« Non, monsieur Leclerc, les pharmaciens ne sont pas des nuls ! »

Après une préparation au concours d’ingénieur agronome, Maël Birien intègre la filière pharmacie de la faculté de Rennes (Ille-et-Vilaine), où il décroche son doctorat en 2012. Passionné d’équitation et cavalier de haut niveau, il obtient la mention « très bien » avec sa thèse sur « Le pharmacien dans le suivi du cheval de sport ». En 2021, il complète sa formation par un diplôme universitaire d’expert en cryothérapie, à la faculté de Besançon (Doubs). D’ailleurs, il inclura cette thérapie, qui consiste à s’exposer brièvement à des températures extrêmement basses, dans le parcours de soin de ses patients. Après plusieurs remplacements en Bretagne, il devient titulaire associé en 2014, avant de prendre les rênes seul, en 2019, de la pharmacie Atlantis, située à Saint-Herblain (Loire-Atlantique), dans un nouveau quartier en construction de la banlieue nantaise.

Une pharmacie de centre commercial

Son officine se trouve dans l’immense centre commercial Atlantis, d’une surface de 430 000 m², qui abrite également un hypermarché E.Leclerc, situé juste en face. Maël Birien est d’ailleurs monté au créneau quand Michel Édouard Leclerc a critiqué, le 11 janvier, dans l’émission C l’hebdo (France 5), les officinaux pour leur gestion de la crise du Covid-19 et réaffirmé sa volonté de permettre la vente d’autotests et de médicaments en grande surface. Sur un post LinkedIn, il a notamment écrit : « Non, monsieur Leclerc, les pharmaciens ne sont pas des nuls ! […] Nous avons su importer et organiser des tarifs préférentiels, voire de la gratuité, sur les masques chirurgicaux bien avant votre magasin. Nous avons aussi été précurseurs dans les activités de dépistage du Covid […]. Vos tests de grossesse sont pratiquement 1 € plus cher que dans nos officines ! »

Lors de son rattachement à l’enseigne Apothical, en mars 2024, la pharmacie Atlantis déménage de quelques mètres dans la même galerie dans un local de 870 m², sur deux étages, dont 220 m² exclusivement réservés aux services tels que le dépistage, la téléconsultation et la vaccination. L’avantage de résider dans une galerie marchande ultrafréquentée (plus de 12 millions de visiteurs par an) : « la forte fréquentation, entre 1 000 et 1 600 clients dans l’officine par jour ». Cet emplacement face à un magasin E.Leclerc constitue à la fois « une contrainte et une chance, souligne Maël Birien. Pour nous différencier, nous devons miser sur l’excellence du service, la qualité de l’accueil et de l’écoute, et une forte expertise dans de nombreux domaines, comme l’oncologie, l’orthopédie, l’aromathérapie, la phytothérapie, la micronutrition et la diététique ».

L’humain au premier plan

« Nous privilégions une approche généraliste ! », convient le titulaire, qui accueille une patientèle aux profils très variés. La diversité des profils au sein de l’équipe (34 salariés) répond à cette orientation : des pharmaciens, une orthopédiste, une nutritionniste, deux experts en cryothérapie, une préparatrice naturopathe et une diététicienne qui dispose de son propre comptoir, derrière lequel elle propose des bilans et des suivis. Bientôt, une opticienne viendra chapeauter le nouveau rayon optique (sans reste à charge pour les porteurs de lunettes). Dans cette pharmacie « XL, et non XXL », se plaît-il à préciser, la parapharmacie se déploie, au rez-de-chaussée, sur 440 m². Mais, ici, l’humain reste au premier plan, un choix délibéré. « Les gondoles basses, de 1,40 m permettent aux clients, dès qu’ils rentrent, de voir la totalité de l’officine, jusqu’aux pharmaciens, derrière leur comptoir », explique-t-il.

Le credo de Maël Birien ? La santé intégrative qui vise une prise en charge élargie du patient. C’est pour cette raison qu’il a créé, en 2021, une autre société, Atlantis Medical Service, installée à quelques pas de la galerie marchande. Ce magasin de matériel médical, qui comprend quatre espaces (orthopédie, oncologie, cryothérapie et esthétique), « développe une démarche innovante de la santé. Par exemple, la cryothérapie apporte une réponse thérapeutique complémentaire aux douleurs chroniques des patients », explique-t-il. Dans son officine, il prévoit de proposer des entretiens d’accompagnement aux patients sous antalgiques opioïdes (autorisés depuis le 8 janvier dernier).

La blouse du businessman

Maël Birien avoue « dormir peu ». On le croit volontiers car il a également racheté, il y a deux ans, au titre d’associé investisseur, la Grande Pharmacie de Sainte-Luce, à l’est de Nantes (Loire-Atlantique) pour l’intégrer à son projet : un futur pôle de santé de 1 600 m² qui ouvrira ses portes en 2027. « Les pôles de santé favorisent l’exercice coordonné, c’est l’avenir », assure-t-il. Autre défi de taille : il a cofondé la première maison de santé pluriprofessionnelle d’initiative privée, Nantes Ar Mor Santé, à Saint-Herblain. Sous sa blouse blanche, Maël Birien serait-il, en définitive, un businessman de haute volée ? « La prise de risque est énorme, mais cette facette d’entrepreneur fait partie, par définition, de l’ADN du professionnel de santé qui évalue les bénéfices-risques. Son rôle est aussi d’anticiper les besoins de la population », répond-il. Pas de burn-out à craindre : Maël Birien a le sang froid et sait « trier [ses] priorités », soutenu par ses équipes. Une faculté acquise, notamment, sur le dos des canassons, des « super-mentors dans l’art du management : ils vous remettent à votre place et vous apprennent à anticiper ».

Bio express

• 2012. Diplômé de la faculté de pharmacie de Rennes (Ille-et-Vilaine)
• 2019. Titulaire exclusif de la pharmacie Atlantis, située à Saint-Herblain (Loire-Atlantique)
• 2021. Création de la société Atlantis Medical Service
• 2024. Déménagement de l’officine, placée sous l’enseigne Apothical.