DIGITALISATION : LE RENDEZ-VOUS N’EST PAS MANQUÉ

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Publié le 25 juin 2022
Par Yves Rivoal
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Modules de prise de rendez-vous, téléconsultation, logiciel d’aide aux entretiens pharmaceutiques… Les groupements fournissent désormais toute une batterie d’outils digitaux pour aider leurs adhérents à optimiser la gestion des services santé proposés au patient. Les titulaires témoignent de leur réelle utilité dans leur quotidien à l’officine.

C’est bien simple, je ne pourrais plus m’en passer. » Titulaire de la pharmacie de la Croix Bleue à Paris (16e arrondissement), Franck Aouizerat et son équipe utilisent assidûment le module de prise de rendez-vous mis à leur disposition par le groupement iPharm, à travers un partenariat avec le prestataire meSoigner.fr. « Nous nous en servons tous les jours pour planifier au comptoir nos rendez-vous de vaccination et les entretiens pharmaceutiques », assure ce pharmacien qui a choisi la plateforme Doctolib pour gérer les 200 tests antigéniques réalisés par son équipe au plus fort de la pandémie du Covid-19. Titulaire de la pharmacie qui porte son nom dans le 18e arrondissement à Paris, Sandra Rubinstein passe, elle, par la plateforme digitale Well & Well cONnect de son groupement pour accéder, depuis tous les postes, au logiciel de gestion de ses rendez-vous de vaccination. « Grâce à cet outil, nous concentrons les plages, en général le mercredi et le vendredi matin, en fonction de l’effectif présent et du nombre de flacons à notre disposition. Il permet même aux patients d’annuler ou de modifier leur rendez-vous à distance. » Franck Aouizerat mesure le chemin parcouru grâce à ces outils digitaux. « Ils nous ont permis d’inscrire dans la tête des patients qu’ils pouvaient désormais prendre rendez-vous avec leur pharmacien, note le titulaire. Ils vont aussi nous permettre de mieux nous organiser, dans un contexte où il reste très compliqué de recruter. »

Des entretiens plus qualitatifs

A la Grande Pharmacie de la Gare à Annonay (Ardèche), Matthieu Picard et Romain Sollier, les deux cotitulaires, ont aussi ajouté en favori sur tous les postes l’outil Bimedoc, mis à leur disposition il y a un an et demi par le groupement Hello Pharmacie. Leur équipe l’utilise en effet de manière intensive pour planifier les rendez-vous vaccination et les tests antigéniques. « Nous nous appuyons aussi sur Bimedoc pour réaliser les entretiens pharmaceutiques et les bilans partagés de médication, ajoute Romain Sollier. A chaque étape, le logiciel nous accompagne dans le recueil des informations, l’analyse des traitements et nous fournit la marche à suivre pendant les entretiens conseil et de suivi d’observance. Nous disposons également d’un module qui analyse les prescriptions afin d’identifier d’éventuelles interactions médicamenteuses, des médicaments inappropriés ou des alternatives de forme galénique. » Pour ce pharmacien, la digitalisation des protocoles apporte plus de fluidité et de sécurité. « Elle nous aide finalement à réaliser des entretiens de qualité, pour aller vraiment au fond des choses », estime-t-il.

Titulaire de la pharmacie de la Plage à Moulins-lès-Metz (Moselle), Laurence Mélé utilise, elle, l’application Mapharma.net développée par son groupement Univers Pharmacie pour automatiser le renouvellement d’ordonnances. « C’est un service qui a beaucoup de succès auprès des patients, mais également auprès des aidants et des infirmières, assure la titulaire qui gère, avec ce programme, près de 400 patients chroniques. Après avoir donné son consentement, le patient reçoit automatiquement, quelques jours avant la date de renouvellement, un message lui indiquant que ses médicaments sont prêts et qu’il peut venir les chercher à la pharmacie. Il évite ainsi les risques de rupture le week-end ou les jours fériés. Il n’a pas non plus à repasser plusieurs fois à l’officine pour cause de manquants. » Une automatisation qui ne se fait pas au détriment de la qualité de la délivrance, assure la titulaire : « Lorsqu’ils viennent chercher leurs médicaments, nous réexpliquons tout au patient, en vérifiant la bonne observance du traitement. »

De la téléconsultation pour les urgences

La plupart des groupements proposent aujourd’hui des solutions de téléconsultation à leurs adhérents. Titulaire de la pharmacie Lafayette du Port à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône), Laurence Baux a acquis il y a deux ans une borne Tessan pour son local d’orthopédie, installée à proximité du comptoir. « Nous avons franchi le pas car, dix fois par jour, nous avions des patients au comptoir qui n’arrivaient pas à trouver de médecins, notre commune étant reconnue comme désert médical par l’agence régionale de santé. Et la situation va encore s’aggraver avec le départ à la retraite de prescripteurs », précise la titulaire. Même maux, même remède pour Michel Duboc, titulaire de la pharmacie du Sud-Est à Metz (Moselle). C’est le départ d’un des quatre médecins du cabinet médical situé à côté de son officine qui l’a incité à aménager dans son back-office une borne de téléconsultation Medadom, grâce à un partenariat signé avec son groupement EvoluPharm. « Nous réalisons entre quatre et cinq téléconsultations sans rendez-vous par semaine, essentiellement pour de l’urgence et des symptômes aigus comme les infections urinaires ou la gastro. Avec un temps d’attente qui ne dépasse pas dix minutes », confie Géraldine Lietz, la pharmacienne adjointe en charge de la téléconsultation au sein de l’équipe. L’officine de Laurence Baux en enregistre, elle, une trentaine par mois. Et les 5 € facturés aux patients pour la prestation ne constituent pas un frein. « Sans nous, ils savent qu’ils devront se déplacer sur Martigues pour aller aux urgences, et qu’ils devront payer l’essence, le parking et le forfait hospitalier, souligne la titulaire qui ne regrette pas son investissement, même si le service n’est pas encore rentable. J’ai le sentiment de rendre un réel service à des patients un peu perdus. En plus, cela donne une image dynamique à ma pharmacie qui a été la première à proposer ce service dans la ville. » Signe des temps, le centre mutualiste, qui manque lui aussi de médecins, lui envoie des patients lorsqu’il est débordé. Et le bouche-à-oreille commence aussi à fonctionner… A la pharmacie du Sud-Est, Géraldine Lietz a elle aussi le sentiment de rendre un vrai service à la population, sans détourner de patients du cabinet médical. « Tous nous disent que, s’il n’y avait pas eu la téléconsultation, ils auraient attendu beaucoup plus longtemps pour obtenir un rendez-vous chez le médecin et une ordonnance, note la pharmacienne adjointe. Et désormais, nous avons une alternative aux urgences à proposer à ceux qui ne savaient plus où aller pour se faire soigner. »

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