« Noeud papillon » s’est évadé

C’est l’histoire d’un homme qui se tient à la fois à l’écart et à l’écoute des hommes. Un pharmacien installé en Guyane depuis 1998, loin des clichés touristiques « plages ensoleillées-cocotiers », après un « dépannage » en Martinique et quelques désillusions sur la nature humaine. « A Maripasoula il n’y a pas de route, mais des pistes. Il n’y a pas de nids-de-poule mais des nids-d’autruche !, décrit le confrère. Avec mon épouse, qui est infirmière, on a commencé par une pharmacie de station balnéaire en Normandie… Ici la saison des pluies dure de décembre à fin juin. Ensuite, c’est une saison carrément sèche qui prend la relève, avec un beau ciel bleu… »

A soixante ans, le pharmacien porte toujours la même tenue : « Je traîne à Maripasoula mes bretelles et mon noeud papillon. Je les ai toujours portés, en Bretagne, en Normandie, en Vendée et en Martinique… » Sa femme lance : « Et ça passe très bien ! »

A quatre ou cinq jours de pirogue de Saint-Laurent-du-Maroni par le fleuve et une ou deux heures de Cayenne, en avion, la commune abrite les gens du fleuve, des Amérindiens, des Marrons (descendants de Noirs évadés du bagne) et des clandestins qui passent la frontière. C’est aussi un lieu de passage où se croisent les Indiens, les patrouilles fluviales et les pirogues des chercheurs d’or. « Bientôt, je vais m’équiper pour être payé en poussière d’or. Il y a quelques années, un de mes confrères s’est fait berner. Il pensait acheter deux kilos d’or au prix d’un et, en fait, il a acheté deux kilos de laiton au prix de l’or… »

La pharmacie de brousse est digne d’une pharmacie métropolitaine : « J’ai un excellent rayon de parapharmacie ! » La climatisation fonctionne à merveille, ce qui éloigne les moustiques. « Trois médecins parisiens sont venus me voir, complètement paniqués à l’idée d’attraper le paludisme. Ils avaient entendu parler de ma clim’ et ont tenu absolument à dormir dans mon bureau ! »

Devant la pharmacie, on peut tendre un hamac entre deux cocotiers. Notre homme vient d’y relire Quatre-vingt-treize, de Victor Hugo. « Ici on regarde le ciel, le fleuve et les hommes, et on dévore des tas de bouquins. »

A lire sans réserve

« Une seconde chance », de Mary Higgins Clark (Albin Michel)

Crime, effroi, mystère et boule de gomme sont les ingrédients de l’auteur qui pond des polars comme elle respire. Le directeur d’un centre de recherche se crashe avec son jet privé. Un malheur n’arrivant jamais seul, la Food and Drug Administration refuse peu de temps après la commercialisation du vaccin anticancéreux sur lequel travaillait le laboratoire de la victime. Marcia De Carlo, journaliste et belle-soeur de la victime, se lance dans l’enquête. Pourquoi les autorités médicales ont-elles soudainement changé d’avis sur le vaccin ? Pas d’effets de style mais du suspense…

« rififi à Ooty », de Sarah Dars (Picquier Poche)

Comme son nom ne l’indique pas, Sarah Dars est française. Spécialiste du sanskrit, elle a une connaissance approfondie de l’Inde et de ses modes de vie. Le héros, médecin aux multiples aventures, est brahmane (la plus haute des castes en Inde), fasciné par l’ayurveda, amoureux fou de musique classique, marié et bon père de famille. Alors qu’il se rend en vacances dans une petite station d’altitude très prisée des Anglais, on retrouve le corps mutilé d’une jeune femme… Un livre délicieux, érudit, exaltant !