Une officinale au plus près du patient

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Publié le 3 juin 2006
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En 35 ans de carrière en officine, Martine Foreau a gardé intact sa motivation. Sa passion : la relation client. Son moteur : offrir un service à la hauteur de ses compétences de pharmacien, qu’elle a accrues en multipliant les DU (orthopédie, homéopathie, médication familiale…). Les clients sont ravis.

J e me destinais initialement à l’industrie. Le dynamisme d’une équipe et le challenge m’attiraient », livre Martine Foreau. Mais son mariage la poussera vers l’officine pour concilier vies professionnelle et familiale. « Mon mari travaillait pour le ministère de la Défense et était amené à changer régulièrement de ville. » Assistante durant trois années, Martine apprend vite à gérer seule une officine. « Mes employeurs, relativement âgés, étaient titulaires d’une officine importante dans un chef-lieu de canton. Ils m’ont laissée très rapidement gérer quasiment seule l’officine. Cela a été dur mais j’en garde un très bon souvenir », se remémore Martine.

Cette première expérience la conforte dans son choix : à 25 ans, elle se lance dans l’aventure de la création, à Châlons-en-Champagne. « Les difficultés n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui, reconnaît-elle. Cette officine avait le gros avantage de me permettre de mener de front mon exercice professionnel et ma vie de famille car elle jouxtait la maison. J’y ai appris à connaître la clientèle, les difficultés, la maladie. Cela a été une expérience humaine très forte et formatrice. Je pense que c’est là que j’ai acquis le sens des responsabilités et l’importance du rôle social du pharmacien. »

Multiplier les compétences.

Les années passant, les possibilités restreintes d’évolution de la pharmacie la laissent sur sa faim. « J’avais l’impression d’avoir fait le tour et j’ai eu envie d’élargir mes compétences », confie-t-elle. Martine retourne donc sur les bancs de la faculté et s’inscrit successivement aux DU d’orthopédie, d’homéopathie, de phytothérapie puis, plus tard, de médication familiale. « C’était une bouffée d’oxygène qui m’a ouvert de nouveaux horizons. J’ai eu envie de mettre en pratique ces nouvelles compétences. Mes enfants ayant grandi, j’ai eu la possibilité de reprendre une officine en Vendée. »

Martine traverse donc la France et découvre une clientèle essentiellement constituée de vacanciers, très différente de sa première officine. Ses horaires sont décalés. « Je travaillais sept jours sur sept. Pas question de prendre des congés entre Pâques et septembre… Au fil des saisons nous retrouvions les mêmes familles. Nous faisions beaucoup de conseils. J’ai pu valoriser tout mon capital formation durant ces douze ans, notamment en accueillant des stagiaires. »

Connaître l’environnement des patients.

Puis vient l’envie et la nécessité de revenir à un rythme plus souple. « J’aspirais à pouvoir profiter de ma famille, enfants et petits-enfants », explique Martine. Elle s’associe donc dans une officine de la banlieue nantaise, à Sautron. « Il existait déjà une activité bien développée. Nous avons travaillé de nouveaux domaines : l’homéopathie, la phytothérapie et les huiles essentielles. » Avec toujours pour ligne de conduite le conseil : « Notre rôle est d’aider nos clients à mettre en mots leurs maux. Cela suppose aussi d’être proche d’eux. »

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Martine s’investit dans le nouveau Plan cancer du gouvernement, comme bon nombre de ses confrères de la région. « Quant la maladie frappe, c’est souvent toute une famille qui est fragilisée. La relation entre le médecin, l’infirmier et le pharmacien est alors très importante, elle permet un meilleur soutien psychologique. » Pour permettre cette proximité, Martine n’hésite pas à se déplacer au domicile de certains de ses clients, afin de mieux comprendre leurs difficultés et connaître leur environnement.

« Au comptoir, il est parfois délicat de demander à un client comment il va. Je me déplace personnellement chez quelques-uns de mes clients cancéreux ou atteints de pathologies graves et qui vivent seuls. J’estime que cela fait partie de nos missions. Cela me permet aussi de mieux les aider à être observant et de prendre en compte l’environnement du malade. » Car pour cette pharmacienne passionnée, l’environnement tient aussi une grande place dans la façon dont elle aborde son métier. « Lorsque les gens entrent dans une pharmacie, ils n’ont pas pour autant envie que tout leur rappelle l’univers du médicament… »

Une officine-jardin.

Quand on se rend à l’officine de Martine, le ton est donné dès le trottoir. Des bacs de jacinthes et de jonquilles et quelques rosiers bordent l’entrée et le petit parking attenant à la pharmacie. A l’intérieur, des bouquets de fleurs fraîchement coupées agrémentent les rayons tandis que des photos de la région, régulièrement renouvelées, décorent les murs. « Les commentaires des clients sont très flatteurs. Certains me disent qu’ils viennent se promener dans notre jardin ou me demandent où j’ai trouvé tel rosier. Le plus beau compliment est celui de ce client sexagénaire qui m’a confié un jour qu’il passait chaque mois à l’officine juste pour voir les photos. »

Autre initiative très appréciée par la clientèle, Martine propose régulièrement des conférences après la fermeture de l’officine. Parmi les thèmes rencontrant le plus de succès : les élixirs floraux, l’homéopathie et les rhumatismes. Un médecin répond aux questions du public tandis que toute l’équipe officinale s’est mobilisée pour préparer panneaux et résumé de la conférence. Une bonne façon aussi de fédérer l’équipe autour d’un projet.

Enfin, cette pharmacienne jamais à cours d’idée a doté son officine d’un coach : « Ayant une formation Sup de co et non de pharmacien, elle apporte un oeil critique extérieur qui nous permet d’avancer », assure-t-elle.

Après 35 ans de carrière, Martine Foreau semble avoir gardé toute sa fougue. Plus les années passent, plus elle apprécie son exercice professionnel. Comme un bon vin. « Deux notions m’ont toujours fait avancer : le fait que j’estime à sa juste valeur le diplôme de pharmacien et ne veux en aucun cas brader les connaissances qu’il m’a permis d’acquérir, et, en second lieu, que jamais je ne banalise une vente », conclut-elle.

MARTINE EN QUELQUES DATES

– Née le 17 novembre 1948 à Nancy.

– 1971 : diplômée de la faculté de pharmacie de Nancy.

– 1975 : création d’une officine à Châlons-en-Champagne.

– 1989 : reprise d’une officine en Vendée.

– 2001 : association dans une officine de la banlieue nantaise.

– 2003 : rachat des parts de son associé.