Destins croisés

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Publié le 5 octobre 2002
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Redevenir assistant !

J‘ai fait partie des derniers dinosaures, travailler seul devient de plus en plus difficile. » Pierre Courpron s’est lancé dans l’aventure en achetant une petite pharmacie de village dans le Gers. « Je me suis endetté pour une officine qui vivotait en espérant la développer, mais c’était juste avant la marge dégressive lissée. Il était impossible d’engager du personnel, je devenais un « prisonnier consentant », avec des horaires déments et une disponibilité permanente, lot des pharmaciens ruraux. » En quatre ans, ce citadin d’origine a réussi à doubler le CA. Malgré tout, le remboursement restait problématique, l’apport étant trop réduit. Après dix ans d’efforts, Pierre Courpron préfère jeter l’éponge et chercher une place d’assistant. « C’était usant et astreignant mais très valorisant. Quand on est seul on est près des gens mais on a tendance à se recroqueviller sur son entreprise et on est moins ouvert à la formation ou aux nouveautés. A un jeune, je dirais attention, l’énorme investissement nécessaire n’est pas payé en retour, dans tous les sens du terme ! »

Course gagnante pour ex-assistant

Je faisais du comptoir, un peu de commandes et de télétransmission. Maintenant, j’ai découvert la gestion d’une officine et je fais tout, c’est presque un autre métier. » A 42 ans, et après dix-sept années d’assistanat à Marseillan, entre Sète et Agde, Gilles Tron a choisi cette année de tenter l’aventure en solitaire à Montpellier. Bien que seul, Gilles Tron n’a pas changé les horaires d’ouverture de la pharmacie des Sabines, implantée au coeur d’un paisible quartier résidentiel ouverte six jours sur sept. « Je ne suis pas déçu, même si je suis passé d’un confort de 35 heures à six jours de travail par semaine, assure Gilles Tron. Gestion, administration, courrier me prennent une à deux heures par jour, ce n’est pas si lourd que certains le disent. Financièrement, je m’en sors bien : j’ai réussi à conserver mon niveau de salaire d’assistant. » D’ici deux à quatre ans, il souhaiterait transférer son officine à une centaine de mètres, sur une avenue très passante. En mettant un terme à son aventure solitaire, son épouse le rejoignant alors pour l’épauler.

Un chiffre d’affaires multiplié par onze !

On peut le dire : en rachetant en 1996 l’officine parisienne de Micheline, Thierry Lambert a fait une bonne affaire. La titulaire, alors âgée de 84 ans, ne voyait qu’une dizaine de clients par jour dans sa pharmacie vétuste, son CA culminant à 500 000 francs. La transaction, elle, s’est élevée à 1,15 MF. Et durant un an, Thierry Lambert a travaillé seul… avec maman qui rangeait les commandes et « papotait » avec les clients pour les faire patienter. La clientèle affluant, les embauches n’ont pas tardé. D’un apprenti au début, il emploie actuellement une préparatrice à temps plein et deux assistantes (dont une à temps partiel), pour un CA de 838 500 Euro(s). Le rachat d’un local attenant à l’officine lui a permis d’agrandir l’été dernier sa surface de vente, et de gagner des linéaires de parapharmacie, secteur qu’il a développé en partant du néant.

Une réussite économique mais un bilan mitigé : « Si j’avais à recommencer, je m’associerais dès le départ. Il faut absolument pouvoir s’échapper de temps en temps pour que l’exercice officinal ne devienne pas une obligation mais reste une passion. »

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