Temps de chien

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Publié le 4 juillet 2009
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2008 a été une année de rééquilibrage après la forte poussée de 2007. La demande en produits vétérinaires s’est plus ralentie en raison d’une météo capricieuse qu’à cause de la crise. Mais le marché peut compter sur la vague « verte ».

En 2008, le marché des animaux de compagnie s’est mis à boitiller après une année 2007 hors normes à +10,3 % ! Sur 12 mois en cumul mobile arrêté à août 2008 (panel Pharmatrend IMS Health), il régresse de 6,2 % en valeur, à 160 MEuro(s), et de 6,8 % en volume, à 11,5 millions d’unités vendues par rapport à la même période de 2007. Cette baisse correspond en fait à un rééquilibrage après une année particulièrement faste pour le secteur.

« Cette année un peu triste n’est pas imputable à la crise dont les effets commencent seulement à être perceptibles en 2009 », tient à préciser Dominique Even, directeur général de Véto-Santé. « Les tiques et puces ont manqué à l’appel, entraînant une diminution des ventes des antiparasitaires externes de 8,8 % ainsi que des produits de dermatologie directement liés en termes de ventes », indique de son côté Emmanuel Hess, chef de gamme Biocanina. Merial, leader du segment des antiparasitaires externes (APE) avec plus de 60 % des ventes grâce à Frontline, a d’ailleurs été touché de plein fouet, enregistrant une baisse supérieure à celle du marché (- 15 % en unités). Les APE (68 MEuro(s), 3,5 millions d’unités) restent tout de même le segment phare de ce marché pour animaux de compagnie (40 % de parts de marché).

Les vermifuges (21,25 MEuro(s), 2,35 millions d’unités, 13 % de parts de marché) accusent eux aussi une baisse significative (- 7,7 %). Suivent ensuite les contraceptifs/antilaiteux (8,3 MEuro(s)) et enfin les produits oeil-oreilles (6,3 MEuro(s), 768 000 unités).

Très peu de lancements en 2008

Dans ce contexte de ralentissement, Omega Pharma (Clément-Thékan) consolide sa place de leader, devant Véto-Centre (Biocanina) et Merial. L’année 2008 n’a pas été égayée par les lancements. « 2008 a été une année de transition pour Biocanina et de consolidation des nouveautés lancées en 2007 », précise Emmanuel Hess. Otostan, gouttes auriculaires contre la gale auriculaire lancée en 2008, profite de la disparition d’Aurikan (Clément-Thékan) et de son non-remplacement (230 000 unités vendues). Ascatryl Trio, vermifuge polyvalent pour chien, dépasse les 460 000 unités vendues (+ 70 %) et Arthroplus, comprimés pour lutter contre les douleurs articulaires des chiens, démontre que le marché du troisième âge a de l’avenir (172 000 unités vendues, + 290 %).

Par ailleurs, Clément-Thékan a investi un segment porteur en lançant une gamme agissant sur le comportement (Doggytude et Catitude) et une autre sur la constipation (Laxidéal). Merial a lui capitalisé sur la notoriété de Frontline. « En 2008, nous avons initié un cycle de formations avec des cas de comptoir ainsi que des conseils dans la mise en avant du rayon vétérinaire dans neuf villes de France, précise Pierre-Yves Trochu, directeur marketing chez Merial. Nous l’avons reconduit en 2009 dans 18 autres villes. »

Mais l’optimisme reste de mise. « Le marché ne peut que progresser du fait de la médicalisation croissante des animaux de compagnie », affirme Dominique Even. Et Emmanuel Hess d’ajouter : « La société « anthropomorphise » de plus en plus l’animal de compagnie, il devient un membre à part entière du foyer et, en conséquence, est traité comme tel. C’est pour cela que l’on assiste de plus en plus au développement de gammes light dans le petfood, de gammes naturelles pour les shampooings, des APE au géraniol ou même de la phytothérapie. »

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La nutraceutique arrive à l’officine

Ainsi, le marché du petfood a progressé de plus de 11 % en 2008 (source AIEMV). La diététique animale, encore confidentielle, connaît aussi un fort développement ( +15 %, source Véto-Santé). Un filon que très peu de pharmaciens exploitent. Les produits nutraceutiques sans AMM pour chiens et chats commencent pourtant à percer en officine. De même que les produits destinés à corriger des carences et à améliorer la motricité des animaux, les gammes diététiques répondant à des besoins particuliers (croissance du jeune, âge élevé, chien sportif…) ou encore le segment des aliments destinés à compenser les effets de maladies entraînant des troubles métaboliques (animaux cardiaques, diabétiques…). « Ces différentes offres fidélisent les propriétaires d’animaux à un circuit de distribution parce qu’elles permettent de répondre à l’ensemble de leurs attentes », explique Dominique Even.

Le marché des seniors fait également des appels du pied à l’officine. « Du fait d’une meilleure attention des maîtres, on assiste à une augmentation de l’espérance de vie des animaux de compagnie (de 3 années en 15 ans) et donc à l’apparition de maladies liées à la sénescence », constate Emmanuel Hess. De nos jours, 60 % des chiens atteignent ou dépassent l’âge de 12 ans. Il y a encore peu de produits de gériatrie sans AMM mais les attentes du marché sont fortes : en 2008, ce segment a progressé de près de 6 %.

Le bio n’est plus un marché de niche

La vague « verte » déferle également sur la santé animale. « 25 % des Français ont recours régulièrement aux méthodes naturelles, rapporte Emmanuel Hess, d’après un sondage IFOP/Médecine douce. En proposant des remèdes actifs non iatrogènes, originaux et sans équivalent avec les techniques conventionnelles, le pharmacien va au-devant des désirs du maître. »

De même, les produits naturellement respectueux de l’environnement, non chimiques, sans AMM, donc moins coûteux en développement, sont dans l’air du temps. « La disparition des produits toxiques pour l’environnement est une tendance de fond suite à la mise en place de la directive Biocide qui impose d’avoir des médicaments d’une parfaite innocuité et écocompatibles », complète Dominique Even.

En janvier, Véto-Santé a d’ailleurs sorti sa propre gamme verte d’insectifuges d’origine naturelle (Prosectine) à base de géraniol, le seul principe actif agréé par la directive Biocide à ce jour.

– 6,2 %

Sur 12 mois en cumul mobile arrêté à août 2008, les ventes de produits vétérinaires pour animaux de compagnie pesaient 160 millions d’euros (- 6,2 % par rapport à la même période de 2007), correspondant à 11,5 millions d’unités vendues (- 6,8 %).

La concurrence

Gare à la grande distribution !

Les grandes surfaces alimentaires (Cora, Carrefour…) qui disposent d’un rayon tiques et puces démontrent un intérêt grandissant pour les produits vétérinaires. Les animaleries restent bien campées sur leurs positions. « Elles ont procédé à un écrémage important du nombre de leurs références et accueillent maintenant des grandes marques telles que Frontline, Advantix, Pulvex… », rapporte Dominique Even. Entre vétérinaires et pharmaciens, le statu quo est de rigueur. « Il n’y a pas de prises de parts de marché de l’un sur l’autre », précise le directeur général de Véto-Santé.

Exemple d’organisation du rayon

LES PRODUITS CONCERNÉS

Produits pour chiens et chats en priorité. Une gamme complète et des gammes spécifiques techniques.

LES SPÉCIFICITÉS À PRENDRE EN COMPTE

Marché en croissance.

Développement des gammes techniques spécifiques pour les antiparasitaires.

Marché de l’alimentation spécifique en croissance.

OÙ IMPLANTER LE RAYON

Zone arrière des comptoirs (produits avec AMM).

LES VARIATIONS DE LA DEMANDE SAISONNIÈRE À PRENDRE EN COMPTE

Des animations de conseil ou promotionnelles pourront être mises en place en début de saison des antiparasitaires.

CONSEILS POUR OPTIMISER L’IMPLANTATION

Réserver au minimum une étagère par marque.

Utiliser les supports pour maintenir les boîtes peu profondes à la verticale.

Joëlle Hermouet – Formaplus