Les syndicats pharmaceutiques craignent les coups bas du « low cost »

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Publié le 5 janvier 2008
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Remis par Charles Beigbeder, président de Poweo, à Luc Chatel, secrétaire d’Etat chargé de la consommation et du tourisme, le rapport intitulé « Le low cost : un levier pour le pouvoir d’achat » égratigne encore un peu plus les officinaux. Morceaux choisis : « La mesure la plus urgente consiste sans doute à lever le monopole officinal sur les médicaments sans ordonnance. En effet, une telle réforme permettrait de promouvoir la concurrence et le pouvoir d’achat des Français sur un segment de marché où les prix n’ont cessé d’augmenter ces dernières années. L’entrée de la grande distribution sur ce segment permettrait le développement d’une offre de produits pharmaceutiques OTC à bas prix. […] Il convient d’autre part de mettre fin à l’indivisibilité de la propriété et de la gérance, qui apparaît comme un frein à la baisse des coûts de production. Sous l’impulsion de l’ouverture du capital à des non-pharmaciens, le circuit officinal se recomposera notamment sous la pression des répartiteurs d’envergure européenne. […] Cette libéralisation permettrait aussi l’émergence de chaînes de pharmacies éventuellement « low cost » ou à faible prix sur le segment des OTC. »

Leclerc consulté mais pas les pharmaciens !

« Aucun intervenant du domaine pharmaceutique n’a été consulté », s’étonne Philippe Gaertner, de la FSPF, qui s’interroge sur le sérieux d’un rapport qui arrive après des attaques menées à intervalles réguliers. La FSPF a d’ailleurs demandé un rendez-vous à Luc Chatel. « C’est un rapport à charge, sur un sujet à la mode qui fait de l’audience, tranche Gilles Bonnefond, de l’USPO. Charles Beigbeder égrène des arguments contradictoires et peu étayés. Leclerc a été auditionné mais pas les pharmaciens. Tous ces gens qui considèrent que le principe de précaution est un frein à la croissance sont à mes yeux disqualifiés pour aborder sérieusement les sujets de santé. » Pour Claude Japhet, de l’UNPF, « il y a incontestablement des pressions de gros groupes industriels pour que les médicaments partent vers la grande distribution ». Avant que le problème ne soit inextricable, il prône la modernisation : « Le médicament ira dans les rayons des grandes surfaces beaucoup plus rapidement si nous le maintenons derrière le comptoir que si nous savons l’accompagner devant, y compris avec une politique de justes prix qui évitera les distorsions que l’on voit aujourd’hui ». L’année ne fait que commencer.

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