« J’ai créé un compagnon virtuel pour aider les malades »

Mon intérêt pour la e-santé n’est pas nouveau : pendant mes quatre années d’internat, à l’hôpital, je concevais déjà des applis mobiles en santé à destination des patients et professionnels de santé, validées par des publications scientifiques rédigées par mes chefs de service. J’ai ensuite consacré ma thèse aux possibilités du numérique pour aider les patients atteints de cancer. Dans la foulée, j’ai été recruté par le spécialiste des objets connectés en santé Withings où je me suis occupé aussi bien de R&D que de marketing et de développement de produit.

Il y a deux ans, j’ai quitté la société pour lancer Wefight. Mon ambition était de développer une intelligence artificielle qui puisse répondre aux problématiques rencontrées par les patients chroniques en ambulatoire : accès à l’information, adhésion au traitement, lien patient/médecin… J’ai choisi, pour commencer, de cibler le cancer du sein car c’est une pathologie qui touche des femmes relativement jeunes et donc enclines à utiliser des outils numériques. De plus, grâce à des améliorations thérapeutiques notables, cette maladie se chronicise, avec à la clé une montée en puissance des traitements par voie orale à prendre au domicile. Il y a donc là un véritable besoin d’accompagnement des patients, d’où l’utilité d’un compagnon virtuel qu’il est possible d’interroger à tout moment. Baptisé Vik, celui-ci a été codéveloppé avec l’association de patients Mon Réseau Cancer du Sein (MCRS) : c’est à partir des besoins exprimés par les patientes que nous avons créé une base de réponses validées par des professionnels de santé en se basant sur les recommandations nationales. Cette intelligence artificielle est couplée à un algorithme de compréhension du langage capable de reconnaître l’intention des questions posées, le tout en respectant la vie privée des utilisateurs. L’outil peut ainsi prendre en charge les questions simples et récurrentes des patients tout en dégageant du temps médical pour la gestion des situations complexes. Les professionnels de santé disposent également d’un tableau de bord pour « monitorer » leurs patients et ont accès à des informations sur l’observance de ces derniers ou encore sur les effets secondaires qu’ils rencontrent. Aujourd’hui, Vik est disponible au format application mobile sur iPhone ou Android en tapant « Vik cancer » ou sur l’application de messagerie instantanée Messenger en tapant « bonjourvik ». Depuis son lancement en octobre 2017, Vik totalise plus de 3 000 utilisateurs, dont 70 % de malades et 30 % de proches. Que les pharmaciens n’hésitent pas à proposer notre solution de suivi à leurs patientes ! Nous avons d’ailleurs pour objectif d’élargir le champ d’action de Vik à toutes les pathologies chroniques et en particulier aux maladies neurologiques. En effet, tout en étant implantés à Montpellier, nous sommes hébergés à Paris dans l’incubateur de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière à la Pitié-Salpêtrière, ainsi qu’à Station F, et disposons ainsi d’une solide caution universitaire. A ce sujet, notre directeur médical, médecin oncologue, mène actuellement une étude de validation des bénéfices apportés par Vik aux patients.

2017 : lancement de Wefight.
2013-2014 : thèse de docteur en pharmacie et mémoire de diplôme d’études spécialisées de pharmacie, option pharmacie hospitalière.
2011-2012 : diplôme universitaire « Education thérapeutique et prise en charge du patient » à Paris-XI.
2004-2009 : lauréat de la faculté de pharmacie de Montpellier (Hérault).