Quelles perspectives ?

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Publié le 6 juillet 2013
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Poule aux œufs d’or ou miroir aux alouettes ? A l’heure où les bonnes pratiques viennent de paraître, la vente en ligne de médicaments en France intéresse et interroge. La matinale de la Fédération nationale de l’information médicale (Fnim) du 14 juin dernier a relancé le débat.

Plus de doute. Ce sont 4 000 médicaments sans ordonnance qui sont autorisés à la vente en ligne. L’arrêté sur les bonnes pratiques paru le 23 juin dernier ne change rien à la situation actuelle. Une bonne nouvelle pour Univers Pharmacie qui lance son site d’e-commerce (universpharmacie. fr), adossé à l’une des officines du réseau. « Les autres adhérents serviront de point relais et recevront les colis pour les remettre aux clients », a expliqué Daniel Buchinger, président du groupement lors de la réunion de la Fnim. L’offre est constituée de médicaments, bien sûr, mais pas seulement. Sur les 5 000 produits référencés, 1 000 ont des AMM… Vous avez dit médicament comme produit d’appel ?

10 % du marché d’ici deux ans

Ainsi donc, la pharmacie en ligne intéresse. À juste titre, semble-t-il, du moins pour les pionniers. La pharmacie de la Grâce-de-Dieu à Caen, première à avoir entrepris cette démarche en France, réalisait déjà 112 619 euros de CA via Internet, rien qu’en février dernier (source Pharmacien Manager n° 126). Cédric O’Neill, président du site 1001pharmacies.com (plateforme hébergeant des sites de pharmacie) est confiant. Selon lui, l’e-commerce de médicaments devrait représenter 10 % du marché de médicaments sans ordonnance d’ici deux ans. Fort de cette conviction, le jeune entrepreneur compte élargir le référencement des pharmacies sur son site — jusque-là limité aux cosmétiques — à celui des produits avec AMM. Il poursuit les démarches auprès des ARS pour obtenir un sésame, après un premier refus essuyé à Montpellier.

Tout bien considéré…

Alors, demain, tous en ligne ? L’arrêté sur les bonnes pratiques ouvre le secteur à la concurrence effrénée sur les prix puisqu’ils seront librement fixés par le pharmacien. Cependant, l’exemple de l’Allemagne, où la vente sur Internet de médicaments avec ou sans ordonnance est autorisée depuis 2004, a de quoi calmer les ardeurs. Marché le plus développé de l’Union européenne avec 2 861 officines, il a généré en 2011, tous produits confondus, un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros, soit moins de 5 % du CA total de l’ensemble du réseau officinal (source : Autorité de la concurrence). Autre élément à considérer, outre le coût du référencement sur Google, la logistique. Elle serait la principale cause de déséquilibre des comptes. La preuve avec les parapharmacies en ligne. Selon Daniel Buchinger, sur les 280 sites de para, seuls deux seraient rentables. Troisième obstacle, la concurrence étrangère, qui a plusieurs années d’avance. En Angleterre, où la vente en ligne est autorisée depuis 1999, des enseignes comme Boots permettent déjà de recevoir des colis en France.

Et le premier acteur belge de la vente de médicaments à distance annonce que 30 % de son chiffre d’affaires vient de transactions avec la France.

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Enfin, il est important de garder deux éléments à l’esprit. D’abord, le médicament remboursé reste la principale ressource des pharmacies. Ensuite, l’accueil en officine est plébiscité. Le sondage Opinion Way pour Pharmacien Manager (à lire dans notre numéro 126) montre que 91 % des Français estiment être accueillis avec amabilité.