Téléconsultation, la série à ne pas manquer !

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Publié le 1 octobre 2019
Par Yves Rivoal
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Un an après l’autorisation des téléconsultations médicales à l’officine, trois titulaires qui proposent ce service nous livrent leurs retours d’expérience. Des avis plus que positifs…

C’est un bon point de départ : sur le plan technique, ça marche ! « Jusqu’à présent, nous n’avons jamais rencontré de problèmes de connexion entre les dispositifs médicaux connectés et la station. Les retours caméra avec les médecins de la plateforme Docavenue sont impeccables et les temps de réponse en ADSL très corrects », observe Sophie Doreau, titulaire de la pharmacie de la République à Saint-Dizier (52). Elle a installé, en juillet dernier, la station de téléconsultation de Pharmagest dans son espace de confidentialité de 12 m2. Montant de l’investissement : 3 000 € et un abonnement de 70 € par mois.

SANS délai d’attente.

Pas de souci non plus pour obtenir des rendez-vous avec les médecins des différentes plateformes. « Il y a en permanence une quarantaine de praticiens disponibles, mais j’ai pris l’habitude de travailler avec trois ou quatre généralistes avec qui j’obtiens des rendez-vous à J+1, voire dans la journée », assure François Clouet, co-titulaire avec sa fille Camille Soubieux de la pharmacie de l’Eglise à Toury (28). Il a, lui, investi en décembre dernier 7 800 €, plus un abonnement de 10 € par mois, pour aménager la station de téléconsultation de Medicitus dans un cabinet attenant à la pharmacie qui sert aussi pour l’orthopédie. Clément Kraiem, titulaire de la pharmacie des Tilleuls à Limeil-Brévannes (94), propose des téléconsultations sans rendez-vous, avec la station VisioCheck BewellConnect, depuis mars dernier. « Il y a en permanence une dizaine de médecins connectés, le temps d’attente pour être mis en relation avec l’un d’entre eux n’est que de cinq ou six minutes. », explique-t-il avec satisfaction.

100 % DES ORDONNANCES délivrées.

Pour des questions de confidentialité, les pharmaciens ne sont pas présents pendant les téléconsultations. « Nous effectuons via les dispositifs médicaux connectés toutes les mesures nécessaires (tension, température, saturation SpO2, poids, glycémie ou ECG si nécessaire), afin de faire gagner du temps aux médecins, confie Clément Kraiem. Nous n’intervenons que lorsque ceux-ci nous demandent d’effectuer un test d’angine ou de glucose supplémentaire. » A la fin de la consultation, l’officine reçoit automatiquement l’ordonnance rédigée par le médecin. « Les patients ne sont pas obligés de nous confier la délivrance, mais dans 100 % des cas, ils le font », précise-t-il.

LE SERVICE répond à une demande.

Comme dans un cabinet médical, les téléconsultations durent en général un quart d’heure. « Nous sommes sollicités pour toutes les problématiques : soins de premiers recours, hypertension, diabète, pathologies hivernales… Et à tout âge. Notre patient le plus jeune avait 9 mois, le plus âgé 93 ans », confie François Clouet. Les patients semblent d’ailleurs plébisciter ce dispositif. « A la fin de la téléconsultation, la station VisioCheck affiche un petit sondage. 93 % ont attribué cinq étoiles au service », assure Clément Kraiem qui réalise en moyenne entre 70 et 75 téléconsultations par mois. François Clouet en a, lui, déjà plus de 500 à son actif. « Cela montre que la téléconsultation à l’officine répond à un véritable besoin de service public dans les zones médicalement désertées. Service que nous assurons d’ailleurs sans être payé la plupart du temps, puisqu’il y a longtemps que nous avons dépassé le plafond des 40 téléconsultations par an rémunérées 400 €. » En effet, la désertification médicale explique le succès de ce service dans ces deux officines. « A Limeil-Brévannes, nous sommes en zone noire, souligne Clément Kraiem. Les cinq médecins installés à proximité affichent tous complets et ne prennent plus de nouveaux patients. J’avais donc régulièrement des gens qui arrivaient à l’officine avec des angines ou des enfants fiévreux. Ne pouvant rien faire pour eux, je les envoyais aux urgences. Avec la téléconsultation, j’ai maintenant une solution pour les soigner immédiatement. »

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C’EST le prix à payer.

Lorsqu’on leur demande si les contraintes réglementaires imposées par l’avenant n° 6 de la convention nationale pharmaceutique ne freinent pas le développement des usages, la réponse est non. « Un habitant sur trois à Saint-Dizier n’a plus de médecin traitant, souligne Sophie Doreau. La plupart des patients qui sont venus téléconsulter à l’officine ont donc été considérés comme une urgence, et remboursés par la Sécurité sociale dans le cadre des exemptions prévues dans l’avenant n° 6. » Chez Clément Kraiem, les téléconsultations ne sont pas remboursées puisqu’elles sont gratuites pour les patients, ou presque… « C’est BewellConnect qui rémunère les médecins à travers l’abonnement de 900 € que je paie chaque mois. Les patients doivent simplement régler de leur poche 7 € à l’officine en rémunération du temps de préparation de la salle. La plupart acceptent sans rechigner, car ils n’ont pas d’autres alternatives pour accéder rapidement à un médecin », conclut le titulaire.

ON EN PARLE

E-SANTÉ

Les transformations à venir

Dans un rapport commandé par Allianz Care, et rédigé par le futurologue Ray Hammond, la santé numérique figure, avec la médecine personnalisée, la thérapie cellulaire, la médecine à l’échelle nanométrique, et la thérapie génique parmi les cinq grandes transformations appelées à bouleverser les systèmes de santé d’ici à 2040. Les patients porteront alors des capteurs sur leur corps, dans leurs vêtements, ou dans leur sang. Ceux-ci transmettront en temps réel les données aux médecins qui seront prévenus dès qu’un changement dans les données implique une intervention urgente. Un nouveau champ fera aussi son apparition : la fouille de données médicales prédictives. Celle-ci permettra d’identifier de manière précoce des problèmes physiologiques à venir ou des informations sur des maladies en cours d’évolution. Y.R

CERTIFICATION

signe des temps, google peut désormais héberger et opérer des données personnelles de santé en france. google Cloud a obtenu la certification (Hds). Celle-ci porte sur les six domaines d’application audités par l’asip : la mise à disposition et le maintien de l’infrastructure, des systèmes d’information, leur administration et exploitation, l’hébergement d’applications, la virtualisation et la sauvegarde des données de santé. Y.R

60 000 TÉLÉCONSULTATIONS ONT ÉTÉ REMBOURSÉES PAR L’ASSURANCE MALADIE EN UN AN. ON EST DONC TRÈS LOIN DES 500 000 ESPÉRÉES PAR LE GOUVERNEMENT À LA FIN DU PREMIER EXERCICE. Y.R

L’OBJET DU MOIS

En juillet dernier, Withings a lancé son tout nouveau tensiomètre connecté, le BPM Core, qui cache en réalité trois dispositifs en un. Il abrite un tensiomètre qui, pour faciliter l’interprétation des mesures, affiche les résultats avec un code couleurs basé sur les recommandations de la Société Européenne d’Hypertension. Un stéthoscope électronique détecte les fréquences des battements du cœur, un algorithme d’intelligence artificielle se chargeant, lui, d’analyser les fréquences pour détecter d’éventuels souffles au cœur. Le BPM Core comprend enfin un électrocardiogramme pour détecter les signes de fibrillation auriculaire. Il se synchronise automatiquement avec l’application Withings Health Mate disponible gratuitement en téléchargement sur l’Apple Store et le Google Play. PVC : 249,95 €. Y.R

TÉLÉCONSULTATION

L’arrêté d’approbation de l’avenant 15 sur la téléconsultation est paru le 6 septembre dernier. Ce texte permet au pharmacien d’aider le patient à réaliser une téléconsultation au sein de son officine télémédecine grâce à des cabines individualisées, d’être rémunérés 200 € (pour les 20 premiers rendez-vous. Et d’être dédommagé pour l’investissement. F.C