques autour d’une pathologie. La première semaine « d’application » est prévue en mai, la seconde en juillet. En attendant les premières impressions, on peut déjà se réjouir de voir rétablis de nouveaux liens entre les mondes universitaire et professionnel. – M.L.