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Service : les ambitions croissantes de La Poste sur la santé
Alors que la distribution de courrier traditionnel ne représente plus que 20 % de son chiffre d’affaires (CA), le Groupe La Poste s’est diversifié dans d’autres services, comme la santé à domicile et l’e-santé. Delphine Mallet, directrice Silver économie et santé à La Poste, explique comment cette entreprise à mission de service public veut faire émerger le rôle du facteur, acteur de proximité déjà au contact des plus fragiles, dans la prévention en santé publique.
Quelles sont les ambitions du groupe La Poste sur la santé ?
D.M. En tant qu’entreprise à mission, nous essayons de jouer un rôle sur des thématiques de santé publique, dans un registre qui n’est pas commercial. La Poste doit être un allié des politiques de santé publique et de prévention. Cette année, nous participons notamment à la semaine de lutte contre la dénutrition, un sujet peu connu et auquel nous sommes confrontés à travers les contacts que nous entretenons avec les personnes âgées. Dans le domaine de la santé à domicile, notre principale ambition est de faire émerger – modestement car nous ne sommes qu’un maillon de la chaîne – le rôle possible du facteur dans le système de santé de demain, puisqu’il y a un enjeu majeur autour de la prévention (perte d’autonomie, dépistage des cancers…). S’ils ne sont pas des acteurs du soin, les facteurs sont des acteurs de la proximité, au contact d’une population qui fréquente moins les systèmes de soins. Ils peuvent collecter des informations et les transmettre aux soignants ou aux professionnels de l’action sociale.
Quels services de santé à domicile avez-vous déjà développés avec des pharmaciens ?
D.M. L’application « Mes médicaments chez moi » répond aux besoins de patients chroniques ou à certains profils de patients sortis de l’hôpital. Nous proposons aux officines qui le souhaitent de déléguer la livraison à La Poste via les facteurs, ou notre filiale Stuart, en fonction des zones éligibles. Aujourd’hui, nous comptons environ 1 000 pharmacies connectées à ce service. Il faut rassurer sur le fait que le protocole de livraison à domicile permet la dispensation à domicile dans de bonnes conditions, en mettant le pharmacien systématiquement en relation avec le patient qui le demande. Il peut aussi utiliser l’outil pour organiser ses propres livraisons. Face à Amazon, nous voulons aider le pharmacien à passer le cap de la relation digitale avec le patient (RDV en ligne…).
Quelles sont les conditions pour les pharmaciens ?
D.M. Aujourd’hui, la seule chose payante c’est la livraison des médicaments pour le particulier lorsqu’elle est effectuée par La Poste. L’accès à l’outil informatique est gratuit en 2022. A terme, certains services plus premium pourraient être facturés. Nous souhaitons développer ce service auprès des officines, notamment à travers le nouvel espace de l’Assurance maladie Mon espace santé. Notre application « Mes médicaments chez moi » sera ainsi présente sur le store. Notre deuxième enjeu est de faire connaître nos services et tous leurs usages possibles au plus grand nombre de Français. Pour transformer ce projet en un vrai succès collectif, nous entrons dans la bataille de l’usage. C’est une préoccupation de l’ensemble des acteurs de l’e-santé.
Quels nouveaux territoires de la santé La Poste pourrait-elle conquérir ?
D.M. Par exemple, l’inclusion numérique ou la diffusion de messages de prévention via nos facteurs. Comment augmenter la détection de besoins ou de fragilité des populations pour nourrir l’action des professionnels des territoires ? En intégrant des équipes de non-soignants qui sont déjà au contact de publics fragiles.
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