« De plus en plus de circuits de distribution surfent sur le “fait maison” »

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Publié le 1 juillet 2023
Par Peggy Cardin-Changizi
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Convaincue que le « faire soi-même » est devenu une nouvelle façon de consommer, Élodie Abécassis a créé en 2019 la marketplace I Make. Un mouvement de fond sur lequel surfe notamment la cosmétique maison. Et une piste à explorer pour la parapharmacie…

PM Longtemps perçu comme un phénomène de mode, le « fait maison » s’inscrit-il désormais dans un mode de vie ?

EA Pour moi, oui ! Et c’est clairement un acte de consommation engagé : en fabriquant soi-même ses produits, on gagne en transparence sur la formulation puisque l’on choisit ses matières premières. Il y a aussi la notion de réduction des déchets, donc on s’inscrit dans une démarche de protection de l’environnement. Enfin, on économise de l’argent. Deux Français sur cinq affirment pratiquer le « faire soi-même » dans l’objectif de mieux consommer. Et 38 % pour s’assurer de la composition des produits qu’ils consomment*.

PM La crise sanitaire a-t-elle accéléré ce mouvement de fond ?

EA La tendance du « faire soi-même » a connu un véritable boom pendant le premier confinement. En quête de sens et avides de transparence, les Français sont devenus de véritables consom’acteurs. Pour les accompagner, nous avons lancé nos premiers cours en live sur Instagram.

PM Quels sont les secteurs concernés par le « fait maison » ?

EA Presque tous ! Les Français aiment cuisiner, bricoler, jardiner, coudre, peindre, dessiner, tricoter, faire leur propre décoration et leurs propres bijoux, customiser mais aussi fabriquer leurs produits ménagers ou leurs cosmétiques, etc. En général, ils commencent par une activité. Et après avoir réalisé qu’ils sont capables de faire des choses de leurs propres mains, ils explorent d’autres univers. Pour les cosmétiques faits maison, de nombreuses règles strictes doivent être respectées, notamment en matière d’hygiène, de dosage et d’utilisation des huiles essentielles.

PM Sur votre site Internet, quelles sont vos meilleures ventes ?

EA La catégorie des bijoux fonctionne très bien, ce qui va de pair avec l’essor de la lithothérapie. Les patrons de couture et plus généralement la mercerie sont aussi des secteurs dynamiques, ainsi que les activités et kits pour les enfants qui permettent de développer la motricité fine et la créativité.

PM Aujourd’hui, quels sont les circuits de distribution qui surfent sur le DIY ?

EA Les magasins de bricolage, les spécialistes d’ustensiles de cuisine ou encore les enseignes consacrées aux loisirs créatifs proposent une belle sélection. D’autres types de magasins se mettent à créer des corners « fait maison », comme les jardineries, les librairies, les discounters, les drugstores, etc. Une offre apparaît également dans les magasins éphémères et les concept-stores. Sans oublier la grande distribution. L’offre « physique » est donc assez étendue et éparpillée, d’où l’idée de regrouper l’offre « fait maison » sur un seul site, i-make.com.

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PM Pour vous, les pharmacies devraient-elles aussi investir le DIY ?

EA Elles pourraient peut-être proposer davantage de corners de cosmétiques à faire soi-même avec les ingrédients de base (huiles végétales, huiles essentielles, hydrolats, poudres de plantes, etc.) pour réaliser des produits d’hygiène beauté du quotidien.

PM Comment créez-vous de l’expérience client sur votre site e-commerce ?

EA En ligne, nous proposons plusieurs centaines de tutoriels et articles pour guider et conseiller nos clients dans leurs pratiques. De nombreux clients nous contactent aussi via notre tchat pour nous demander des conseils. Pour compléter les tutoriels et pour interagir avec notre communauté de créateurs, nous proposons des cours en live sur Instagram. Nous diffusons également des lives sur notre chaîne Youtube.

Enfin, l’expérience client se poursuit hors ligne avec des rencontres lors de salons DIY (Créativa, Aiguilles en fête…) ou d’événements spéciaux que nous organisons comme la semaine du DIY.

PM En tant qu’entrepreneuse, comment considérez-vous la place des femmes dans l’entrepreneuriat et dans la Tech ?

EA Issue d’une famille d’entrepreneurs, le sujet me passionne. D’autant qu’il y a encore beaucoup à faire ! Aujourd’hui, 20 % des sociétés sont créées par des femmes, et seulement 2 % des financements vont vers leurs sociétés. Il y a donc un déficit flagrant de financement, ce qui freine les femmes dans le développement de leurs entreprises.

Du côté de la Tech, les écoles concernées attirent de plus en plus de femmes. Notre objectif actuellement est d’aller parler aux lycéennes pour leur faire découvrir nos métiers et leur donner envie ! À titre personnel, je m’engage via Sista, un collectif qui milite pour donner plus d’accès aux financements pour les entreprises fondées par des femmes, et via Leia Capital, un fonds d’investissements dédié aux entrepreneuses.

* Sondage Toluna pour I Make, réalisé en octobre 2020, auprès de 1 037 répondants représentatifs de la population française

BIO EXPRESS

2005

École des hautes études commerciales (HEC).

2009

Dirigeante de la maison de spiritueux, ABK6 Cognac.

2018

Directrice marketing de l’agence de tourisme Bynativ.

2019

Fondatrice du site i-make.com.