Un bilan de compétences pour trouver sa voie

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Publié le 29 juin 2002
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A ceux qui ont l’impression de s’être trompé de voie en choisissant l’officine, Aicha Bouabane démontre que l’on peut très bien changer de parcours. Grâce à un bilan de compétences, la jeune pharmacienne travaille aujourd’hui dans l’industrie en tant que visiteur médical.

Sémillante jeune femme, Aïcha Bouabane n’est pas de celles qui regardent les trains partir. La vie, elle ne l’envisage que dans le mouvement, et si elle a choisi la filière officine (« je ne m’étais pas suffisamment penchée sur un projet de carrière durant mes études »), elle n’entend pourtant pas se laisser enfermer dans un avenir tout tracé… Diplômée en 1995, elle commence comme assistante dans une officine de taille relativement modeste. Seul pharmacien, hormis le titulaire, elle jouit rapidement de quelques responsabilités. « J’avais entre autres à gérer l’équipe de préparateurs. Il y avait un bon esprit d’équipe et une ambiance familiale qui m’ont beaucoup plu. J’appréciais beaucoup moins l’emprise de la gestion administrative sur le métier de pharmacien d’officine », confie-t-elle.

Le manque de perspectives d’évolution au sein de cette profession inquiète aussi la jeune femme qui, par le biais des différents partenaires de l’officine, découvre sur le terrain d’autres facettes du métier. « En discutant avec les représentants, j’ai découvert l’industrie d’une façon beaucoup plus concrète que lors de mes études. » Et l’idée fait peu à peu son chemin. « Un ami qui travaillait dans l’industrie pharmaceutique m’a conseillé de faire un bilan de compétences pour y voir un peu plus clair. » Commence alors une introspection et une réflexion sur les pistes à explorer. « Il a fallu pratiquement six mois, un bilan psychologique, divers entretiens pour définir, selon ma personnalité et mes souhaits, la meilleure solution », se souvient Aïcha qui s’est tournée vers une société spécialisée dans les bilans de compétences. Elle s’oriente finalement vers le métier de visiteur médical qui lui « offrait à la fois une bonne connaissance du terrain et la possibilité ensuite de bifurquer vers le marketing ». Une fois le choix arrêté, encore faut-il obtenir le diplôme. « Avec les équivalences scientifiques, j’ai pu réaliser ces études sur six mois. » En mai 2001, son nouveau diplôme en poche, Aïcha Bouabane démissionne et se lance à la recherche d’un premier emploi dans l’industrie pharmaceutique. « J’ai fait des investigations via tous les vecteurs possibles : Internet, presse, cabinets de recrutement et bien sûr relationnel », précise-t-elle.

Le stage effectué dans le cadre de l’école de visiteur médical s’avérera la piste la plus payante. « En juillet je décrochais un premier CDD chez Aventis. » Sur le terrain, Aïcha Bouabane apprend à gérer un secteur géographique, à composer avec les modalités de réception des divers médecins généralistes ou spécialistes et à organiser son emploi du temps pour réaliser un nombre de rendez-vous préalablement défini. « Nous devons assurer en moyenne six visites par jour, mais cela varie d’une journée à l’autre en fonction du temps que nous consacre chaque médecin visité mais aussi de l’éloignement géographique. Les débuts ont été un peu difficiles. A l’inverse du travail officinal, il n’y a pas, sur le terrain, de travail d’équipe. On est seul dans sa voiture et seul à gérer l’emploi du temps quotidien. »

Avec le temps, la connaissance des lieux aidant et le contact établi avec les médecins de son secteur (elle a en charge la visite de quelque deux cents médecins dont une vingtaine de rhumatologues installés en ville), Aïcha découvre les bons côtés de son poste. « Les relations dépendent beaucoup des médecins. Elles sont souvent plus faciles avec les spécialistes qui apprécient particulièrement la bonne connaissance que j’ai du médicament du fait de ma formation de pharmacien. Les généralistes ont très peu de temps à nous consacrer et se montrent parfois moins curieux vis-à-vis des produits. Il faut aussi être vigilant pour ne pas se faire manipuler et s’engager dans une discussion, certes fort intéressante, mais dans laquelle on parlera de tout sauf du médicament. »

Comme tous les visiteurs médicaux qui travaillent dans son unité, Aïcha Bouabane a en charge la présentation de trois produits. « Nous sommes quatre visiteurs et avons chaque fois deux médicaments en commun, ce qui permet de représenter plusieurs fois le même produit avec un visiteur différent au même médecin. Un prescripteur important peut être visité six à huit fois dans l’année. Parallèlement, la campagne de communication évolue : le visuel et la campagne changent trois fois par an. » L’objectif d’Aïcha : présenter le produit et le représenter afin que le médecin en retienne les idées clés. « Nous nous appuyons sur une trame commune, mais il faut ensuite adapter son discours et la présentation des produits à la clientèle du médecin. »

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Presque un an après son entrée chez Aventis, après la reconduite de son CDD, la jeune femme ne regrette rien : « Je réalise aujourd’hui combien le bilan de compétences m’a renforcée dans mes choix, d’autant que j’ai toujours gardé le contact avec la société qui m’avait mise sur ces rails. Je participe régulièrement à des réunions avec d’autres ex-candidats et je sais que je peux compter sur eux pour prendre la bonne décision si une opportunité de poste se présente. » Bien sûr, en débutant une carrière de visiteur médical, Aïcha Bouabane a dû consentir une perte de salaire fixe. « Mais si le salaire brut est d’environ 2 000 euros, nous avons d’autres avantages comme le 13e mois, une voiture de fonction et des primes trimestrielles. » Elle tient à mettre en garde les étudiants : « Quand on commence la faculté de pharmacie, on s’engage sur six ans et on ne sait pas où l’on va vraiment. Il ne faut pas se laisser porter par ses études mais multiplier les contacts et les stages, se renseigner, s’ouvrir le maximum de portes pour pouvoir ensuite bien définir son objectif professionnel… »

En pratique

– Instauré depuis 1991, le bilan de compétences permet à tout salarié de faire le point sur ses aptitudes professionnelles. Il peut se faire à l’initiative de l’employeur dans le cadre du plan de formation ou bien à la demande des salariés. Il peut être pris en charge par le biais du Fongecif (Fonds de gestion des congés individuels de formation) de votre région. Voici quelques adresses où s’informer :

-> APEC : 51, boulevard Brune, 75014 Paris, tél. : 01 40 52 20 00.

-> CGIBC de l’Est francilien (Groupement des centres institutionnels de compétences) : 68, avenue du Général-de-Gaulle, 94022 Créteil, tél. : 01 45 17 08 17.

Cabinets privés :

-> Groupe Axcess : 8, rue de Berri, 75008 Paris, tél. : 01 53 76 86 00.

-> Anode Management : 60, rue Caumartin, 75009 Paris, tél. : 01 44 53 87 87.

Aïcha en six dates

25 décembre 1970 : naissance à Alger.

1995 : obtention de son diplôme de pharmacien (études à Paris-V, filière officine).

Octobre 1996 : entre comme assistante à la pharmacie du Marché à Nanterre.

Mai 2001 : démissionne de son poste d’assistante.

Juillet 2001 : décroche un poste de visiteur médical chez Aventis.

Juin 2002 : toujours en poste chez Aventis, Aïcha envisage de faire un DESS marketing en parallèle.