Petits secrets entre amis

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Publié le 13 juillet 2002
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Les pharmaciens sont de bon conseil, c’est bien connu. Mais dans ce numéro estival, leurs conseils ne s’arrêtent pas aux seuls bobos. Pour « Le Moniteur », sept d’entre eux ont accepté de nous faire découvrir des lieux qui méritent le détour dans leur région. En toute confraternité.

Plongez les yeux dans la grande bleue

Alain Jayne a beau être marseillais, il ne se lassera jamais des noces entre sa ville et la Méditerranée. Une fête de couleurs, de senteurs, de brises marines, de mistral, de sirocco sableux… quotidiennement mise en scène le long des 5 kilomètres de la corniche.

Entre le David de Michel Ange, le nouveau Sofitel Palm Beach à la décoration résolument moderne, signée des plus grands designers (et son très bon restaurant, la Réserve), les villas somptueuses, la plage du Prophète et pour finir la descente à pied dans la pittoresque calanque du vallon des Auffes (excellents restaurant de poissons : L’Epuisette, Fonfon…), la promenade est merveilleuse. Ajoutez-y les pêcheurs de dorades et les voiliers en goguette, parsemez l’ensemble de vues sidérantes sur les îles du Frioul et le château d’If… Etonnamment, la corniche n’est pas très connue des Provençaux eux-mêmes. Alain Jayne, lui, c’est le dimanche matin, vers 8 heures, qu’il préfère s’y promener.

Faites la fiesta

Installée à Sète depuis 1996, Anne Millet est une inconditionnelle du festival Fiesta Latina, essentiellement orienté vers les musiques latines. « J’y vais chaque année pour une ou deux soirées de concert car c’est vraiment un festival pas comme les autres, dans une ambiance de fête et dans un cadre superbe de théâtre en plein air », explique-t-elle. Le cadre, magique, est celui du théâtre de la Mer, un amphithéâtre aux gradins de pierre tournés vers la Méditerranée.

« Le spectacle est à la fois sur la scène, avec les musiciens dos à la mer, et devant la scène où les gens dansent. Cette année, j’irai sûrement à la fiesta brésilienne d’ouverture, avec le Trio Mocotó, et au concert de José Alberto et Omar Sosa. Pour finir la soirée, le bon plan, c’est d’aller ensuite manger une bonne glace ou de savourer un cocktail à la terrasse de l’America’s Cup, juste en dessous du théâtre. »

Du 2 au 7 août. Renseignements : 04 67 74 48 44.

Entrez dans la légende

« Venez faire un tour au pays des légendes ! », lance Françoise Chedotal, installée à Saint-Avé dans le Morbihan. A partir de Vannes, allez jusqu’à Auray et rendez-vous à Belz. Bifurquez ensuite vers l’îlot de Saint-Cado où une vingtaine de maisons entourent une chapelle du XIe siècle, un calvaire et une fontaine.

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A l’intérieur de l’édifice, on peut observer un superbe ex-voto offert par les pêcheurs, ainsi qu’un vitrail sur lequel apparaît le chat grâce auquel saint Cado a berné le diable. Ce moine venu du pays de Galles, déjà célèbre pour son pouvoir d’éloigner les serpents, avait accepté un pacte. En échange de la création d’un chemin d’accès à l’île, Satan demandait la vie d’un passant. A la nuit tombée, saint Cado posa sa cape sur un chat qui courut se jeter dans les griffes du démon.

Dans une aile de la chapelle, vous découvrirez un curieux dispositif servant à « soigner les sourds ». Là, sur le lit en pierres du saint, les malentendants s’allongeaient en disposant leur tête dans une anfractuosité. L’eau qui s’écoulait sur leur oreille était censée les guérir de leur infirmité.

« Cette île, accessible à pied, vaut vraiment le détour. Et puis, face à un beau coucher de soleil, c’est aussi l’occasion de déguster quelques huîtres chez les ostréiculteurs du coin », suggère notre consoeur de Saint-Avé.

Guinchez à Herzeele

Pourquoi courir la Flandre belge quand, à 30 minutes de Lille par l’A 25 ou, mieux, par la route des Monts-Noir et des Cats, dépaysement et amusement sont garantis ? Pour cela, Monique et Patrick Miot, pharmaciens à Seclin, nous invitent à nous rendre à Herzeele. Ce petit village des Flandres françaises, à mi-chemin entre le Bootland (« Pays nu ») et le Houtland (« Pays des bois »), est connu pour son hallekerque (église-halle à trois nefs).

Les amateurs de godewaersvelde potjevleesch (la célèbre carbonade) pourront faire un agréable arrêt au Het Blauwershol (l’Auberge des Fraudeurs) qui propose en outre des jeux traditionnels flamands.

Mais la grande attraction, c’est le Café des Orgues. Chaque dimanche après-midi, trois orgues de Barbarie construites par Théophile Mortier au début du siècle dernier invitent le visiteur à danser sur des airs de polka, java, musette, tango, valse. Comme au bon vieux temps !

Plaisir assuré tant pour l’oreille que pour l’oeil, car ces trois buffets d’orgues mécaniques, qui mesurent six mètres sur neuf, présentent des façades sculptées et peintes avec de surprenants portraits de femmes.

Ne restez plus de marbre !

Au pied des Pyrénées centrales, le petit village de Saint-Béat s’étale au bord de la Garonne. Mais ne partez pas trop vite vers la frontière espagnole toute proche car ce bourg du Comminges réserve bien des surprises. Grâce à un passionné du pays et de son patrimoine, qui n’est autre que notre confrère Robert Pujol, des guides ont été formés pour permettre une visite au coeur de l’art roman (église du XIIe), du monde médiéval (château) et aussi de… l’Antiquité avec la carrière produisant un marbre de grande qualité dont Rome était friande.

Toujours à l’initiative du pharmacien, un musée du Trésor a vu le jour, proposant une cinquantaine de pièces exceptionnelles en bois polychrome. Et comme notre homme n’est jamais à court d’idées, il a créé un festival international de sculptures, une manifestation originale qui réunit des artistes travaillant pendant un mois (du 7 juillet au 3 août) devant le public, dans les rues du village.

Syndicat d’initiative : 05 61 79 45 98.

A vous la vie de château

Pierre Convert est pharmacien à Fareins, petit village de l’Ain surplombant la Saône au nord de Lyon. Notre confrère a une tendresse particulière pour le château de Fléchères, oublié des circuits touristiques. Edifié en 1606, il a connu l’abandon pendant des décennies avant d’émerger peu à peu de l’oubli sous l’impulsion des nouveaux propriétaires. Passionnés de vieilles pierres, ces derniers ont entrepris une patiente restauration qui leur a ménagé une belle surprise : l’apparition derrière les badigeons de superbes fresques dues à l’Italien Pietro Ricchi, qui s’est illustré chez les Médicis à Florence.

L’artiste a posé sa patte sur une dizaine de pièces du château et l’on peut admirer au fil de la visite Hercule ployant sous les colonnes de Gibraltar, des paysages traités en perspective, des cavaliers bondissants. La technique italienne « al fresco » a conservé tout le vif des couleurs.

Le parc alentour, plein de séduction, ouvre largement sur la campagne beaujolaise. C’est donc une escapade pleine de charme et de dépaysement.

Château de Fléchères, tél. : 04 74 67 86 59. Ouvert tous les jours.

Découvrez le royaume des livres

Rozenn est pharmacienne à Saint-Malo mais elle est originaire des Côtes-d’Armor. Ses goûts artistiques (elle peint et joue du piano) la poussent dans des coins où elle peut trouver des objets rares, en particulier des livres anciens. Sa quête l’a menée en Ille-et-Vilaine, du côté de Bécherel, la « cité médiévale du livre ». De l’époque prospère où on cultivait le lin et le chanvre, entre le XVIe et XVIIIe siècle, il reste une belle architecture cossue : les anciennes halles, la maison du gouverneur qui voisine avec une superbe maison à colombages, un donjon, une hostellerie et de magnifiques demeures du XVIIIe siècle. Remparts et ruines rappellent que Bécherel a aussi été citadelle.

Haut perchée comme un Mont-Saint-Michel en terre, la ville abrite dans les anciennes maisons de tisserands de nombreuses librairies (quinze sont ouvertes toute l’année !) et bouquinistes, mais aussi des peintres, des sculpteurs, des céramistes, des photographes, des illustrateurs… Les expositions sont donc légion au détour des cours et des ruelles, sans oublier les concerts les soirs d’été…

Syndicat d’initiative de Bécherel, tél. : 02 99 66 75 23.