QUATRE VRAIES RAISONS DE LANCER UN PLAN DE FORMATION

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Publié le 18 juin 2011 | modifié le 19 août 2025
Par Françoise Sigot
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Pas souvent prioritaire, la formation continue est plutôt vécue comme une contrainte pour une majorité de pharmaciens. Pourtant, de plus en plus d’outils permettent de concilier formation et continuité de service au sein de l’officine.

Dans la pharmacie de Marcel Davy, il n’est pas question de prendre la formation par-dessus la jambe. « Elle est indispensable pour accroître le niveau de service. C’est pourquoi, chaque année, nous allons bien au-delà de l’obligation légale de formation. » Dans sa pharmacie installée dans un centre commercial à Poitiers, ses 23 collaborateurs ne peuvent pas y échapper. « Lorsque nous recrutons, nous insistons auprès de la future recrue, au moment de l’entretien d’embauche, sur l’investissement qui devra être consenti en matière de formation. En cas de réticence, nous n’embauchons pas la personne », explique le titulaire. Mieux, depuis juillet dernier, Marcel Davy impose à ses salariés une clause de « dédit formation » dans leur contrat de travail. « Si le salarié bénéficie d’une formation d’une journée, il s’engage à ne pas démissionner avant au moins deux mois. Si la formation est de deux jours, ce laps de temps est porté à 4 mois et ainsi de suite. » Or, rares sont les pharmaciens à mener une stratégie de formation aussi aboutie. Pourtant, les raisons de créer une vraie politique d’amélioration continue des équipes existent.

1 Des cotisations systématiques

Les officines, comme toute entreprise, s’acquittent d’une cotisation annuelle pour former leurs équipes. « Pour les pharmacies, la formation est de surcroît une obligation prévue par le Code de déontologie », précise Maître Matthieu Blaesi, avocat au sein de la SCP d’avocats Sapone-Blaesi. Les cotisations versées aux organismes collecteurs (OPCA-PL pour les salariés ou FIF-PL pour les titulaires) permettent de financer des plans de formation, dont le contenu doit être défini pour chaque officine en fonction de ses besoins, mais aussi des actions entrant dans le cadre du DIF (Droit individuel à la formation). Le plus souvent, ces actions visent à mieux adapter le salarié à son poste de travail et à enrichir son niveau de compétences.

Par ailleurs, les salariés des officines ayant une ancienneté de 24 mois – consécutifs ou non – en tant que salarié, dont douze dans la même officine, peuvent prétendre à des formations longues dans le cadre d’un CIF (Congé individuel de formation). Ce congé est pris à l’initiative du salarié (sous réserve de l’accord du titulaire) pour la formation de son choix, indépendamment des objectifs de l’entreprise.

2 Une organisation souple

« La difficulté majeure est la disponibilité des équipes et des titulaires », reconnaît Brigitte Defoulny, directrice de la société de conseil et de formation Héliotrope. Un argument balayé d’un revers de main par Marcel Davy. « Nous avons organisé les postes en binômes, ce qui nous permet de maintenir la continuité du service lorsqu’une personne est en formation. » Le pharmacien profite de l’entretien annuel pour recueillir les demandes et analyser les besoins de formation de ses équipes. Pour contrer l’argument de la disponibilité, nombre d’organismes proposent désormais des modules de formation à distance via le e-learning. Une formule adoptée par Jean-Noël Joly, titulaire à Angers. « Le e-learning a l’avantage de supprimer les temps de transport et les imprévus. Le temps réservé à la formation n’est jamais différé ou annulé. Mais la formation risque de venir s’intercaler entre deux clients et ne sera alors pas prioritaire. C’est pourquoi nous avons défini, sur le temps de travail, des plages horaires consacrées à la formation pour chaque collaborateur, qui réalise 30 à 45 minutes de formation par semaine. »

3 Un retour sur investissement

En marge de l’organisation, une autre réticence porte sur le retour sur investissement d’une formation, difficile à chiffrer avec précision. « C’est un moyen d’accroître les compétences et d’améliorer le service, ce qui se traduit par une fidélisation de la clientèle existante et un gain évident de nouveaux clients », renchérit Brigitte Defoulny. La consultante est persuadée que, si beaucoup de pharmaciens hésitent à former leurs équipes, c’est aussi par manque d’information. « Les titulaires et les collaborateurs doivent prendre l’habitude de consulter régulièrement les actions proposées par les organismes collecteurs. »

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4 Un nouveau dispositif obligatoire

L’entrée en vigueur du DPC (Développement professionnel continu) prévue dans la loi HPST devrait généraliser l’accès à la formation dans les officines. Ces nouvelles dispositions devraient, en effet, conduire à des obligations de formation pour les pharmaciens et leurs équipes. « Aujourd’hui, dans beaucoup d’officines, la formation n’est pas une priorité, le DPC aura le mérite de clarifier les obligations et surtout de mettre en place des systèmes d’indemnisations », note Xavier Desmas, membre du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. Toutefois, rappelle Gilles Bonnefond, président délégué de l’Uspo, « le principal handicap d’une formation est de déplacer les équipes, d’où la nécessité de développer des outils de formation à distance. Sinon, la mise en œuvre sera difficile pour les officinaux. »

Une opportunité pour les pharmaciens

Entrée en vigueur en mai 2010, la formation conventionnelle continue (FCC) doit permettre l’actualisation et l’amélioration des connaissances acquises, ainsi que l’apprentissage des nouvelles pratiques professionnelles dans un objectif de santé publique. En 2011, douze thèmes ont été retenus. Chaque pharmacien titulaire, signataire de la Convention nationale pharmaceutique, dispose dans le cadre de la FCC de six journées de formation par an (à prendre d’ici le 31 décembre pour l’année 2011). Mais il peut les déléguer à un ou plusieurs adjoints. Les formations sont prises en charge par l’Uncam. Elles sont donc gratuites pour le pharmacien. Chaque journée de formation donne également droit à une indemnisation du pharmacien titulaire de 330 euros pour perte de ressources.