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Blouses blanches et tableau noir
L’envie d’enseigner vous titille ? Pas besoin de formation supplémentaire, votre bagage de pharmacien et une bonne dose de motivation suffisent pour donner des cours aux futurs préparateurs dans les CFA. Des postes à temps plein speuvent être accessibles. Témoignages.
Titulaire à Sardent dans la Creuse, Philippe Bach doit son poste de professorat au hasard d’une rencontre, à un concours de circonstances. Depuis onze ans, il consacre tous ses lundis aux élèves préparateurs du CFA de Limoges. Sans compter le temps nécessaire pour préparer un cours, sans prendre en compte la correction des copies d’examens, sans parler de ses fonctions (entièrement bénévole !) de président du CFA impliquant réunions avec le rectorat, contacts avec les officinaux, préparations d’examens, etc… « C’est prenant », reconnaît-il. Ses matières de prédilection: l’anatomie, la pathologie et la pharmacologie. « Cela oblige constamment à se remettre à jour, c’est un moyen d’organiser sa propre formation continue », confie-t-il avec enthousiasme.
Noël Amouroux (Toulouse) assimile quant à lui ses interventions sur les champignons toxiques et les dispositifs médicaux à « un luxe intellectuel ». Mais ne s’improvise pas « prof » qui veut même si tout diplôme de pharmacien autorise à l’enseignement et si aucune formation supplémentaire n’est exigée. Conditions sine qua non pour se lancer dans la transmission des connaissances : la motivation et la recherche d’un contact avec les jeunes.
De plus en plus de postes à temps plein
Marie-Pierre Bureau, installée à Clécy (Calvados) et engagée depuis 1982 dans la formation des préparateurs, n’abandonnerait pour rien au monde ses cours de législation du travail de début d’année. « Cela me permet de bien connaître mes élèves », avoue-t-elle. Directrice des cours de préparateurs de Basse-Normandie, elle gère le CFA de Caen comme une « mater familias ». « Je tiens à entretenir des relations privilégiées avec les 190 élèves et les professeurs mais aussi avec tous les confrères de la région. » Son objectif : relier l’école au monde professionnel pour assurer une formation dans l’esprit actuel des officines. Elle a également en charge tout le côté administratif : inscription des élèves, fonctionnement pédagogique, bulletins de salaires, organisation des examens… Impossible pour elle de chiffrer le temps exact dédié au CFA. « Entre la pharmacie et l’école, je suis prise 60 heures par semaine ! ».
Une chose est sûre, les titulaires interrogés exerçant en CFA ne s’engagent pas dans la formation par intérêt financier. En effet, les cours sont payés à la vacation, environ 23 euros de l’heure. Pas de quoi couvrir les frais d’un pharmacien remplaçant….
Cependant, il n’est pas impossible de faire de l’enseignement en CFA sa principale source de revenus. « De plus en plus, les structures importantes recherchent des personnes à temps plein entièrement disponibles, de façon à pouvoir moduler sans problèmes les emplois du temps », explique Philippe Gaertner, directeur de l’Association nationale pour la formation professionnelle de la pharmacie (ANFPP). Tel est le cas à Toulouse où Bernard Silvestre a débuté comme vacataire et y travaille actuellement 30 heures par semaine. Employé sous CDI intermittent, il n’est donc pas payé durant les vacances scolaires. En contrepartie, il savoure le privilège de disposer d’un temps libre non négligeable puisque représentant près de quatre mois par an. Fort d’une formation industrielle et hospitalière, il est à l’aise dans de nombreuses matières. « La polyvalence du diplôme de pharmacien permet de couvrir la quasi-totalité de la formation théorique des élèves. En revanche, la partie pratique revient plus particulièrement aux enseignants préparateurs », constate-t-il
Un salaire mensuel de 1 982 euros pour 18 heures par semaine
Passionné par le relationnel avec les élèves, il fonde beaucoup d’espoir sur les nouvelles techniques d’enseignement. Leurs buts : décloisonner les matières en les rassemblant autour de pathologies. Le principe : partir d’un cas concret avec une ordonnance pour aborder la maladie. « Nous travaillons ainsi de manière plus professionnelle et les élèves ne s’en plaignent pas ! », résume-t-il. Il apprécie particulièrement son rôle de tuteur. Chaque professeur est responsable de plusieurs élèves (une vingtaine) et leur rend chaque année une visite à l’officine. Un excellent moyen, selon sa collègue Monique Père « de garder le contact avec le terrain ». Ancienne titulaire, elle a déposé un CV au CFA suite à la vente de son officine en 1994. « Je pensais donner des cours en attendant une réinstallation. » Force est de constater que cette période supposée transitoire s’éternise ! « J’ai toujours aimé apprendre. Le travail de recherche lors de la préparation d’un cours me plaît beaucoup », ainsi justifie-t-elle le changement de cap de sa carrière.
Pas de reconversion pour Maryvonne Mayer mais une trajectoire professionnelle purement éducative. « J’ai toujours souhaité enseigner. Au départ, cela demande un investissement personnel important car il faut environ quatre heures de travail pour élaborer un cours d’une heure. » Engagée en 1987 au CFA de Strasbourg, elle enseigne à plein temps. Entendez 18 heures par semaine pour un revenu mensuel brut d’environ 1 982 euros. De même que tous ses collègues enseignant dans les CFA publics, elle relève du statut de l’éducation nationale. Sans pour autant être fonctionnaire. Elle dispose d’un CDD renouvelable tous les ans. Une précarité d’emploi que Jacqueline Gall, enseignant également à Strasbourg dénonce : « La solution passe par la titularisation obtenue après un concours que seules les personnes jeunes peuvent passer. »
A l’heure de la disparition du CAP et de la Mention Complémentaire dans le cursus des préparateurs, la sécurité de l’emploi ne paraît pas inutile. La réduction des effectifs risquant fort de se solder par une vague de licenciements au sein des enseignants.
Devenir enseignant en CFA
– La recherche de poste
-> Déposer un CV + une lettre de motivation
-> Demander éventuellement un rendez-vous avec le directeur du centre
-> Choisir ses matières en fonction de ses goûts, de ses connaissances et de son bagage professionnel. Un hospitalier est peu crédible en ce qui concerne la gestion officinale.
– Le statut
-> Selon les besoins du CFA et les disponibilités du pharmacien, il existe des contrats à temps partiel et à temps plein. Les petits centres ne peuvent offrir que des vacations restreintes et jouent souvent la carte de l’officine en faisant appel à des titulaires.
-> Dans les CFA privés, c’est à dire dans la majorité des cas (Paris, Toulouse, Marseille, Nice, Bordeaux, Dijon,…) : les enseignants sont rémunérés à la vacation correspondant uniquement aux heures de cours effectuées. Aucun dédommagement n’est versé en cas d’absence ou pendant les vacances scolaires. Ils débutent en général par un CDD de 3 à 6 mois qui se transforme ensuite en CDI. -> Dans les CFA publics dépendant de l’éducation nationale (notamment en Alsace) : les enseignants sont employés en CDD renouvelables tous les ans. Pour accéder à un CDI au titre de professeur de LEP, il faut passer un concours sous certaines conditions.
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