« Je recommencerais si c’était à refaire. »
C’est en juillet 2004 que Sophie Corbisé, 30 ans, a pris possession de la Pharmacie centrale. Jusque-là, elle exerçait dans la station balnéaire de Fort-Mahon, dans la Somme, en tant que salariée. « C’est là que j’ai appris le métier, explique-t-elle. La fac, c’est franchement théorique. Au comptoir, j’étais bien entourée et très conseillée. J’y ai fait un peu de tout, le titulaire m’a ouvert à la gestion, à l’administration… J’ai toujours été motivée par le fait de posséder ma propre affaire. Je savais que j’aurais davantage de travail, que je devrais m’investir personnellement et ne pas me reposer sur mes lauriers. Pour autant, je n’ai rien changé à ma vie, j’ai gardé les mêmes activités, j’ai seulement déménagé à Wervicq ! »
En reprenant cette officine, Sophie Corbisé savait aussi qu’elle n’était pas forcément attendue par les Wervicquois qui disposent d’une seconde pharmacie dans la commune. Si elle estime la déperdition de clientèle entre 5 et 10 %, elle se réjouit de constater déjà des retours : « J’avais prévu cette difficulté, mais le plan financier est bien respecté, explique Sophie Corbisé, qui habite à l’étage au-dessus de la pharmacie. Dans un village, il faut savoir aller vers les gens, fréquenter la boulangerie, la boucherie et, pour moi qui suis plutôt une timide, c’est un défaut par rapport à l’environnement. Parfois, je préférerais davantage d’anonymat, mais je ne regrette pas du tout. »
A ce relationnel, qui, pour Sophie, « n’est pas toujours évident », s’ajoutent également « des mois plus durs que d’autres ». Le maintien en place de l’équipe précédente l’a aidée, l’autorisant à prendre la journée du jeudi : « Ainsi, je peux décompresser, faire autre chose, partir ! Et j’ai repris des cours de piano, cela me détend. »
« Je vis au jour le jour. »
Pour autant, tout n’a pas été toujours rose. Elle se souvient d’un « petit conflit » avec son personnel. « C’est difficile à gérer, il faut prendre sur soi, ne pas se démonter et trouver les mots justes pour ne pas froisser. Je n’avais pas été formée à ces relations sociales, mais je crois m’en sortir plutôt bien. »
Côté surprise agréable, il y a d’abord la qualité de la clientèle. « Certes, il y a des gens tatillons sur tout, mais les problèmes sont très rares et le fait d’en parler les résout. » Il y aussi le taux de génériques, plus de 60 %, une vingt-septième place sur deux cents au classement de la caisse primaire d’assurance maladie de Lille. « C’est grâce au travail de fond de mon prédécesseur auprès de la clientèle », reconnaît Sophie.
« Bien sûr que je recommencerais si c’était à refaire, parce que ça me motive, que c’est ce que je voulais faire, même si je n’avais pu faire pharma, je me serais orientée vers l’environnement. J’ai pensé un moment à la recherche, mais j’ai craint pour la vie de famille. J’ai donc basculé vers l’officine. » Ce qui ne l’empêche pas de regarder l’avenir avec quelques incertitudes : les déremboursements, le TFR qui risque de toucher toutes les classes de génériques malgré les efforts faits. « Et tout cela, ce n’est pas dans mon prévisionnel ! Je vis au jour le jour, ma vie personnelle, ma vie professionnelle, je ne mets aucune option sur l’avenir. Quand je me suis installée, c’était pour longtemps ! »
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