Bons baisers de la pharmacie
Voici une sélection de cartes postales que vous n’avez sûrement pas trouvées dans votre boîte à lettres en rentrant de vacances. Elles ont toutes pour point commun d’avoir une pharmacie en arrière-plan. Et de vous adresser leurs bons baisers à la manière d’autrefois.
Gayant (« géant » en picard) symbolise la ville de Douai. Créé en 1530, il parcourt les rues chaque année 3 jours durant à l’occasion des fêtes du même nom, début juillet, accompagné de sa femme et de leurs trois enfants, Jacquot, Fillon et Binbin. Pour qu’un pharmacien douaisien devienne un véritable enfant de Gayant, il doit absolument embrasser Binbin, surnommé le « ch’Tiot Tourni » en raison de son strabisme.
Le 12 juin 1910, des milliers de Berrichons célébrèrent la mémoire de Jacques Coeur, l’enfant du pays devenu grand argentier du royaume de France sous Charles VII. Pour l’occasion, on reconstitua l’ancienne porte Saint-Sulpice (qui se trouvait à l’origine à l’autre extrémité de la rue) tout contre la Pharmacie moderne de Paul Péneau. Cette officine a également disparu.
Les clients de la pharmacie du respectable Farce étaient particulièrement bien placés pour admirer en 1906 les exploits des pilotes du premier « Grand Prix de vitesse de l’Automobile-Club de France ». En cas de sortie de route, le poste de secours avait le mérite d’être à proximité. En 1920, le « virage dangereux » de Connerré ne fut pas retenu pour dessiner le « circuit permanent de la Sarthe », ancêtre des 24 Heures du Mans.
« Ce siècle avait deux ans… » : selon une tradition locale, c’est au-dessus de cette officine, aujourd’hui disparue, que Sophie Trébuchet aurait donné naissance à Victor Hugo en 1802. Une plaque, apposée en 1880 à l’instigation du conseil municipal, l’atteste. Depuis 1969, les lambris et pots de la pharmacie ont trouvé refuge au palais Lescaris, à Nice.
A l’occasion des grandes grèves ouvrières du début du XXe siècle, l’objectif du photographe a fixé cette démonstration de force de l’armée française devant un public enthousiaste. L’histoire ne nous dit cependant pas si la pharmacie de la Grand’Place devait fournir tout ce régiment en produits vétérinaires.
1909 : spectacle garanti pour les habitués de la pharmacie parisienne de la place Saint-André-des-Arts, non loin de la place Saint-Michel. On montait en effet, à proximité de l’officine, un des énormes caissons métalliques qui, bientôt immergés dans un bras de la Seine, permirent la finalisation de la ligne de métro Place-de-Clignancourt/Porte-d’Orléans.
Utilisée depuis la plus haute antiquité, la vipère hantait depuis lors les pharmacopées. Elle fut, jusqu’au début du XXe siècle, un des ingrédients de choix de la thériaque. Les « vipères d’or » de la pharmacie de Bihorel, en Seine-Maritime, étaient probablement une réminiscence des vipères en bois doré qui ornaient la porte d’entrée de la célèbre officine parisienne homonyme du faubourg Saint-Germain, fondée en 1659. Selon les titulaires actuels, leur vénérable pharmacie aurait été initialement érigée dans la campagne normande, avant d’être déplacée et reconstruite pierre par pierre à Bihorel.
Tout l’été, au Pays basque, c’est Intervilles mais sans Nelson Monfort et Philippe Candeloro. Personnellement, je préfère… Cette jeune femme téméraire se fera-t-elle encorner par la vachette imprévisible ? Derrière ses volets prudemment baissés, le pharmacien d’Hasparren est sans doute à l’affût, impatient de lui prodiguer les premiers soins.
Comme le rappellent ces deux photographies prises à 25 ans d’écart, de nombreuses officines françaises subirent les dommages des guerres mondiales du XXe siècle. Ainsi à Dunkerque, les deux officines de la place Jean-Bart ont été totalement détruites par les bombardements alliés et allemands. En 1954, elles furent toutes deux reconstruites aux mêmes emplacements : au n° 53 de la place pour la première (carte postale ci-dessus) et au n° 7 pour la seconde (ci-contre). La pharmacie Geoffroy à Verdun survécut miraculeusement aux terribles bombardements de 1918.
Le parachutiste le plus célèbre de l’histoire du cinéma, et de l’Histoire tout court, aurait pu être celui qui était accroché au-dessus de la pharmacie de Sainte-Mère-Eglise en juin 1944 lors du tournage du Jour le plus long. Mais c’est celui perché sur le clocher qui reste dans toutes les mémoires. A noter que la pharmacie actuelle est installée dans le café situé à droite de l’image, et que la « Pharmacie régionale » du tournage est devenue le magasin de matériel médical de l’officine en question…
Cette carte postale du début du XXe siècle nous rappelle que l’Alsace-Lorraine, et en particulier la ville de Mulhouse, était alors sous domination allemande. Sans doute pour complaire aux nouveaux occupants, l’officine de la place de la Concorde avait cru bon se doter d’une enseigne bilingue, ce qui n’était pas le cas, par exemple, de la cordonnerie voisine. La pharmacie en question est depuis devenue un magasin de jouets en bois.
Dans la nuit du 3 au 4 février 1907, cinq maisons en colombage du vieux quartier de l’Apport, à Dinan, furent détruites par un incendie spectaculaire. La pharmacie des Cordeliers, installée dans des murs datant du XVIe siècle, en fit les frais, comme on peut le constater sur cette carte postale. La grande échelle des pompiers de l’époque était déjà très impressionnante ! Conséquence de cet incendie, l’officine contemporaine n’est plus au même emplacement mais se trouve toujours sous un porche.
La rédaction tient à remercier chaleureusement notre consoeur Sophie Schneider (Dinan) et nos confrères Christian Hugue (Dunkerque) et Franck Bottary (Bihorel) pour l’aide précieuse apportée à la réalisation de ce portfolio.
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