Médicaments : e-commerce, non ; e-prescription, oui

Médicaments : e-commerce, non ; e-prescription, oui

Publié le 14 juin 2022
Par Magali Clausener
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Après Paris et l’Hôtel George V le 12 mai, Lyon et l’Intercontinental Grand Hôtel-Dieu. Pour sa deuxième soirée-débat du cycle « Pharmacie de demain : digitalisation, nouveaux concurrents, même pas peur ! » qui s’est déroulée le 9 juin, Le Moniteur des pharmacies avait à nouveau choisi un lieu prestigieux. Qui plus est paisible et chaleureux, à l’image d’une soirée qui a mobilisé plus de 100 pharmaciens.

Si la vente en ligne de médicaments est un sujet qui inquiète les pharmaciens, ils ont été rapidement rassurés par le micro-trottoir diffusé en introduction du débat animé par le Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste et chroniqueur sur LCI. Les personnes interviewées n’ont pas d’appétence particulière à aller acheter des médicaments sur Internet. De fait, une pharmacie 100 % virtuelle ne leur paraît pas « vraiment souhaitable », comme le souligne un jeune homme. « Tout devient virtuel aujourd’hui, mais ma pharmacie, c’est là où je vais, où je dis  » bonjour, j’ai besoin de ça s’il vous plaît, et voilà ma carte Vitale  » », résume une jeune femme. « Il y a le contact humain avec le pharmacien, avec les préparatrices, explique un homme plus âgé, sourire dans les yeux, qui sont souvent très jolies ! ». Une remarque qui fait rire la salle… mais qui montre aussi à quel point la pharmacie est plus qu’un lieu de santé : un lieu de proximité et de lien social.

Alors la vente en ligne de médicaments ? C’est non, ont répondu Sophie Tallaron, présidente du groupement Pharm-UPP, Eric Garnier, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Pas question pour Eric Garnier de changer la réglementation française ! Pierre-Olivier Variot a, quant à lui, insisté sur le fait que l’e-commerce de médicaments serait « un parcours de consommation et non un parcours de soins ». Le click & collect peut néanmoins s’avérer un service utile.

Les pharmaciens adhèrent plus volontiers aux outils numériques favorisant la prise en charge des patients. Xavier Vitry, directeur de projet à la Délégation ministérielle au numérique en santé, a ainsi présenté Mon espace santé et ses avantages pour les pharmaciens : accès, si le patient l’autorise, aux comptes-rendus médicaux et aux résultats d’examens biologiques. Un plus pour la délivrance des médicaments. Et le dossier pharmaceutique (DP) ? Xavier Vitry a annoncé que des « spécifications dans le cahier des charges » ont été transmises afin de permettre « de potentiels transferts de données » du DP vers le dossier médical partagé (DMP). Une évolution technique qui reste cependant liée aux négociations entre l’Ordre des pharmaciens et l’Assurance maladie. Pour autant, une application mobile du DP est en train d’être développée et fera partie du « catalogue d’applis » de Mon espace santé. Quant à l’e-prescription, Eric Garnier a souligné le « retard considérable » de la France dans ce domaine alors qu’en Belgique, elle représente plus de 90 % de prescriptions. Pierre-Olivier Variot a mis en avant non seulement la sécurisation que constitue la e-prescription mais aussi la traçabilité des interventions du pharmacien. En clair, l’avenir de l’officine passe par les outils digitaux au service des patients. A condition que les médecins et l’hôpital jouent aussi le jeu.

Les prochaines dates

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– 22 septembre 2022 à Strasbourg (Bas-Rhin)

– 20 octobre 2022 à Paris

Inscriptions gratuites sur lemoniteurdespharmacies.fr/lesdebats

Les soirées-débats sont organisées avec le soutien institutionnel de Unim, E Santé Robotik, Biogaran et Pharm-UPP.