Préparatrices et préparateurs : et si on changeait leur nom !

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Publié le 12 décembre 2020
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Dernièrement, le ministre de la Santé a poussé la porte d’une officine parisienne pour se rendre compte des conditions de la réalisation des tests antigéniques par les pharmaciens de ville. Visite concluante, de l’avis du ministre, qui, à la suite, n’a pas manqué de souligner l’implication de l’ensemble du réseau officinal depuis le tout début de l’épidémie…

Outre l’effet d’annonce suscité par le sérieux avec lequel Olivier Véran « trace » l’avancée des opérations, un élément est à retenir dans cette scène : la présence d’un préparateur. D’autant que c’est ce dernier qui a effectué le prélèvement. Sa présence démontre sans conteste que les efforts fournis par le monde officinal pour assurer toutes les missions qui lui sont dévolues relèvent bien de l’ensemble des diplômés œuvrant en officine.

Pourtant, même si le corps des préparatrices et des préparateurs est bien identifié par le Code de la santé publique parmi les « professions de la pharmacie » et donc comme professionnels de santé (article L.4241-1), il semblerait qu’une instance ministérielle ait mystérieusement occulté l’information. Pour preuve, ces professionnels ont été oubliés lors du don de masques issus des stocks de l’Etat. Ils disparaissent de nouveau des listes de professions pouvant bénéficier de tests Covid gratuits. Fort heureusement [de telles erreurs ont pu être rattrapées, ce qui a] permis qu’ils soient inclus dans les dotations de l’État.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! Car, si des tests Covid peuvent être réalisés sur tout professionnel de santé le désirant, et sur présentation de sa carte de professionnel de santé (CPS), préparatrices et préparateurs n’y ont pas droit car dépourvu (e) s de carte puisque non considéré (e) s comme « professionnels de santé autonomes ».

Où se trouve alors le « bug » qui exclut ce corps professionnel des professionnels de santé ? Sa formation et ses compétences ont considérablement évolué depuis quelques années, alors qu’il est amené à seconder les pharmaciens d’officine. A l’heure où les missions confiées aux pharmaciens de ville tendent à se diversifier, comment ne pas considérer que les préparatrices et les préparateurs sont des ressources inestimables. Sans leur concours, de nombreux titulaires seraient vite submergés. Non pour assurer la gestion de gammes de parapharmacie ou d’autres tâches subalternes, mais dans des registres directement attachés à l’exercice pharmaceutique. La visite du ministre a ainsi mis en évidence une des nouvelles missions auxquelles elles et ils sont amené (e) s à participer. L’acquisition d’un savoir, d’un savoir-faire et d’un savoir-être leur permet une parfaite intégration dans l’équipe officinale.

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Le « bug » aurait-il pour origine la dénomination de ces professionnels ? L’étrangeté de celle-ci n’y est peut-être pas pour rien. Comme l’activité de « préparation officinale » s’est considérablement raréfiée, une bonne partie du public risque de considérer que leur activité se limite à la fonction de vendeuses et de vendeurs ou à la préparation de commandes ! Ce type de représentation ne peut qu’aller à l’encontre d’une modification de leur statut. Face à ce manque de reconnaissance, une des solutions ne serait-elle pas de changer leur nom : pourquoipas « assistant (e) s en pharmacie » ? Leur fonction de seconder des pharmaciens ne serait-elle pas mieux comprise des patients et ne participerait-elle pas plus sûrement à la valorisation de cette profession ?