« La télédermatologie est un service indispensable »
Depuis mars 2018, la pharmacie du Val de Joux, à Saint-Bonnet-de-Joux (Saône-et-Loire), propose un service de téléexpertise en dermatologie. Fin juin, Clémentine Thomachot, adjointe, avait déjà accueilli une cinquantaine de patients.
La population de notre territoire a un accès difficile aux spécialistes en matière de délais et de distances. Il faut en moyenne attendre six mois pour obtenir un rendez-vous avec un dermatologue et parcourir au moins 40 km pour une consultation. C’est Josiane Corneloup, notre titulaire, qui a eu l’idée de proposer ce service préventif de télémédecine. Nous avons rencontré l’ARS de Bourgogne-Franche-Comté à l’automne 2017 pour expliquer le projet. Au départ, elle était réticente, mais nous l’avons convaincue en expliquant que nous avions des patients qui n’allaient pas chez le médecin mais qui nous parlaient au comptoir. Nous pouvions donc fonctionner en binôme avec le médecin traitant. Fin 2017, nous avons obtenu l’autorisation de l’ARS pour mettre en place la téléexpertise.
Il ne s’agit pas d’une téléconsultation, car les patients ne sont pas en contact avec le spécialiste. Dans 75 % des cas, ils nous sont adressés par le médecin généraliste, et dans un cas sur quatre, c’est le pharmacien qui propose le service. Nous recevons le patient dans l’espace de confidentialité de l’officine où nous réalisons des clichés des lésions de la peau avec un appareil reflex ou un dermatoscope. Nous les envoyons ensuite au dermatologue qui a accepté de travailler avec nous, via une plateforme de télémédecine et une connexion internet sécurisée. Une notification lui indique que le dossier est en attente, il examine les clichés et rend un avis dans l’heure qui suit : il préconise un traitement ou oriente le patient vers un dermatologue ou un autre spécialiste. En revanche, il n’établit pas d’ordonnance. Sa recommandation est transmise au généraliste qui rédigera la prescription. Entre mars et juin, nous avons reçu une cinquantaine de patients de tous les âges. Le plus jeune avait quelques mois et le plus âgé 96 ans ! Les demandes concernent les plaies, lésions, éruptions cutanées, grains de beauté, zona, eczéma, etc. La téléexpertise a aussi permis de détecter des lésions précancéreuses. Les patients ont pu ainsi obtenir un rendez-vous avec un spécialiste en moins de trois mois.
L’ARS nous verse un dédommagement de 2 500 € par an. Elle a aussi financé l’équipement et l’installation de la connexion sécurisée, indispensable car nous transmettons des données de santé. En revanche, nous réglons l’abonnement. La téléexpertise est chronophage, nous passons en effet de 20 à 30 minutes par patient. Ce n’est pas rémunérateur, mais nous leur rendons un réel service et nous redevenons à leurs yeux de vrais professionnels de santé avec un rôle de conseil, d’orientation et d’accompagnement.
BIO EXPRESSJuin 2014 : diplôme de docteur en pharmacie à l’université de Lyon 1 (Rhône)
Septembre 2014 : adjointe à la pharmacie du Val de Joux
2016 : MBA management et marketing à Strasbourg (Bas-Rhin)
juin 2017 : DU d’orthopédie
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